Berthe n'est plus. Armand avait "un peu" oublié sa grand-mère… Pharmacien, il travaille avec sa femme à Chatou.Dans un tiroir Armand cache ses accessoires de magie car il prépare en secret un tour pour l'anniversaire de la fille… de son amante Alix.Et mémé dans tout ça ? On l'enterre ou on l'incinère ?
"Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé" de Bruno Podalydès
Avec : Denis Podalydès, Valérie Lemercier, Isabelle Candelier Sortie Cinéma le 20/06/2012 Distribué par UGC Distribution Durée : 100 Minutes Genre : Comédie Film classé : -
Le film :
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Il y a tromperie sur la marchandise. A force de promos TV, radio…, et de bande-annonce qui déflorent le sujet, je m’attendais à une comédie hilarante, déjantée, bienfaisante. Hors je découvre un film, parfois drôle, il est vrai, mais surtout bouleversant, et d’une infinie tendresse.
Il aborde de nombreux sujets pas vraiment guillerets (la rupture, la solitude, l’abandon, les désillusions …) et les donne en pâture à une histoire triste comme la mort : celle d’une grand-mère totalement oubliée dans une maison de retraite inconnue, et qui le restera jusqu’à la fin de ses jours.
Voilà pour le canevas que les frères Podalydès ( co-scénaristes) brodent de manière très ambiguë , histoire de nous faire comprendre que l’on peut rire de tout à condition d’y mettre les formes. On les trouve dans une mise en scène qui se joue des apparences. D’une salle d’attente de funérarium digne d’un décor d’opéra contemporain à la maison de retraite, où les rêves d’autrefois ressurgissent comme par enchantement, Bruno Podalydès louvoie d’un personnage à l’autre avec une joie contenue, mais communicative.
L’attitude, plus que la gueule des croque-morts, est déjà en soi une valeur refuge d’une très bonne comédie, « à la française ». Et chaque rôle y participe, à l’exemple de Valérie Lemercier et Isabelle Candelier, la maîtresse et la femme légitime, pour lesquelles Armand, notre héros de pharmacien ne peut se décider.
Il est le nœud du problème, dans la surenchère de l’hésitation (inhumation ou crémation ?), acculé dans une incertitude chronique (« mais au fait, qui était-elle ? et comment est-elle morte ? ») qui lui interdit toute vérité première. A cet égard, la lecture des cartes postales de la grand-mère, alors qu’elle était jeune fille, est une scène de cinéma remarquable. Par cet artifice, Armand fait comprendre à sa maîtresse qu’ils ne vivront jamais ensemble.
On retiendra peut-être plus facilement la cérémonie de l’enterrement. J’y vois surtout le couronnement d’un rôle que Denis Podalydès, maltraite avec une jubilation très discrète. Une économie de moyens, quelques mimiques, presque naturelles. La marque des grands.
- Mais encore
« Adieu Berthe » signifiait à une époque que tout était perdu. Du style : « Sans mon portable, impossible d’appeler du secours et alors, adieu Berthe ! ». Mais des spécialistes estiment que cette expression vient du patois « adieu botte », qui mettait un terme brutal à une discussion.
Ce film est la huitième collaboration des frères Podalylès, et leur quatrième en tant que scénaristes, depuis Versailles rive gauche en 1992. Ils ont notamment officié ensemble sur Liberté-Oléron (2001) et Le Mystère de la chambre jaune (2003).
A noter que dans la scène d’enterrement Claire Denis, (35 Rhums) fait une apparition.
En bref
Le film
De la réalisation à l’interprétation, via le scénario, les frères Podalydès font discrètement œuvre d’émotions contenues, pour dire le sel de la vie, et comment y goûter. Avec des comédiens totalement en accord avec cette comédie hors du commun.