Date de publication originale : 2006 (Skipið)
Date de publication française : 2010 (Gallimard) – 2012 (Folio policier)
Genre : Roman noir
Personnages principaux : Guðmundur Berndsen capitaine de cargo – Jón Karl alias le Démon
Neuf marins islandais vont embarquer sur un cargo en route pour le Surinam. Plus exactement il y a, parmi les hommes qui embarquent sur le Per se, huit marins et un truand notoire qui a profité de l’occasion pour échapper à un concurrent qui ne lui voulait pas de bien. La traversée ne s’annonce pas comme une agréable croisière : c’est probablement le dernier voyage de ce bateau et de son équipage qui va être licencié. L’ambiance est morose et une mutinerie est envisagée. En plus chaque marin a un problème personnel qui ne fait qu’alourdir le climat sur le navire. Au milieu d’une violente tempête de plusieurs jours, toutes les communications sont coupées : plus de radar, de GPS, de radio. Elles ont été sabotées par quelqu’un qui est à bord. La suspicion s’ajoute à l’ambiance déjà plombée. Et comme si cela ne suffisait pas le cargo subit une attaque de pirates. Et ce n’est pas fini puisque après les communications c’est le moteur qui va être saboté transformant ainsi le cargo en une coquille ballottée par les flots sans plus aucun moyen de se diriger, dérivant lentement et inexorablement vers le sud … jusqu’à l’Antarctique.
L’auteur met en place progressivement tous les éléments du drame. Il expose le contexte dans lequel se trouvent les hommes qui vont embarquer. Il montre leur état d’esprit et les problèmes qu’ils vont embarquer avec eux. Il prépare ainsi les évènements futurs. Il faut attendre que le cargo prenne la mer pour que l’action se lance vraiment, puis les évènements vont se précipiter dans une dramaturgie qui va crescendo. L’écriture est belle et donne parfois au récit un aspect poétique et désespéré. La psychologie des personnages est finement décrite : Stefán Máni met en évidence comment la combinaison du poids des problèmes personnels et des épreuves subies pendant la traversée peut pousser certains vers la folie. L’ambiance maritime, la fragilité des hommes et de l’embarcation devant la puissance des éléments déchaînés sont parfaitement rendues.
C’est un roman noir original, un huis clos maritime intense malgré quelques longueurs et une petite difficulté pour s’y retrouver parmi tous les personnages aux noms islandais. La conclusion est surprenante et même un peu déroutante. C’est une lecture recommandable à ceux n’ont pas le mal de mer et qui n’ont pas peur du noir.
Stefán Máni est né à Reykjavik le 3 juin 1970 et a grandi à Olafsvik, un village de pêcheurs situé à l’extrémité de la péninsule de Snaefellsnes. Noir océan, paru sous le titre Skipið (Le vaisseau) en 2006 est son premier roman traduit en français.
Ma note : 4 / 5