Hantée, Tome 1 : Les Ombres de la ville de Maureen JOHNSON

Publié le 20 juin 2012 par Melisende

Hantée, Tome 1 :
Les Ombres de la ville
de Maureen JOHNSON
(Challenge YA/Jeunesse - 35/24)
Michel Lafon,
2012, p. 428
Première Publication : 2011

Maureen Johnson est née en 1973 à Philadelphie.
Elle
est auteur de livres pour la jeunesse. Enfant, elle lisait sans
arrêt, comme beaucoup de lecteurs qui finissent par écrire.
Elle a étudié la dramaturgie et l'écriture romanesque à
l'université Columbia. Avant de pouvoir vivre de sa plume,
Maureen a pratiqué bon nombre de petits boulots de New
York à Londres en passant par Las Vegas. Aujourd'hui,
elle vit à New York avec son mari.
   Merci à Camille et Michel Lafon pour cette découverte...


Londres, un assassin hante les rues, réveillant la légende de Jack l’Éventreur. Malgré l'omniprésence des caméras, le tueur est indétectable.
Aurora, arrivée depuis peu sur son campus, se rend compte qu'elle est la seule capable d'apercevoir son ombre.
Accompagnée d'un mystérieux jeune homme, elle plonge au plus profond des brumes de la cité pour arrêter le meurtrier avant qu'il ne récidive. A moins que son don ne fasse d'elle la prochaine victime...

