Tjuonajokk ! Quel drôle de nom ! Un son qui fend le silence lapon comme une épée de viking ! Après avoir pris un zinc jusqu’au nord de la Suède, je me retrouve balloté dans un hélicoptère, à monter et à descendre le long des collines, suivre les cours d’eaux, regarder galoper les rennes vus d’en haut et finalement suivre la Kaitum, majestueuse au milieu de rien, de la toundra, pour finalement me poser au milieu d’un campement de petites maisons en bois peintes en rouges comme le veut la tradition. A peine le pied posé à terre, voutés comme dans un film de militaires, pour soi-disant ne pas se faire trancher comme un saucisson, on est accueilli comme des membres de la famille qui reviendraient à la maison après une longue absence. S’en suit une visite guidée, le sauna, la source, le restaurant, les chiottes; la poubelle pour les eaux usées, celle pour les déchets, le petit magasin, les chambres, et pour finir, ce qui nous intéresse le plus, le port et les bateaux qui, comme des mobylettes nous permettront d’aller pêcher la Kaitum en long et en large ! Les guides et le personnel ont tous des noms de vedette de films d’Ingmar Bergman.Mais malgré ça, on est reçu aux petits oignons !
Nous voilà fonçant vers les rapides dans nos petits bateaux rouges, un peu engoncés dans nos gilets fluos, nous avons fière allure… Premiers rapides, nous voilà caracolants sur les rochers et là, image indescriptible et de toutes façons vous ne nous croiriez pas… des dizaines, des centaines de gobages… Des ombres comme jamais je n’en avait vu… Des ombres voraces qui se précipitent sur nos mouches sans crier « gare » ! ( tu penses, ils n’ont que 3 mois pour faire le plein de protéines…) Je suis obligé d’arrêter tellement j’ai mal au bras… il est vrai qu’au début j’ai pas mal cassé, les ombres, ici, c’est du costaud… La Kaitum qui sort directos du ventre d’un glacier à quelques dizaines de kilomètres de là et elle est putain de riche…tellement riche que parfois il est difficile de savoir où est votre mouche tellement il y a d’insectes sur l’eau. Attention, je ne dis pas que c’est facile… Ces ombres prennent parfois des insectes noirs comme la nuit (qui n’existe pas ici, donc vous pouvez pêcher 24/24 si ça vous chante…) minuscules, et vous regrettez de ne pas avoir de mouches en 22… Ici, à midi, quand on commence à avoir les crocs, il faut oublier tous vos principes de protection des espèces et de No-Kill, vous pouvez relâcher vos rêves mais vous allez crever la dalle… Ici on pêche son déjeuner qu’on fait griller au bord de l’eau (n’oubliez pas les alloufes…ni votre couteau…). l’après midi, on descend un peu plus aval et sous le regard d’un aigle pêcheur, on se bat avec d’autres ombres qui semblent encore plus gros…On reprend le bateau, comme on reprendrait nos mobs, pour rentrer car à 8h précise, c’est le diner, et pas question d’être en retard… La table est excellente pour ce trou perdu au milieu du « rien », steaks aux airelles, saumons aux épices… et j’en passe et des meilleurs… Puis vient l’heure du sauna, (les filles ont le leur et les hommes aussi… on ne se mélange pas ! Et enfin l’heure du paddock… et demain ça sera pareil, plus en amont, là où vivent des brochets qui vous feront dire que vous aviez raison de prendre votre canne de 8… La Kaitum est en fait une succession de lacs, de lisses et de rapides. On y trouve des truites lacustres dépassant le kilo, des ombres comme jamais, des brochets goulus. Le paradis du pêcheur… Je veux y retourner !!!! Planet, vous pouvez m’y emmener, encore ?