Gustave – Annette Lellouche

Publié le 20 juin 2012 par Noann

Auprès de Gustave, je vivais heureux… pourrait fredonner Pépé Charles en saluant au passage Monsieur Brassens et en s’agenouillant les yeux tournés vers le Ciel le remerciant de lui avoir permis d’emprunter un peu de sa prose…

Et Gustave à son tour le regarde, se courbe, agite son feuillage en guise de merci…

Car, vous l’aurez compris, le meilleur ami de Pépé Charles est un chêne. Majestueux, il brave les caprices du climat, s’habille d’un beau camaïeu de vert puis d’ocre. Pour Pépé Charles, il est le confident muet, le témoin de ses rêves, celui qui jamais ne le trahit mais veille sur lui chaque jour. Aussi, lorsqu’il vient lui parler, il guette le moindre frémissement de feuillage, le moindre crissement de branches comme une réponse à ses tourments ou à ses joies.

Charles est cordonnier, aime les chats, sa sœur Giulia et partage de longues conversations avec un petit garçon à qui il livre quelques secrets, quelques enseignements et sa vie de tous les jours coule inlassablement. Entre la disparition de Chaton, son fidèle compagnon, les allées et venues furtives d’un autre compagnon à moustache qu’il appela Miaou, il savoure une douce quiétude.

Mais il n’oubliera jamais ce jour où une jeune dame citadine est venue frapper à la porte de son atelier pour lui confier un soulier à réparer, un escarpin à talon aiguille que Charles compara immédiatement à un héron. Et Noëlle depuis qui a mis son cœur en émoi et a rempli de bonheur son âme un peu alanguie.

Très vite, le cours des choses se bouscule et Noëlle, alors fiancée à un homme jaloux, est rouée de coups parce que celui-ci apprend qu’elle a donné à Charles une chaussure à réparer… Charles la soutient, la réconforte, espérant peut-être qu’un jour… qui sait…

Tout arriva enfin… Ils se marièrent et patati et patata… mais les enfants tardèrent à venir et Noëlle s’ennuyait. Miaou occupait une place de plus en plus grande dans la vie de Noëlle et Charles acquiesça. Il sera le compagnon rêvé de ses enfants.
Alors vinrent Simonne puis Aurélien, dont je tairai le destin afin de vous inciter davantage encore à lire ce petit chef d’œuvre, ce concentré d’émotions qui, vous l’aurez compris, a recueilli tous mes suffrages.

Quant à Gustave bien enraciné dans sa terre natale et bien plus fort que n’aurait plus l’imaginer le fabulateur du Roi Soleil, il recueillera avec son silence attentif habituel les dernières péripéties du récit que Charles a voulu partager avec l’enfant.

Mais laissons à présent à Gustave témoin de chêne et à l’enfant témoin de chair le soin de vous révéler les conclusions de cette belle et émouvante histoire…

Un beau récit au parfum de garrigue ou d’encens qui s’adresse aux jeunes et aux moins jeunes qui ont gardé le sens de l’émerveillement… Je suis de ceux-là.

Gustave d’Annette Lellouche, A5 Editions

Date de parution : 15/04/2012