Et si vous diversifiiez votre portefeuille en investissant dans un fonds "long-short" ? Venue de l'univers des hedge funds, cette stratégie consiste à parier à la hausse comme à la baisse sur les actions. C'est moins risqué qu'une gestion classique, assure Patrice Courty, gérant du fonds Moneta Long Short et co-fondateur de la maison de gestion. Il en veut pour preuve ses performances, nettement meilleures que celles du CAC 40.
Capital.fr : Quel est l'intérêt d'une gestion "long-short" ?
Patrice Courty : Contrairement à un fonds classique, nous pouvons réaliser des plus-values même lorsque les actions baissent. Nous achetons les titres de sociétés sous-évaluées, tout en en vendant d'autres, que nous jugeons trop chers. Cette stratégie est plus efficace qu'une couverture classique, qui consiste à vendre l'intégralité d'un indice.
Capital.fr : Cette stratégie est principalement utilisée par les hedge funds… N'est-ce pas trop risqué pour un particulier ?
Patrice Courty : Les fonds spéculatifs ont justement développé ces techniques pour se protéger. Elles ne sont donc pas forcément risquées, à condition de bien s'en servir. En fait, le danger provient surtout de l'effet de levier. Or, notre fonds n'en utilise pratiquement jamais : nous sommes très rarement exposés à plus de 100% au marché actions. De plus, grâce à nos positions baissières et haussières, nous diminuons de moitié la volatilité du fonds par rapport à un OPCVM actions classique. Moneta Long Short est donc tout à fait adapté aux investisseurs particuliers.
Capital.fr : Le fonds progresse de 3% cette année, lorsque le CAC 40 perd près de 3%... comment expliquer cette résistance ?
Patrice Courty : Notre stratégie nous a permis d'amortir la chute des marchés. Plusieurs de nos paris à la baisse se sont avérés payants, à l'image de la chute de Neopost (-28% depuis le début de l'année), ou de la dégringolade du spécialiste britannique des puces électroniques ARM Holding (-17%). Du côté de nos positions haussières, nous avons profité de la progression d'EADS (+19%), ou encore de Safran (+21%).
Capital.fr : En 2011, le fonds n'avait toutefois pas échappé à la baisse (-6,5%)…
Patrice Courty : L'an dernier, nous avons payé des paris trop audacieux, sur Peugeot ou les banques par exemple. De plus, le fonds n'est pas totalement immunisé contre un vent de panique sur les marchés. Quoiqu'il arrive, nous restons toujours exposés à hauteur de 20% minimum aux actions. Mais, sur le long terme, cette stratégie s'avère payante : le fonds progresse de 20% depuis sa création en décembre 2006, lorsque le CAC 40 chute de plus de 40%.
Capital.fr : Malgré ces belles performances, le fonds ne possède que 35 millions d'euros d'encours…
Patrice Courty : Ce style de gestion compte toujours son lot de sceptiques. Contrairement aux britanniques, les Français n'ont jamais eu la culture de la gestion alternative, qui est apparue il y a une dizaine d'années seulement dans l'Hexagone. La crise financière de 2008 a encore terni la réputation de ce secteur. La faute à quelques fonds étrangers qui ont coulé car ils prenaient trop de risques. Il faudra certainement de nombreuses années pour dépasser ces a priori…
(Thomas Le Bars - Capital.fr - 20/06/2012)