L’amour l’été, c’est comme les vestes en cuir chez H&M : faux, faux et encore faux. Ne nous mentons pas, la plupart du temps les garçons rencontrés au détour d’une soirée tong de camping n’ont généralement de parfait que leur bronzage.
Et ne parlons pas de votre ex/futur Pablo, Roberto ou Kevin qui, soucieux de votre bonheur, ont remis votre couple à septembre : « Nous prenons pas la tête baby love! ».
Bref, l’été l’amour idyllique est rare pour nous, filles et femmes de France, et une fille sans amour c’est comme un pastis sans eau : dangereux.
C’est là qu’on apparaît, avec nos gros sabots et une sélection estivale de la semaine : les meilleurs romans d’amour.
L’amour avec un grand A, des papillons dans le ventre, et des étoiles dans les yeux : un truc bien sympa, qui vous permettra d’arborer un sourire pensif après avoir lu quelques chapitres de nos sélections quand votre summer love vous demandera avec élégance : » Tu veux une autre chippo ? »
On vous promets que vous réussirait à trouver ça romantique, et cela grâce à nous.
Voici donc, les quinze romans d’amour qu’on vous conseille cet été.
« Roméo: Quelle lumière jaillit par cette fenêtre? Voilà l’Orient, et Juliette est le soleil! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur, parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu’elle-même! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu’elle est jalouse de toi; sa livrée de vestale est maladive et blême, et les folles seules la portent: rejette-la!… Voilà ma dame! Oh! voilà mon amour! Oh! si elle pouvait le savoir!… Que dit-elle? Rien… Elle se tait… Mais non; son regard parle, et je veux lui répondre… Ce n’est pas à moi qu’elle s’adresse. »
Nous entendons déjà les puristes crier au scandale. Oui, WTFRU a tout à fait conscience que « Romeo et Juliette » est une pièce de théâtre et non pas un roman, mais gageons que cela n’a pas tant d’importance tant cette histoire s’impose comme le classique des classiques en matière d’amour.
« Manon Lescaut » – Abbé Prévost (1731)
»L’amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu’il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s’était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. »
Un ton, un rythme et une simplicité avec laquelle est raconté ce coup de foudre, et cet amour si complexe font de ce (vieux) roman bien plus qu’un simple pilier d’analyse pour tout les professeurs de français d’aujourd’hui.
« Me boudez-vous, vicomte ? ou bien êtes-vous mort ? ou, ce qui y ressemblerait beaucoup, ne vivez-vous plus que pour votre présidente ? Cette femme, qui vous a rendu les illusions de la jeunesse, vous en rendra bientôt aussi les ridicules préjugés. Déjà vous voilà timide et esclave ; autant vaudrait être amoureux. Vous renoncez à vos heureuses témérités. Vous voilà donc vous conduisant sans principes, et donnant tout au hasard, ou plutôt au caprice. Ne vous souvient-il plus que l’amour est, comme la médecine, seulement l’art d’aider à la nature ? »
Ce roman a un effet étrange sur bon nombres de gens. On l’a remarqué ici, malgré les dizaines et dizaines de lettres rassemblées sous forme d’un roman, et la longueur de certains textes, « Les liaisons dangereuses » a le pouvoir de se faire aimer de petits lecteurs, et est une source incessante de plaisir et d’émotion. Il est certain que vous ne resterez pas indifférents.
« Le Rouge et le Noir » – Stendhal (1830)
« Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d’entrée la figure d’un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord l’idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. »
Très longtemps, le potentiel sexy de Julien Sorel, héros de ce roman a été ignoré ou mal compris. Infidélité, manipulation, scrupules, trahison…Ce roman est loin de se classer dans la catégorie : histoire d’amour plan-plan.
C’est sûr qu’il est difficile d’imaginer tant de violence et de passion à la lecture du synopsis.
