Hosni Moubarak entre la vie et la mort

Publié le 20 juin 2012 par Africahit

L'ancien raïs serait dans le coma après avoir été victime d'une attaque cérébrale. Un peu plus tôt, il était donné "mort cliniquement".

Hosni Moubarak est actuellement dans le coma. 'STR / AFP)


Plusieurs informations contradictoires circulent depuis mardi soir sur l'état de santé réel d'Hosni Moubarak. Selon des sources militaire et médicale, l'ex-président égyptien est, mercredi 19 juin, dans le coma après avoir été victime d'une attaque cérébrale. Une information qui dément sa "mort clinique" annoncée plus tôt par l'agence officielle Mena.

Ces incertitudes sur la santé de Hosni Moubarak, âgé de 84 ans dont 30 ans à la tête de l'Egypte, interviennent sur fond de nouvelles tensions politiques dans le pays, l'armée au pouvoir venant de s'octroyer de larges prérogatives et les deux candidats à la présidentielle revendiquant chacun la victoire.

Un peu plus de deux semaines après sa condamnation à perpétuité pour la mort de manifestants durant le soulèvement qui l'a renversé en février 2011, l'agence officielle Mena a annoncé mardi soir que Hosni Moubarak était "cliniquement mort".

Mais un peu plus tard, une source médicale a indiqué qu'il était "dans le coma". "Il n'est pas cliniquement mort. Les médecins tentent de le ranimer. Il a été mis sous appareil respiratoire", a-t-elle précisé.

Transporté à l'hôpital après une attaque cérébrale 


Un membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA, au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak), a confirmé sous le couvert de l'anonymat qu'il était dans le coma.

La télévision d'Etat a indiqué qu'un communiqué officiel serait "bientôt" diffusé sur la santé de l'ancien président. Selon une source de sécurité, son épouse Suzanne s'est rendue à l'hôpital pour être à ses côtés.

Hosni Moubarak avait auparavant été transféré en ambulance de l'aile médicalisée de la prison de Tora, dans le sud du Caire, vers l'hôpital militaire de Maadi, à quelques kilomètres de là, après une attaque cérébrale selon la Mena.

La santé de l'ancien raïs aurait commencé à décliner après son incarcération, des sources de sécurité faisant état de dépression aiguë, de difficultés respiratoires et d'hypertension.

Sa famille avait demandé son transfert dans un hôpital comme c'était le cas avant sa condamnation le 2 juin à la prison à vie pour la mort de manifestants en janvier-février 2011, mais une telle mesure aurait mis en colère de nombreux Egyptiens, déjà furieux que Hosni Moubarak ait échappé à la peine capitale.

"Dieu ne pardonne pas à ceux qui ont tué des innocents"


Ce qui arrive à Moubarak "est un châtiment divin. Dieu ne pardonne pas à ceux qui ont fait du mal à leur peuple. Dieu ne pardonne pas à ceux qui ont tué des innocents", a réagi Saber Amr, un instituteur de 40 ans qui manifestait toujours place Tahrir au Caire comme des milliers d'Egyptiens dans la journée contre le "coup constitutionnel" des militaires au pouvoir.

Ces derniers viennent de s'octroyer de vastes pouvoirs leur permettant de rester aux commandes quelle que soit l'issue de l'élection présidentielle.

Les deux protagonistes du vote qui s'est achevé dimanche, le Frère musulman Mohammed Morsi et l'ancien Premier ministre de M. Moubarak Ahmad Chafiq, assurent chacun avoir gagné. Les résultats officiels sont attendus jeudi.

"La dissolution du Parlement est nulle et non avenue, le conseil militaire doit partir, et maintenant la légitimité c'est celle du peuple qui a élu Morsi", a estimé Abdel Basset Mohieddine, partisan des Frères musulmans. Le CSFA a confirmé lundi sa volonté de remettre l'exécutif au futur président avant la fin juin.

Mais le prochain chef de l'Etat se trouvera en pratique dans l'incapacité de faire passer la moindre loi sans l'assentiment des militaires, qui ont décidé de récupérer à leur compte le pouvoir législatif à la suite de la dissolution de l'Assemblée du peuple, dominée par les islamistes.

Manque de charisme

Lors de son arrivée à la tête du pays en 1981, à la faveur de l'assassinat du président Anouar el-Sadate par des islamistes, personne ne prédit à l'époque beaucoup d'avenir à cet ancien commandant de l'armée de l'air, qui pâtit d'un manque de charisme.

Réputé pragmatique, mais de plus en plus coupé du peuple et orgueilleux, il s'appuie sur un redoutable appareil policier et un parti à sa dévotion pour étendre son emprise et régner sans partage sur le pays, le plus peuplé du monde arabe, pendant trois décennies.

Le maintien contre vents et marées des accords de paix conclus en 1979 avec Israël et sa réputation de modéré au sein du monde arabe valent à son régime autocratique les faveurs de l'Occident, en particulier des Etats-Unis dont il restera l'allié indéfectible.

Avec sa silhouette trapue, sa chevelure toujours drue malgré l'âge et son regard souvent caché par des lunettes de soleil, Hosni Moubarak était devenu au fil des ans une figure familière des réunions internationales.

Ablation de la vésicule biliaire

Il s'est aussi montré un adversaire résolu de l'islamisme radical façon Al-Qaïda, mais sans parvenir à enrayer la montée du mouvement conservateur des Frères musulmans, aujourd'hui officiellement première force politique d'Egypte.

La politique d'ouverture économique suivie dans les dernières années de sa présidence a valu à l'Egypte une amorce de décollage économique remarqué, mais aussi une aggravation des inégalités, du mécontentement social et de la corruption.

Au cours de sa longue carrière, il a échappé à plusieurs tentatives d'attentat et n'a jamais levé l'état d'urgence en vigueur tout au long de sa présidence. Celui-ci a finalement été levé fin mai. En mars 2010, il avait été hospitalisé en Allemagne pour une ablation de la vésicule biliaire et le retrait d'un polype du duodénum.

Des faits prescrits


Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a fait ses preuves dans l'armée, jusqu'à devenir commandant en chef des forces aériennes, puis vice-président en avril 1975. Hosni Moubarak était marié à Suzanne Thabet, qui fut très influente dans son entourage.

Leurs deux fils, Alaa et Gamal, qui étaient jugés en même temps que leur père pour corruption, n'ont vu aucune condamnation prononcée contre eux, les faits de corruption les concernant ayant été considérés comme prescrits. Ils seront de nouveau jugés le 9 juillet pour une affaire de corruption.

Gamal Moubarak avait, jusqu'à la chute du régime, fait figure de successeur présumé de son père.