 
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e qui a attiré mon attention en découvrant Hantée, outre la couverture, c’est le prénom de l’auteure. Considération futile, j’en conviens, mais me voilà honnête. J’étais curieuse de lire un texte de cette romancière et le pitch tournant autour de Jack l’Eventreur me tentait.
Contrairement à beaucoup d’autres lectrices (lecteurs ?), ce premier tome est une déception pour moi (mauvais timing ?). Alors oui, la lecture n’est pas désagréable, mais je me suis ennuyée à plusieurs reprises, je n’ai jamais été surprise par les révélations, je ne me suis pas attachée plus que ça à l’héroïne et le lien à Jack l’Eventreur n’est qu’un prétexte pour appâter le client. La lecture n’a pas été horrible, mais à peine une semaine après, j’ai déjà du mal à en parler, preuve qu’elle ne m’a absolument pas marquée. Elle ne restera donc pas dans ma mémoire et je ne suis vraiment pas sûre de lire la suite un jour… dommage !
Alors, de quoi que ça cause ? D’une adolescente native de la Nouvelle-Orléans fraichement débarquée à Londres, dans une école privée située près du quartier fétiche de Jack l’Eventreur. Et, comble de malchance, cette année-là, un détraqué semble avoir décidé de reproduire les meurtres du célèbre serial killer, quasiment à l’identique. Les caméras - pourtant omniprésentes dans la ville - n’enregistrent rien mais Aurora - Rory - l’héroïne, semble voir le coupable, elle.
C’est moi ou le pourquoi et le comment de ce don (et par conséquent la nature du méchant) sont des évidences ? Je n’ai absolument pas été surprise par cette révélation que j’avais devinée à la lecture de la quatrième de couverture. La vraie identité du coupable a quant à elle été une surprise, c’est vrai ; mais une mauvaise. Et l’explication de son lien avec Jack l’Eventreur, une mauvaise blague. Ce qui m’intéressait le plus dans ce titre c’est cet aspect-là. J’attendais une utilisation intelligente de l’ancienne affaire, j’aurais aimé que Maureen Johnson se mouille un peu, y aille de sa petite théorie ; mais non. La référence à Jack l’Eventreur n’est qu’un prétexte pour donner plus de grandeur et d’intérêt à cette histoire. N’importe quel(s) meurtre(s) reproduit(s) aurai(en)t fait l’affaire. Mais une référence au célèbre Eventreur, tout de suite, ça fait mieux. Jusqu’au bout je me suis dit : « C’est bon, elle va utilise ce mythe à bon escient, c’est obligé ! »… mais non ! Ce n’est qu’un élément de décor. Là va ma plus grosse déception !
Quant à tout ce qui tourne autour du « don » de l’héroïne… c’est loin d’être original. Le pire a sans doute été la découverte de l’instrument qui sert à combattre le méchant (et les autres de son espèce) ;  je me serais cru dans un pseudo documentaire de bas-étage ou pire, dans Ghostbusters (la tenue kitsch en moins)… Maureen Johnson réutilise des choses déjà vues et revues… j’espère qu’elle creuse un peu et apporte ses propres théories dans le tome suivant.
Même s’il y a un peu de suspense, j’ai trouvé le rythme assez lent et je me suis malheureusement ennuyée plus d’une fois. A vrai dire, à part deux ou trois scènes lus marquantes que les autres (notamment dans la dernière partie), je n’ai quasiment aucun souvenir de ce qui se passe dans ce lycée et aux alentours (pas grand-chose, de toute façon…). On a donc le côté « enquête » qui reste mou du genou, et les habituelles histoires d’adolescents : machin craque pour bidule mais n’ose pas le montrer en public et truc est une vraie peste…
Si encore les figures avaient eu des personnalités un peu creusées - un peu de charisme quoi ! -, j’aurais peut-être retenu leurs faits et gestes mais entre Jazza la gentille colocataire et Jérôme l’amoureux potiche… Aurora-Rory est une héroïne médiocre à mon goût. On ne la déteste pas mais on ne s’attache pas à elle non plus (enfin, toujours en ce qui me concerne). Je l’ai suivie parce qu’il le fallait, sans grand intérêt et sans grande motivation. Stephen et Boo ont peut-être un peu plus de profondeur, mais ça reste très relatif…
L’histoire en elle-même ne m’a pas surprise, le rythme m’a semblé lent, les personnages ont le charisme de moules sur leur rocher… mais qu’est-ce qui m’a plu (ou plutôt, qu’est-ce qui ne m’a pas déplu) dans ce premier tome ? Et bien, ce n’est pas mal écrit et ça se lit bien (heureusement, sinon j’y serais sans doute encore !).
Maureen Johnson a opté pour l’utilisation du « je » (fréquent dans les livres jeunesse) qui, même s’il ne m’a pas donné lieu de m’attacher à l’héroïne, m’a permis de voir passer le temps plus vite. L’auteure fait également preuve d’un peu d’humour et d’ironie par l’intermédiaire de sa narratrice (même si, entre nous, pour une nouvelle timide et réservée, j’ai trouvé que Rory ne manquait pas d’aplomb !), ce qui amène un peu de fraîcheur dans le récit.
L’autre point fort de Hantée, c’est l’ambiance à la fois très british et également presqu’angoissante de ce Londres brumeux où un meurtrier sévit sans que personne (ou presque) ne puisse le voir et l’arrêter ! Les descriptions de Maureen Johnson sont plutôt bien menées et lorsqu’elle daigne nous offrir un peu d’action, je n’ai pas eu de mal à m’imaginer les scènes.
Petite mention spéciale au livre en tant qu’objet. J’ai en effet apprécié la mise en page et les fioritures entre les différents chapitres et parties. C’est joli et raffiné. Et je n’oublie pas la jolie carte placée au début de l’ouvrage, présentant l’emplacement des cinq victimes de Jack l’Eventreur.
Je suis un peu dure dans mon avis mais, même si la lecture n’a pas été un moment désagréable, sept jours après, avec du recul, j’ai l’impression que ces 400 pages ne contenaient que du vent ou du moins, des informations si peu percutantes que mon cerveau ne les a pas enregistrées. Ce n’était peut-être pas le bon timing pour cette lecture et c’est bien dommage.
Le pitch était tentant mais à mon goût, Maureen Johnson a fait une mauvaise utilisation du « mythe » de Jack l’Eventreur et est restée, de façon générale, bien trop en surface. Heureusement, le style, plutôt bon, aide à avancer et à arriver au bout !
"Pour un mois d'août, il faisait scandaleusement froid, et pourtant je ne voyais que des gens en shorts et manches courtes autour de moi. Je frissonnais dans mon jean et mon tee-shirt et maudissais mes tongs qu'un stupide site recommandait de porter pour les contrôles de sécurité. Il s'était bien gardé de mentionner que grâce à eux j'aurais les pieds gelés dans l'avion et en arrivant sur le sol anglais, où les autochtones ont une conception très différente du mot "été"."
"Je n'ai dit à personne que j'avais vu l'assassin. C'était dur de garder le secret. Je détenais le plus gros scoop de la planète, et pourtant je ne pouvais rien dire. Je demeurais le "seul témoin de l'affaire" et, d'un jour à l'autre, Scotland Yard allait me convoquer et me bombarder de questions pendant des heures. Alors tout le monde saurait qui j'étais. Je ferais la une de l'actualité."