Actress ‘ R.I.P

Troisième album déjà, mais surtout deuxième très grosse production pour l’Anglais : R.I.P confirme l’énorme vent de poupe qui souffle sur Actress depuis Splazsh en 2010.
À la fois tous deux similaires dans l’approche, de par les ambiances, styles et durées des titres, et différent dans la mesure où il y explore de nouveaux territoires, Actress continue de ne pas faire dans la dentelle.
Impossible de se poser et d’écouter tranquillement, je dirais même sereinement, sa musique. Pourtant, les sonorités ne sont pas agressives une seule seconde, ni même troublées. Certes, il y a des moment plus calmes, d’autres plus enjoués. D’autant plus que tout le long des quinze morceaux, l’on passe d’une ambiance et durée à une autre, ce qui déstabilise complètement la globalité de l’œuvre, ceci volontairement. Des trente-huit secondes de « Glint », aux six minutes sept de « Jardin », difficile de se poser le temps nécessaire pour appréhender.
Il n’est qu’une comparaison possible quant à ces derniers aspects, mais nullement en relation avec la musique elle-même (encore que, parfois…) : Aphex Twin et ses albums « I Care Because You Do » ou « The Richard D. James Album ».
Musicalement, donc, aucune comparaison n’est possible entre Actress et le Dieu vivant de Cornouailles. Cependant, la multiplicité des sons, des tonalités, surprend comme rarement depuis les années.
En somme, quasiment chaque morceau de R.I.P propose son propre univers, avec sa propre personnalité. Souvent, il nous est conseillé d’écouter certains disques avec un casque, pour mieux nous laisser envahir par tout le fourmillement offert. Ici, je crois que ce n’est même pas nécessaire : la richesse de la musique d’Actress nous pénètre sans le moindre souci, tellement tout semble facile et naturel.
Je ne vous dirai pas combien de temps il m’aura fallu pour pondre ces quelques lignes, mais il est vrai que j’ai presque dû me forcer à enfin achever cette entreprise qui me paraissait à chaque fois impossible. Que dire ? Et surtout, comment ? Si la musique est par essence extrêmement difficile à (d)écrire, c’est l’une des premières fois où l’envie était de suite présente, mais la tâche trop ardue.
Peut-être que le plus important sera, au final, que j’écris pour une fois uniquement pour me donner l’envie de continuer la poursuite de la découverte d’un artiste qui m’interpelle autant qu’il me dérange. C’est qu’il y a quelque chose qui me semble caché, comme une forêt tropicale où grouillent des millions d’espèces animales mais toute semble invisible à l’œil.
Enfin, si rarement je prend le temps de me poser la question, cette fois-ci elle ne cesse de s’imposer à moi : pourquoi Actress paraît-il un nom si évident ? Et cette pochette à l’impact incommensurable ? Bluffant !

(in heepro.wordpress.com, le 20/06/2012)