Lundi de nombreux élèves ont planché sur l'épreuve de philo du bac ! Deux sujets concernaient le travail :
- Que gagne-t-on en travaillant ? (section L)
- Travailler, est-ce seulement être utile ? (section ES)
A 18 ans, tu as espoir que travailler cela permet de s'épanouir, de se construire, de découvrir... Tu sais que tu as besoin de travailler pour vivre, pour gagner ta vie mais tu imagines aussi que le travail sera sûrement un moyen de se nourrir intellectuellement et socialement.
A 18 ans, tu as vu tes propres parents travailler mais avant d'expérimenter soi-même il est difficile de se rendre compte qu'enchaîner 10 heures de boulot et garder le sourire le soir au dîner et bien c'est parfois un sacré défi ! A 18 ans, tu ne te rendais pas forcément compte qu'être au chômage dans notre société, ce n'est pas facile à assumer (et c'est encore pire ces dernières années où l'amalgame chômeur = tricheur/branleur est devenu monnaie courante).
Aujourd'hui, il m'arrive de penser qu'il n'y a rien de plus cruel que le monde du travail et pourtant, je fais partie des personnes qui ont la chance d'avoir un boulot qui est reconnu socialement. Mais ceci n'empêche pas les coups en douce, ceci n'empêche pas les employeurs de tirer le plus possible sur la corde en faisant miroiter que si tu n'es pas content, tu n'as qu'à aller voir ailleurs... Sauf que la conjoncture actuelle fait qu'il est effectivement difficile de trouver ailleurs ! Dans ce contexte, démissionner devient une pure folie ! On ne te dit rien lorsque tu t'appliques à faire correctement ton travail même que parfois on se l'attribue lorsque celui-ci est de très bonne qualité mais personne ne te remercie, ne te valorise. Par contre, à la moindre erreur, tout est de ta faute, il n'est pas possible que cela vienne d'une mauvaise organisation, cela vient forcément de toi rien que de toi ! Et puis, il y a cette déshumanisation et les personnes deviennent petit à petit de simples pions. Bien évidemment, cela se passe plus ou moins bien selon les métiers/les entreprises, mais d'une manière générale, lorsque j'entends les gens parler autour de moi, je trouve que de nombreuses personnes subissent au quotidien de vraies violences...
Je continue malgré tout de rester optimiste, car le métier que je fais, je l'ai choisi et je l'ai aussi peut-être beaucoup idéalisé mais parfois, je suis horrifiée par ce que je vis et par ce que je vois autour de moi (et puis il vaut mieux rester optimiste, car je n'en ai pas fini avec le monde du travail). Je pense qu'il est important de rester horrifié devant le manque de respect, l'humiliation, la violence pour ne pas soi-même tomber un jour dans l'engrenage et devenir un pro du coup bas !
Tout ça pour dire qu'à 18 ans, je n'aurais pas du tout répondu de la même manière qu'aujourd'hui à ces deux sujets !