Titre : Weëna, T3 : Résurgence
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Alice Picard
Parution : Janvier 2005
« Weëna » est une série scénarisée par Eric Corbeyran. Il s’agit d’un de mes auteurs préférés depuis que j’ai lu « Le chant des stryges », « Le maître de jeu », « Uchronies » ou encore « Château Bordeaux ». Les dessins sont l’œuvre d’Alice Picard dont je découvre à cette occasion le travail. Les couleurs sont le fruit du travail d’Elsa Brants. Cette saga est éditée dans des albums de format classique chez Delcourt. Le prix de chacun d’entre eux avoisine les quatorze euros. Ma critique d’aujourd’hui traite du troisième tome intitulé « Résurgence ». Sa première parution date de début deux mille cinq. La couverture nous présente Morckoor, prince à la longue chevelure roux et dont un bras semble avoir une nature végétale. Il scrute par la fenêtre de ce qu’on suppose être une tour à ses noirs desseins…
La quatrième de couverture nous offre un résumé de l’histoire avec les mots suivants : « Pour échapper à Morckoor, qui voit en elle son seul moyen d’accéder au pouvoir, Weëna embarque clandestinement avec Opéra pour rejoindre le cloître des glaces, où nul homme n’a le droit de pénétrer. Pendant ce temps, la malédiction qui pèse sur la branche morte poursuit son œuvre de destruction. Olja, la sœur de Morckoor, met au monde le dernier héritier de la branche maudite, un être monstrueux destiné à servir de très anciens et très mystérieux desseins… »
« Weëna » est une série qui appartient à la grande famille de la fantasy. On y retrouve une élue qui donne son nom à l’histoire. Elle ne connait d’ailleurs pas réellement la nature de ses pouvoirs et de son rôle. Elle est au centre d’un grand chambardement qui semble impliquer tout le royaume. Ce troisième tome nous présente d’ailleurs une partie de l’Histoire de l’univers dans lequel on navigue. Les deux premiers tomes nous présentaient l’histoire à l’échelle de Weëna. Elle était prisonnière, elle voulait s’échapper. La quête était simple. Les premières pages de « Résurgence » nous narrent les origines des trois branches nommées la maîtresse, la morte et l’invisible. Cela nous permet de comprendre davantage la volonté de Morckoor, héritier de la branche morte de se marier avec Weëna, héritier de la branche invisible.
La trame, comme dans l’opus précédent, se déroule selon trois fils plus ou moins emmêlés au gré des pages. La première est construite autour de Weëna et son amie Opéra. Elles se sont enfuies de leur prison et cherche à rejoindre le cloître des glaces pour être protégées. La deuxième tourne autour de Gwylym et Miureal embarqué sur un navire à la poursuite de cette chère Weëna. Enfin, Morckoor vit des moments difficiles. Ils retrouvent sa sœur en bien mauvaise état, voit son bras subir une greffe assez horrible et sa quête de pouvoir nécessite de retrouver son ancienne prisonnière. D’ailleurs, dans ce troisième, je trouve que son destin est le plus intéressant. Bien qu’il soit le méchant de l’histoire, il possède un passé et un avenir plus complexe. Weëna est pour l’instant uniquement dans une logique de fuite. Quant à Gwylym, son seul problème du moment est de résister au mal de mer.
Les dessins sont dans la lignée de ceux des deux premiers tomes. Alice Picard possède un trait assez fin. Il est facile d’accès et on n’a aucun mal à s’immerger dans son univers. On s’approprie assez facilement les personnages. Cet album fait apparaître de nouveaux personnages secondaires, fruit des différents voyages des personnages. Cette diversité est intéressante et marque un apport certain en comparaison de l’autarcie relative des deux précédents bouquins sur cette thématique-là. L’exil des personnages offre également une plus grande variété de paysages. Jusqu’alors, on naviguait essentiellement dans des montagnes et des territoires enneigés. Maintenant, on erre dans des forêts, sur mer, dans des montagnes… Le travail de Picard accompagne parfaitement la narration mais ne la transcende pas. L’atmosphère de la lecture reste davantage générée par le scénario que par les dessins. Ce n’est pas grave mais c’est à signaler.
En conclusion, « Résurgence » est d’une qualité équivalente aux tomes précédents. « Weëna » est amenée à être une série solide qui utilise les codes de la fantasy avec un talent certain. Cet opus offre des perspectives plus profondes quant à la trame globale. Je suis donc curieux de me plonger dans « Union », quatrième album. J’espère que la prise d’ampleur de la narration se confirmera et que les auteurs ne tomberont pas dans une tentation de dilution de l’intrigue. Mais cela est une autre histoire…
par Eric the Tiger
Note : 12/20