Lorsque les salaires sont bas et qu'on compte plus de 5 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi, il n'est pas étonnant qu'on assiste à : « (...) une chute des carnets de commandes, des tensions sur les trésoreries, un gel des projets d'embauche, la suppression des projets d'investissements (...) » Car, rappelons le, c'est la consommation et non l'investissement des entreprises, qui tire la croissance française depuis des années.
Néanmoins, ce n'est pas l'analyse de Laurence Parisot qui expliquait, lors de sa conférence de presse mensuelle, que : « les projets de réformes économiques et sociales du gouvernement de Jean-Marc Ayrault se traduisent par « une angoisse palpable et une inquiétude immense chez tous les entrepreneurs »
Et comment le gouvernement peut-il lever « l'angoisse palpable et l'inquiétude immense » ?
Hé bien en revenant aux fondamentaux du Medef qui ont été rappelés le même jour dans une tribune, publiée sur le site des Echos, par plusieurs grands patrons français. les signataires en sont : Philippe Varin, le président de PSA Peugeot-Citroën, Pierre-André de Chalendar, le PDG de Saint-Gobain, Jean-Yves Naouri (président exécutif de Publicis Worldwide), Christel Bories (ex-PDG de Constellium), Pierre Gadonneix (ex-président d'EDF), Benoît Potier (PDG d'Air Liquide), Denis Ranque (ex-PDG de Thales)
Que réclament-ils ?
Tout simplement ce que Nicolas Sarkozy et l'UMP avaient promis au Medef en cas de réélection !
« (...) une réforme du marché de l'emploi (...) Ces industriels souhaitent à moyen terme une flexibilité accrue du travail, à travers des accords de performance (...) »
En clair, ils demandent que soient mis en place les accords compétitivité-emploi défendus par le précédent gouvernement ainsi, bien entendu, qu'une réflexion sur les obligations en cas de licenciement économique, et peut être, même la mise en place progressive d'un contrat de travail unique à droits progressif, qui permettrait de licencier sans motif et à meilleur coût. Le tout sans aucun engagement sur l'emploi !
On remarquera au passage que Philippe Varin, le président de PSA Peugeot-Citroën signataire de la tribune envisage de fermer son usine d'Aulnay sous Bois (plus de 3000 salariés). Ce qui ressemble à s'y méprendre à un habile chantage, sachant que la fermeture pourrait intervenir fin juillet.
Il réclament également : « (...) un allègement des cotisations patronales, afin de favoriser une montée en gamme des produits des entreprises françaises (...) »
Traduction : Ils souhaitent que la TVA sociale soit maintenue. Or, comme l'expliquait il y a encore peu Laurence Parisot, nul ne devrait contrôler l'utilisation de cette baisse qui pourrait être affectée au libre choix des entreprises, à une baisse des prix publics, à l'investissement ou rétrocédée aux actionnaires. Alors la montée en gamme ...
C'est justement au sujet des actionnaires que la patronne du Medef est montée au créneau. Elle s'élève violemment contre un probable prélèvement à la source de 3% sur les dividendes versés par les entreprises à leurs actionnaires.
Quel est le problème de madame Parisot ?
Le nouveau gouvernement souhaite inciter les entreprises à réinvestir leurs profits plutôt qu'à rémunérer grassement leurs actionnaires, explique L'Expansion. Pour ce faire, il propose d'instaurer à partir de l'été un prélèvement à la source de 3% sur les dividendes versés par les sociétés à leurs actionnaires.
Or, il faut savoir que les entreprises qui seraient les plus touchées par ce prélèvement sont loin d'être des TPE-PME puisque les plus concernés seraient : « Total (coût de 170 millions d'euros), Sanofi (123 millions), GDF Suez (101 millions), France Télécom (94 millions), EDF (63 millions), Axa (53 millions), L'Oréal (44 millions), Vivendi (39 millions), Schneider (33 millions) et Danone (30 millions). Sachant qu'en 2011, les groupes du CAC 40 ont distribué 45 milliards d'euros sous forme de dividendes et de rachats d'actions. Un montant en hausse de 15 % par rapport à 2010 » Rappelons aussi que ce sont ces entreprises qui payent le moins d'impôts sur les sociétés.
Donc, madame Parisot a attribué au gouvernement des mauvais points : Sur le coup de pouce au Smic et, surtout, sur le projet de taxe sur les dividendes distribués aux actionnaires.
Conclusion : Afin de délivrer de « l'angoisse palpable et l'inquiétude immense » les entreprises (du CAC 40 ? ), il serait nécessaire de précariser (pardon, flexibiliser) beaucoup plus les salariés, augmenter à nouveau l'âge de départ à la retraite, tout en refusant toute augmentation de salaires qui mettrait en cause la compétitivité.
Pas certain que cette démonstration fonctionne auprès du nouveau gouvernement et de la nouvelle assemblée, du moins pour l'instant. Mais comme Laurence Parisot est persuadée que la pédagogie est répétitive ...
Crédit et copyright photo TV5 Monde