«Les Bordelaises» ont l’art de mettre l’art en bouteilles pour Bordeaux fête le vin, du 28 juin au 1er juillet. Et c’est peu de le dire... Imaginez ainsi 23 bouteilles géantes (2,50 m pour les 14 Magnums et 4 m pour les 9 Jéroboams) et personnalisées
grâce au seul talent d’artistes français qui ont répondu à l’appel à projet lancé au début de l’année. Cette exposition originale, d’une taille XXL, sera présentée au grand public sur les quais avant de prendre ses quartiers au Jardin public jusqu’au 19 août. Elle sortie tout naturellement de li’magination de Stéphanie Verspyck, co-organisatrice du projet avec Valérie Becquelin Gleizes et Bordeaux Grands Événements, l’organisateur de Bordeaux fête le vin. «On trouvait déjà des temps forts à portée artistique, que ce soit les feux d’artifice ou les spectacles musicaux, mais l’objectif des ‘‘Bordelaises’’ était d’y associer également un événement d’art plastique. Et nous pensions que la bouteille dite bordelaise, dans sa forme et dans son esprit, s’y prêtait parfaitement.»
Derrière chaque bouteille, derrière chaque artiste qui sculpte, qui peint ou qui customise ces géants en fibre de verre, se cache un mécène, du monde du vin (Château Batailley par exemple) ou d’ailleurs, qui a déboursé 4 900€ HT pour un Magnum et 9 800€ HT pour un Jéréoboam. «Pour eux, c’est un moyen original de communiquer, glisse Stéphanie Verspyck. Il y a également une dimension caritative car une partie de ces sommes sera reversée au Pain de l’amitié.» Et puisque Hong-Kong est la ville invitée d’honneur de Bordeaux fête le vin, 17 autres œuvres chinoises, réalisées par l’artiste Éliu Tung Mui, prendront place à côté de leurs consœurs. Au total, 40 bouteilles seront ainsi exposées.
«Ça flashe bien !»
Après avoir participé à la Cow parade il y a deux ans (il a réalisé Cow Aquitable et Cow Construction), l’artiste graphic-designer résidant à Soulac-sur-Mer, Yann Muller, poursuit son œuvre, d’inspiration pop art, en habillant l’un des Jéroboams acheté par la société Lacoste Traiteur. «Elle avait déjà remarqué mon travail l’année dernière sur une précédente réalisation. Et apparemment, ses représentants ont été vraiment séduits par les trois propositions que j’ai faites.»
Dans ce triptyque autour du vin, c’est le projet «éclat» qui a été retenu par son mécène. «Le point de départ est un verre qui projette plusieurs éclats, des bulles, décrit l’artiste habitué à travailler sur des grands formats. J’ai utilisé du noir, du blanc, du fushia. Je trouve que ça flashe bien !» Si l’œuvre est laissé à la libre interprétation du public, Yann Muller a trituré son idée directrice, avant de «la laisser mûrir quelque temps, comme du bon vin». Au final, l’œuvre s’oriente vers la symbolique, l’esthétisme et l’émotion, un trio qui lui est cher. «Je suis épicurien, je voulais faire passer de nombreux sentiments : le plaisir -du vin notamment-, l’esprit festif et aussi un petit côté charnel. Mais je souhaite surtout que cette bouteille provoque l’œil». Une bien belle mise en bouche, n’est-ce pas ? •
Nicolas Bochereau