(« Blue, Tis the life of heavens. », KEATS.)
Quel est, de tous les bleus, le plus profond,
le plus beau bleu ? Celui qu’on voit au fond
des mers, un jour d’été, si l’on se penche
hors d’une barque ? Ou celui des pervenches ?
Ou le bleu presqu’en deuil des raisins presque mûrs ?
Celui que met la clématite au long des murs ?
Ou bien, dans le glacier, le bleu pur des crevasses ?
Ou celui qui n’est fait que de brise et d’espace ?
Ou le bleu triste et vert des cèdres du Liban ?
Ou mieux, ne serait-ce pas, dans tes nattes blondes,
ma soeur morte à treize ans, le bleu de tes rubans,
le seul au bleu du ciel qui corresponde.. ?
Quel est le plus beau bleu, le plus profond ?
Le bleu des nuits lorsque les nuits sont belles :
car on peut y voir le tracé que font
les étoiles de Dieu allant à Compostelle..
Alliette AUDRA (1897-1962).
*****************************************************