Les électeurs grecs ont finalement choisi dimanche le statu quo, c’est-à-dire le maintien dans la zone euro sans remise en question radicale du plan d’austérité. C’est le verdict de ce deuxième scrutin qui a vu la victoire du parti Nouvelle Démocratie, le parti traditionnel de la droite grecque, qui frôle les 30% des voix et disposera de 128 sièges dans l’assemblée qui en compte 300. Il ne dispose donc pas de la majorité absolue, et s’est prononcé dès dimanche soir pour une coalition avec le Pasok, le parti socialiste grec, arrivé troisième avec 12,2% et qui remporte 23 sièges.
Syriza, le parti de la gauche radicale, qui conteste vigoureusement le plan d’austérité imposé à la Grèce par la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, FMI), tout en assurant qu’il souhaite que la Grèce reste membre de la zone euro, est arrivé second, avec 27,12% des voix et aura 72 sièges.
A priori c’est une excellente nouvelle pour la stabilité de la zone euro et des marchés. A priori seulement. Cette (courte) victoire des « pro-européens » ne doit pas nous illusionner car elle ne change rien aux problèmes de fonds et ne fait que repousser l’heure fatale.
Le problème n’est pas de savoir si la Grèce doit ou non mener son plan d’austérité. Le problème est bien plus profond et touche aux conditions même du fonctionnement de l’Union monétaire européenne.
L’explication est bien résumée dans une tribune du Monde de ce week-end signée François Vigne (quel beau patronyme !). « La Grèce, pays pauvre sans industrie exportatrice, ne peut subir sans difficulté la même parité monétaire que l’économie allemande, principalement tirée par les exportations à forte valeur technologique et ajoutée. Seuls des transferts massifs de ressources des États les plus riches vers les plus pauvre pourraient permettre de réduire ces écarts de compétitivité vu leur importance. »
Ce fonctionnement devrait être la base même de toute union monétaire. Ce fonctionnement repose sur un principe de base : la solidarité. Cette même solidarité qui ne pose pas question lorsque les peuples forment une véritable communauté de destin. Le fait même que l’on se questionne, que l’on tournicote, que l’on hésite à aider les membres de la zone euro révèlent les failles de notre communauté de destin.
Il faut clairement afficher cette réalité et cette question aux peuples européens. L’heure d’un choix citoyen et personnel est venue. A chacun de se demander, en conscience, si l’avenir doit être européen ou national.