Après la guerre économique que se mènent Airbus et Boeing dans le domaine de l'aéronautique, peut-être assisterons-nous bientôt à une guerre du même type entre Européens et Américains sur le terrain de la connaissance. Présentée en 2005 par le président Jacques Chirac, l'idée d'un moteur de recherche européen a atteint un cap important de son développement cette semaine lorsque la Commission européenne a donné son feu vert au lancement du programme de recherche Quaero ("Je cherche" en Latin). 300 personnes mobilisées sur 5 ans, 24 partenaires industriels et universitaires, 200 millions d'euros de budget (dont 99 millions de la France), voilà en quelques chiffres l'embryon du futur moteur de recherche européen.
S'il refuse l'étiquette de programme "anti-Google", Quaero se place tout de même très nettement comme concurrent direct du géant américain. En 2005, Jacques Chirac avait d'ailleurs présenté Quaero comme une réponse au succès de Google. Et pour cause, l'information, la diffusion de celle-ci et la création de connaissance sont aujourd'hui des questions majeures qui représentent de véritables enjeux de puissance à l'échelle mondiale. De plus, Quaero deviendrait un véritable symbole de l'émancipation de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis et marquerait une volonté de la part du Vieux Continent de reconquérir son rôle (perdu selon certains) de moteur culturel et intellectuel.
Comment l'Europe, qui s'était fixée en 2000 à Lisbonne l'objectif de devenir "l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde" à l'horizon 2010, pouvait-elle rester sur le bord de la route en terme de création et de diffusion de la connaissance sur Internet?
Le problème est que Quaero part de zéro tandis que Google ne cesse d'accroître sa mainmise sur le web. Quaero parviendra-t-il à rattraper son homologue américain et à devenir le premier moteur de recherche sur la toile? Difficile à dire aujourd'hui, mais si les Européens ne coopèrent pas plus efficacement sur Quaero qu'ils ne l'ont fait sur Galileo, Google ne risque pas d'être détrôné de si tôt.
Source: France24.com