Comment vous expliquer ? Justice, on savait plus trop quoi en penser. Ambassadeurs puis premières victimes de la mode électro/turbine délaissée pour un retour aux sources house vs techno, le placement musicalo-marketing de Gaspard et Xavier a été dur à trouver sur leur deuxième album. Car oui, les fans de l’époque Cross (voir avant, remixes pour Britney Spears etc…) ne jurent plus que par la deep-house et les néo-kids sont plus ambiancés par le pseudo dubstep dégueuli Skrillexien que par un revival électronique de Metallica. Alors, qu’a décidé de faire la poule aux oeufs d’or d’Ed Banger ? Un album qui divise, réorientation pop qui perturbe certains porteurs de perfecto mais qui enthousiasme la critique bobo/chaucho/lesinrockos. Nous mêmes, étions un peu perturbé (voir la chronique de Audio, Video, Disco). Trop de doutes, il fallait aller voir ce que tout ça donne sur scène.
Coup de chance, Justice nous propose du vrai live. On avait pas envie de les voir en festival ou en Dj Set, mais en concert spécialement consacré à leur propre travail : oui. Trois grosses dates françaises, 2 soirs de suite au Zenith de Paris et un rendez-vous provincial à Lyon dans la très belle salle Tony Garnier.
En apéritif on avait droit à DVNO et Breakbot, mais les bouteilles de plastiques 2/3 Whisky 1/3 coca n’étaient pas finies, on arrivera juste à temps pour le plat de résistance. Et l’on retrouve une salle immense, de 8 à 10 000 personnes présentes à vue d’œil alcoolisé, dont quand même 2/10 de majeurs. Sur scène, 18 amplis esthétiques Marshall (qui connait le montant de ce contrat de sponsoring ?) et une croix au centre. Du classique.
Et là c’est parti, on vous passe l’intro-maison désormais célébrissime (Genesis), pour retrouver un show qui ne fait pas de frontières entre morceaux du premier et du second album. Une alchimie étonnamment cohérente, tellement les deux LP n’ont rien à voir. Les morceaux plus pop que l’on peut trouver sur AVD sont parfaits pour récupérer de la turbine infernale made in Cross. Un show très pro, parfaitement rodé (trop ?), sans fausses notes, et où les yeux sont autant à la fête que les oreilles. Et quand on vous dit que c’est beau visuellement, on parle pas de la barbe de buveur de Phax de Gaspard. Plutôt de moment comme sur Stress ou les 18 amplis passent au rouge d’un coup.
Sauf qu’au bout d’une grosse heure le show s’arrête. Alors ok, on sait qu’il y aura un rappel mais sachant qu’il ne va pas durer une heure on a un peu peur que ce soit bientôt la fin. Et bien, on sera agréablement surpris vu que la deuxième partie du show est quasiment aussi longue que la première. Ce qui fait au total deux bonnes heures. Amplement suffisant si l’on en croit l’état de nos tshirts détrempés. Mention spéciale pour avoir joué live le remix de Soulwax, NY Excuse, meilleur moment ex-aequo avec la montée interminable avant le drop sur le morceau Audio, Video, Disco. On restera cependant moins touché par les essais de jouer au clavecin (ou piano, ou synthé, on sait pas trop) qui rappellent beaucoup trop Bob Rifo et le BBDC77…
On retiendra donc que Justice reste LA référence électro française, on a bien dit référence électro et non de la musique électronique hein… Nos goûts ont beau évoluer, c’est toujours un plaisir de revoir nos deux justiciers. Le concert nous aura même donné envie de réécouter AVD, et ça c’était pas gagné d’avance.
[Note : Cet article est complètement à la bourre, la claque reçue ce soir là a demandé un grand moment de réflexion interne. Ou plutôt une remise en condition physique et mentale. Ou en fait juste un peu de courage]