« Mes plus grandes souffrances dans ce monde ont été les souffrances de Heatcliff, je les ai toutes guettées et ressenties dès leurs origines. Ma grande raison de vivre, c’est lui. Si tout le reste périssait et que lui demeurât, je continuerais d’exister, mais si tout le reste demeurait et que lui fût anéanti, l’univers me deviendrait complètement étranger, je n’aurais plus l’air d’en faire partie. Mon amour pour Linton est comme le feuillage dans les bois : le temps le transformera, je le sais bien, comme l’hiver transforme les arbres. Mon amour Heatcliff ressemble aux rochers immuables qui sont en dessous : source de peu de joie apparente, mais nécessaire. »
Ce roman figurait déjà dans notre sélection des « classiques de l’été en poche », classique oui et surtout passionné. Lorsque l’on parle d’histoire d’amour, il est impossible de ne pas penser à Heathcliff et Catherine, les amoureux impossibles, qui aimeront par dessus tout se faire souffrir. On parie que vous verserez votre petite larme à la fin de certains chapitres.
« Jane Eyre » - Charlotte Brontë (1847)
« Etre sa femme, toujours à ses côtés, toujours contrainte, toujours tenue en echec, forcée de maintenir très bas le feu de ma nature, de l’obliger à brûler intérieurement sans pousser jamais un cri, dut la flamme empoisonner consumer mes forces vives l’une après l’autre, cela serait intolérable. »
Des fois, il y a des familles qui sont prédestinées à marquer les générations : les Brontë sont de ce type.
Charlotte Brontë et sa soeur, Emily, ont toutes deux publié ce qu’on considère souvent comme leur plus grand chefs d’oeuvre la même année. Moins connu ici qu’en Angleterre, où elle est considérait comme un des plus grands écrivains britanniques, Charlotte Brontë nous livre ici une histoire sensible, et passionnée.
C’est tellement génial que Michael Fassbender figure au casting d’une des adaptations de la BBC.
« C’était à Moscou au déclin d’une journée printanière particulièrement chaude. Deux citoyens firent leur apparition sur la promenade de l’étang du Patriarche. Le premier, vêtu d’un léger costume d’été gris clair, était de petite taille, replet, chauve, et le visage soigneusement rasé s’ornait d’une paire de lunettes de dimensions prodigieuses, à monture d’écaille noire. Quant à son chapeau, de qualité fort convenable, il le tenait froissé dans sa main comme un de ces beignets qu’on achète au coin des rues. »
Lire « Le Maître et Marguerite » c’est un beaucoup de chose à la fois. C’est d’abord lire un roman d’une construction précise et très orchestrée, compréhensible quand on réalise qu’il a fallut à M. Boulgakov plus de 10 ans pour le terminer. C’est aussi découvrir avec horreur et beauté l’enfer de la Russie Stalinienne. Mais c’est surtout se retrouver face à une des plus grandes histoires d’amour du XXème siècle, et de toutes les questions liées à cette histoire. Un chef d’oeuvre méconnu, et génial.
« Les palmiers sauvages » – William Faulkner (1939)
« On dit que l’amour entre deux êtres meurt. Ce n’est pas vrai, il ne meurt pas. Tout simplement, il vous quitte, il s’en va, si on n’est pas assez bon, si on n’est pas assez digne de lui. Il ne meurt pas, ce sont les gens qui meurent. C’est comme la mer. Son on n’est pas bon, si on commence à y sentir mauvais, elle vous dégueule et vous rejette quelque part pour mourir. On meurt, de toute façon, mais je préférerais disparaître noyée en mer plutôt que d’être rejetée sur quelque plage déserte pour m’y dessécher au soleil, y devenir une petite tache puante et anonyme avec juste un Cela a été en guise d’épitaphe. »
Les deux nouvelles qui composent le roman nous présente une histoire d’amour et de passion, à la Tristan et Iseult et des extraits comico-tragiques. Dans « Les palmiers sauvages », Faulkner, un des plus grands écrivains américains nous donne le clé du romantisme.
« Le soleil dépliait lentement ses rayons et les hasardait, avec précaution, dans des endroits qu’il ne pouvait atteindre directement, les recourbant à angles arrondis et onctueux, mais se heurtait à des choses très noires et les retirait très vite, d’un mouvement nerveux et précis de poulpe doré. Son immense carcasse brûlante se rapprocha peu à peu, puis se mit, immobile, à vaporiser les eaux continentales et les horloges sonnèrent trois coups. »
Boris Vian nous livre ici un roman d’amour inclassable, un roman culte, et une très grande histoire d’amour comme peu en écrivent. Colin, Chloé et son nénuphar risque de faire pleurer bon nombres de lecteurs et lectrices. Une adaptation avec Audrey Tautou, Charlotte Lebon, Omar Sy et tout et tout est à prévoir : n’attendez pas le film pour être fasciné par cette histoire.
