Les Sauternes 2009 à l'Union des Grands Crus de Bordeaux

Par Daniel Sériot

Les  Sauternes 2009, à l’Union des Grands Crus, Bordeaux

Le millésime 2009 a produit des vins liquoreux de grande qualité, grâce à des botrytis fort bien aboutis. L’automne particulièrement ensoleillé en fin de journée, les matinées étant plutôt fraîches voire légèrement pluvieuses, ont permis une belle concentration des raisins, de façon homogène surtout, apportant à la pourriture noble des saveurs déjà confites et très pures.

Partant de là, les choix des élevages, des encépagements et des pratiques culturales contribuent aux variétés des expressions, toujours souhaitées les meilleures et les plus pures.

Les vin de Sauternes présentent généralement plus d’épaisseur et se profilent en bouche avec une certaine paresse. Les finales sont donc souvent soutenues, surtout si le milieu de bouche gagne en puissance.

Un cas d’école, La Tour Blanche


L’élevage masque très légèrement le fruit mais sans le dominer tout à fait puisqu’il se dévoile néanmoins, et il est à parier que les années désépaissiront le degré de boisage. En l’état, il est un support agréable. La bouche est agréable et fraîche, au parfum plutôt monolithique d’abricot, frais, pur. Le milieu de bouche n’est pas emporté et reste plutôt stable grâce à une acidité parfaitement maîtrisée, et le retour de la finale est plutôt court, suffisant sans doute.

Le Château Suduiraut


La fermentation en barrique et l’élevage en fûts neufs pour cinquante pour cent environ aboutissent à des vins très expressifs sur les notes grillées, mellifluentes, les fleurs séchées voire les herbes de Provence ou au parfum de garrigue.

Le fruit n’est donc pas dominant. Toutefois il marque son territoire en bouche pour apporter la consistance de son confit, quand il est agrume ou abricot. Les essences végétales ou minérales perçues à l’olfaction se muent en saveurs iodées, et rappellent assez bien la présence du botrytis.

La liqueur est souple en attaque, le maintien sirupeux pour une viscosité en finale qui permet la rémanence du fruit.

Dans le même esprit, le Château de Rayne Vigneau : un même pourcentage de barriques neuves et ainsi un fruit plutôt en retrait pour l’heure. Les notes d’élevage se convertissent en bouche par des notes épicées au moins dans la finale et par des goûts de caramel prononcés, et façonniers. Les agrumes se font progressivement découvrir par leur côté zeste confit. La finale s’engourdit par une acidité trop en retrait, et rendant le vin un peu chaleureux.

Le Château Guiraud mise sur moins de barriques neuves ( renouvellement annuel par tiers) et le résultat en est des plus séduisants : se caractérisant justement par ce choix d’élevage particulièrement soigné, il se signale par des effluves nettes et précises, gourmandes, de caramel beurré, de cire, et le fruit est frais. L’abricot se croquerait dans le verre.

La bouche est fraîche, mentholée, d’une réelle finesse, conjuguant des arômes épicés/sucrés de pâte sablée ou de baie comme la datte fraîche par exemple, de fruits frais comme l’abricot et le jus d’orange. La palette se veut complexe et le vin la porte avec force et puissance pour une finale très étirée et très savoureuse.

Le Château Bastor-Lamontagne est une bien agréable surprise : l’élevage (15% de bois neuf) apporte au vin des notes très douces d’épices et d’empyreumatique qui se combinent avec élégance avec un floral assez distinctif de ce Sauternes : tilleul, camomille…

La bouche est alerte et vive et les fruits qu’elle propose sont frais, et laissent de belles rémanences…

Très beau Bastor-Lamontagne pour ce 2009.

Le Château Lafaurie-Peyraguey présente dès l’olfaction une complexité aromatique saisissante : tout se mêle des arômes d’ananas cuits, de noisettes, de caramel doux, et d’épices.

La bouche est très fine, très fraîche en attaque et la liqueur est d’une réelle souplesse. L’acidité apporte au vin un beau tranchant pour le rendre longiligne, et savoureux jusqu’au bout d’une finale pleine d’abricots bien mûrs.

Fargues 2009 est sensationnel : l’olfaction est éminemment florale, mellifluente, épicée. Elle n’offre pas immédiatement le fruit en raison d’un élevage dont les parfums qu’il délivre sont subtils, élégants et raffinés.

La bouche est d’une grande pureté, d’une grande fraîcheur. La liqueur est très concentrée, et la force est suffisamment contenue pour présenter une bouche étirée, fuselée.

Les saveurs sont exotiques, et participent à la grande classe et à la distinction de ce vin. La mangue fraîche, la carambole, la datte fraîche font oublier l’abricot, pourtant bien là. Les fruits ne sont ni confits, ni cuits, mais idéalement préservés dans leur primeur. La finale rajoutent quelques touches éparses de notes florales.