MODE à ma taille ?

Publié le 20 juin 2012 par Gentlemanw

Salsa ce soir, les danses latines me transportent. Je deviens aérienne sur des talons de dix centimètres. Mes jambes emportent le mouvement, je zigzague, je chaloupe avec mon partenaire, un scandinave perdu dans Lyon depuis près de quinze ans. Nous nous sommes croisés à une fête de notre entreprise, mais chacun dans une filiale séparé. Un anniversaire ou un lancement d’un produit phare, et nos deux services marketing se sont retrouvés dans un endroit magnifique, avec cérémonie, discours, vidéo et petits-fours, et en fin de journée buffet et danse. Il a osé venir vers moi avec ce sourire timide. Mais nous avions un point commun, notre taille.

Je suis une grande femme, avec mes 1,85m, je domine d’une tête la majorité de mes collègues, de mes amies et de mes proches. Un hasard de la nature dans une famille assez grande mais juste un peu supérieure à la moyenne.


J’ai grandi vite, tôt, en décalage entre mon âge, ma classe, mon corps, mes repères et surtout mon entourage. Une tête de plus que mes copines, deux têtes de plus que les petits copains au collège, j’étais la grande perche, la croqueuse de nuages pour les plus gentils, et la basketteuse par défaut. Je n’ai jamais pratiqué ce sport, préférant le judo mais en étant obligé de combattre contre des hommes pour des références de poids  et de taille.

Un monde merveilleux me direz-vous ! oui vu du haut, mais totalement inadapté à ma vie de jeune fille, de jeune femme, voire de femme. La mode s’arrête vite à certaines mesures, à certains standards, mais néglige les extrêmes. Rien, juste des belles tenues dans la vitrine, des petits hauts, des jupes courtes, carrément mini sur moi, des robes longues qui m'arrivent mi-mollet, un niveau entre prude et moche.


Je ne suis pas non plus hors normes, surtout dans les pays nordiques ou les pays-bas. Mais ici en France , je surprends. Durant mes voyages à Amsterdam, je me fonds dans le paysage local, devenant anonyme, passant entre des grands hommes, des grandes femmes, devenant même une femme moyenne J. J’aime ce pays pour tant d’autres choses, pour les musées, pour sa nature accessible en dehors des villes, pour les canaux, mais bien évidemment pour les magasins de chaussures, avec ma taille. Je peux trouver des bottes, mon plaisir personnel, avec ou sans talons, en cuir, en nubuck, en  résille bi-matière, ou comme récemment en plastique vernis couleur turquoise. Ici les ballerines sont à ma taille, je peux choisir un modèle aperçu dans une vitrine sans trop d’hésitation, et essayer mes escarpins sans avoir de refus circonstancier. Je craque encore sur des talons hauts, oui, je suis une femme, et j’adore allonger ma silhouette, étirer mes mollets.

Ainsi je virevolte dans ses bras, de ce collègue devenu complice de danse, car lui aussi souffrait de ne pouvoir trouver une femme à sa hauteur, du haut de ses presque deux mètres, simplement pour des pas de tango. A nos débuts je restais en petits talons voire en ballerines, mais le temps m’a fait chausser des talons hauts. J’ai aussi osé les bas, pour sublimer mes jambes, avec une couture au dos, sculptant nos envolées, nos arrondis et nos tourbillons. D’abord en collant, là encore, à chercher une marque qui veuille bien reconnaître ma taille, ma longueur, ma hauteur. Finalement j’ai opté pour un opaque cet hiver avec une couture rouge si sensuelle, de chez CERVIN. Puis des bas jarretières au printemps de chez WOLFORD, une marque qui possède des modèles si graphiques si adaptées à ma morphologie, et à ma mode. Récemment, pour une soirée dans notre club, j’ai craqué pour de véritables bas nylon, à couture, d’une douceur inégalable. Je me suis sentie encore plus femme, encore plus proche du ciel. La musique avait une autre dimension, un bonheur quasi absolu, une sensation de liberté unique. A près de deux mètres, j’évoluais dans des volutes enchantées.

Maintenant que j’ai trouvé ma taille, je vais garder ce plaisir divin des bas, car il grandit ma féminité. Une étincelle cachée sous la longue jupe, une dimension toute personnelle de volupté.

Nylonement