« (…) il faut distinguer les préjugés et le racisme. Les préjugés entrent dans la construction des identités individuelles et collectives. Les groupes humains élaborent leur « nous » par opposition à « eux », les étrangers. Aussi longtemps qu’ils vivent en cercle fermé, ils ont tendance à se croire universels. Le contact avec les inconnus met en cause cette croyance et génère des récits justifiant le rejet des nouveaux venus. Le caractère général des préjugés n’empêche pas qu’ils évoluent et se transforment au cours du temps. Certains d’entre eux reculent ou disparaissent, mais ils sont remplacés par d’autres, mieux adaptés aux préoccupations du moment. La lutte contre l’intolérance est donc un combat qu’il faut sans cesse recommencer.
Le racisme, au sens précis du terme, c’est la politisation des préjugés. Il apparaît lorsque l’étranger (quel que soit le nom qu’on lui donne) est montré du doigt et désigné comme le responsable des malheurs du peuple, par ceux qui veulent conquérir ou conserver le pouvoir. »
Extrait du livre de Gérard Noiriel