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Chantal Sébire suite

Publié le 20 mars 2008 par Boisset
h_9_ill_1025380_une.jpg Photo non datée de Chantal Sébire avant sa maladie.  










Chantal Sébire AFP/JEFF PACHOUD





La mort de Chantal Sébire laisse ouvert le débat sur la fin de vie et l'euthanasie © LE MONDE | 19.03.08
Une enquête judiciaire pour "recherche des causes de la mort" a été ouverte, mercredi 19 mars, par le parquet de Dijon, après la découverte du corps sans vie de Chantal Sébire, à son domicile, dans la soirée. Cette femme de 52 ans, atteinte d'une tumeur rare, avait réclamé une aide active à mourir, en pleine conscience, pour abréger ses souffrances. "Je me pose la question de savoir si l'on va faire ou non une autopsie", a temporisé le procureur de Dijon, Jean-Pierre Alacchi, après plusieurs jours d'intenses débats provoqués par la requête de Mme Sébire. Selon le procureur, "Mme Sébire était très entourée" par sa famille. C'est sa fille aînée "qui a découvert le corps", a précisé M. Alacchi. Mme Sébire s'est vu refuser, lundi 17 mars, par la justice, le droit de se faire prescrire un produit létal. Elle avait indiqué, il y a quelques jours : "Je sais maintenant me procurer ce dont j'ai besoin, et si je ne me le procure pas en France, je me le procurerai ailleurs." Quelques heures avant sa mort, son médecin traitant, le docteur Emmanuel Debost, a été reçu par Nicolas Sarkozy en présence du conseiller scientifique du président de la République, le professeur Arnold Munnich, et du professeur Daniel Brasnu, chef du service d'oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris. L'Elysée avait proposé qu'un nouvel avis soit donné sur le dossier de Mme Sébire "par un collège de professionnels de la santé du plus haut niveau". Ces spécialistes ne cachent pas leur très vif étonnement au vu de l'absence, durant six ans, de prise en charge médicale adaptée de la malade. Ils indiquent que la maladie dont souffrait Mme Sébire (un esthesioneuroblastome ou neuroblastome olfactif) ne peut être qualifiée d'incurable, notamment si elle est traitée de façon précoce. Les taux de survie sont de l'ordre de 70 % cinq ans après une intervention, quand les troubles sont pris en charge assez tôt, affirment ces experts. Lors de l'entretien qu'elle avait accordé au Monde, le 6 mars, Mme Sébire avait indiqué que le diagnostic de sa maladie avait été posé en 2002 par un chirurgien ORL de Lyon. "Il m'a expliqué l'intervention prévue, mais n'a pas réuni l'équipe adéquate, étant donné la complexité de ma maladie", a t-elle affirmé. Mme Sébire a ensuite consulté plusieurs spécialistes, à Paris dans trois hôpitaux, à Grenoble, Besançon puis Dijon. "Je n'ai pas accepté les interventions qu'on me proposait car le risque vital était engagé", a t-elle poursuivi. Le cas de Chantal Sébire, soutenu par l'Association pour le droit à mourir dans la dignité, a relancé le débat sur l'euthanasie en illustrant les limites de la loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie. Celle-ci ne permet pas de répondre aux personnes en situation d'incurabilité qui réclament le droit de mourir en toute conscience. Jean Leonetti, député UMP, a été chargé par le premier ministre, François Fillon, d'une mission d'évaluation de "la mise en œuvre concrète de la loi". Le député devra "faire des propositions, pour remédier à la méconnaissance ou la mauvaise application des textes et éventuellement à l'insuffisance de la législation", en vue d'un débat lors des révisions des lois de bioéthique prévues en 2009. De son côté, le groupe PS à l'Assemblée nationale a annoncé mercredi la constitution d'un groupe de travail, autour du député de l'Essonne Manuel Valls, pour déposer "dans les mois à venir", une proposition de réforme législative. "Le drame vécu par Chantal Sébire rappelle combien notre législation est impuissante à répondre à ces demandes poignantes de malades incurables de terminer leur vie dans la dignité", souligne le groupe PS, pour qui le législateur doit "réfléchir sans tabou au droit pour un malade incurable de choisir sa mort". Deux membres du gouvernement se sont déclarés favorables, mercredi, à la création d'une forme "d'exception d'euthanasie". Le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a ainsi plaidé pour qu'"une exception à la loi" soit créée. "Ce serait humain, nécessaire", a-t-il affirmé. De son côté, la nouvelle secrétaire d'Etat chargée de la famille, Nadine Morano, qui appartenait à la mission Leonetti, a rappelé qu'elle était favorable à l'euthanasie. "Nous savions, dans la mission, qu'il y aurait des cas pathologiques qui ne pouvaient pas entrer dans le cadre de la loi, a t-elle affirmé. Nous avions proposé la création d'une commission nationale d'exception d'euthanasie." Jean-Yves Nau et Cécile Prieur

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