« Bonjour tristesse » – Françoise Sagan (1954)
« Seulement quand je suis dans mon lit, à l’aube, avec le seul bruit des voitures dans Paris, ma mémoire parfois me trahit : l’été revient et tous ses souvenirs. Anne, Anne ! Je répète ce nom très bas et très longtemps dans le noir. Quelque chose monte alors en moi que j’accueille par son nom, les yeux fermés : Bonjour Tristesse. »
Ecrivain mythique, et qui, avec sa vie chaotique et ses nombreux excès aura marqué plusieurs générations. Pendant longtemps, les romans de François Sagan ont été introuvables, et ce n’est qu’après moult prises de têtes juridiques que les éditions Julliard ont finalement relancé la production : pourquoi résister ?
« Béate d’être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s’admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante, exceptionnelle, femme aimée, parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu’ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c’était cela, amoureux, et il lui murmurait qu’il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu’ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu’ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d’elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs, oui, tous les soirs ils se verraient. »
Solal, Antoine et Ariane, un trio qui se fera souffrir, s’aimera et se déchirera. Un roman puissant et pourtant très peu mis en avant au quotidien, comme si on souhaitait le garder pour des puristes. WTFRU vous le conseille chaudement.
« Les oiseaux se cachent pour mourir » – Colleen McCullough (1977)
« Les oiseaux se cachent pour mourir retrace l’histoire inoubliable du père Ralph et de Meggie Cleary. Dans la chaleur d’un domaine australien, leur passion connaît durant des années bien des tourments. Ralph est prêtre et a voué sa vie à l’Eglise. Mais le séduisant religieux tombe amoureux de la jeune Meggie. «
Ne vous trompez pas, la couverture à la Danielle Steel ne fait que dévaloriser ce roman d’amour bien loin des Arlequin, racontant une passion dans l’Outback Australien. C’est bien, c’est cool, et ça se savoure très bien au bord d’une piscine.
« Elle ne le regarde pas au visage. Elle ne le regarde pas. Elle le touche. Elle touche la douceur du sexe, de la peau, elle caresse la couleur dorée, l’inconnue nouveauté. Il gémit, il pleure. Il est dans un amour abominable. Et pleurant il le fait. D’abord il y a la douleur. Et puis après cette douleur est prise à son tour, elle est changée, lentement arrachée, emportée vers la jouissance, embrassée à elle. La mer, sans forme, simplement incomparable. »
« L’ Amant » est le roman autobiographique par excellence : mélange de fantasmes et de récit d’enfance, c’est aussi une synthèse des différents amours topiques. Une jeune femme, qui prend le bus pour aller au lycée tous les matins, rencontre un Indochinois promis à un brillant avenir. C’est chaud, chaud, chaud.
« L’insoutenable légèreté de l’être » – Milan Kundera (1984)
« Ce qui distingue l’autodidacte de celui qui a fait des études, ce n’est pas l’ampleur des connaissances, mais des degrés différents de vitalité et de confiance en soi. »
Tomas, le chirurgien, et Teresa, la jeune serveuse dont, prétendument la faute au hasard, il est tombé amoureux, habitent Prague, la capitale tchèque occupée par l’Armée rouge. Incapable de renvoyer Teresa et, en même temps, d’oublier ses maîtresses (dont l’experte Sabina), Tomas parie que Teresa, quoique malheureuse, sera fidèle! C’est amoureux, c’est beau et c’est surtout très « européen ». Milan Kundera est un auteur qui gagne à être connu, un classique parmi les classique.
Dans une petite ville des Caraïbes, Florentino, pauvre télégraphiste, tombe amoureux de Fermina, ravissante écolière issue de la bourgeoisie locale. Ces deux-là sont encore innocents, ils rêvent d’amour éternel et, pendant trois ans, s’échangent mots doux et promesses de mariage. C’est l’histoire d’amour que toute fille rêve d’avoir un jour, avec Javier Barden, de préférence.