Parmi les choses qui vous captivent dans la vie, ou même en matière de téléphagie, les telenovelas russes sont probablement assez bas dans la liste. C'est peut-être la raison pour laquelle vous n'aviez pas forcément mémorisé le post dans lequel je vous parlais d'Obroutchalnoie Kolcho, une série d'une exceptionnelle longévité qui s'est achevée le mois dernier.
D'accord, Obroutchalnoie Kolcho n'est pas nécessairement la série que vous allez vous acharner à trouver sur internet (dommage, en streaming c'est relativement facile ; oh bon, d'accord, sans sous-titres, vous espériez que j'allais vous dire quoi ?!) mais je voulais attirer votre attention sur son générique, qui me semble bien fichu.
Laissez-moi reformuler : comparé aux quelques autres telenovelas de l'Est qu'on a pu évoquer dans ces colonnes, par exemple (pensez Majka, disons), le générique est plutôt réussi. Mon seul regret est de ne pas avoir trouvé une meilleure définition, mais bon. Hein.
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Je vous accorde d'entrée de jeu que la musique n'a rien de transcendant, c'est un peu cliché, ça fait un peu pop au rabais des années 90, n'y revenons pas, la chanson n'est pas l'objet de mon attention.
Mais j'avoue, pour le reste, aimer le concept, alors que l'héroïne Anastacia, dite Nastia, traverse la ville à la recherche de cette fameuse alliance qui semble sur le point de lui échapper dans la foule. La métaphore n'est pas nécessairement fine, mais on n'attend pas forcément d'un générique qu'il soit trop allusif, et en l'espèce ça fonctionne bien. Qui plus est, au cours de ce périple, Nastia va évidemment croiser plein de personnages de la série, auquel elle ne prête pas la moindre attention (osons le dire, elle est même prête à leur décalquer l'épaule sur le mobilier urbain) mais qui ont l'élégance de tous apparaitre en couleur, dans un monde triste, pluvieux, en noir et blanc. Admettez-le, l'idée est bien troussée.
En outre, ce qui joue pour le charme du générique d'Obroutchalnoie Kolcho, c'est sa longueur. Cela évite d'assister à un défilé brutal de 712 personnages en 15 secondes, comme pas mal de soaps américains font, et qui renvoie plutôt l'impression que les personnages sont interchangeables. Ici chacun est mis en situation, et je trouve que ça fonctionne d'autant mieux qu'on a le temps de lire leurs réactions.
Parce qu'une chose assez incroyable qu'accomplit ce générique, l'air de rien, c'est de ne chercher à aucun moment à mettre son héroïne en position de supériorité, et donc à ne pas nous pousser à l'adorer. Bien loin de la jolie princesse précieuse, Nastia est une bitchasse sans considération pour les autres, qui, lancée dans la poursuite de son maudit anneau, ne cherche même pas à avoir l'air désolée de bousculer tout le monde, même les vieilles dames. MEME LES VIEILLES DAMES ! Quelle pétasse. Et du coup la conclusion de ce générique est ouverte aux interprétations : Nastia finira-t-elle seule parce qu'elle ne se souciait que de cette bague au détriment du reste du monde ? La question se pose, et c'est intéressant que dans une telenovela supposée nous intéresser à son sort, on n'essaye pas, dans ce générique, de la rendre sympathique outre mesure. Evidemment ça ne remplace pas le portrait qui en est fait dans les épisodes, mais clairement, le point de vue du générique d'Obroutchalnoie Kolcho, dont la mission est quand même de nous mettre en situation au cas où on aurait roupillé pendant le dernier épisode, est ambigu. Ca valait bien de vous le faire découvrir !