Aung San Suu Kyi: “C'est vous qui m'avez donné la force de continuer !”

Publié le 19 juin 2012 par Pierremartial
Oxford. 24 ans après. Certainement l'étape la plus émouvante, la plus chargée d'histoire, la plus lourde en souvenirs aussi pour Aung San Suu Kyi.

Aujourd'hui, c'est son anniversaire. Ses sympathisants anglais crient “happy birthday” sur son passage, certains agitent des pancartes à son effigie et, sur la toile et les réseaux sociaux, des centaines de milliers d'aficionados lui souhaitent bon anniversaire.

67 ans. Malgré la fatigue du voyage, le décalage horaire et le rythme effréné des réunions et des pays qui se succèdent, elle tient bon. C'est difficile parfois et on le voit sur d'imperceptibles plissements de son front, mais elle tient bon. Elle ne lâchera pas. Pas maintenant. Elle ira jusqu'au bout de ses forces et de sa mission.

Flash-back. Oxford, où elle a fait ses études de 1964 à 1967. Oxford, où elle a rencontré son mari Michael Aris. Londres, Oxford, Londres, 20 ans de vie heureuse, et puis ce coup de téléphone qui précipite tout, un soir de juin 1988. Sa mère l'appelle de Rangoun. Elle est à l'hopital. Elle ne va pas bien. Pas bien du tout. Elle n' a plus que quelques jours à vivre.

Alors Aung San Suu Kyi ne réfléchit pas, elle embrasse Michael et ses deux enfants Kim et Alex, elle prend une petite valise et elle part au chevet de sa mère mourante.

“Ne vous inquiétez, leur dit-elle. Je reviens bientôt!”.


Sacrifier sa vie pour sauver son peuple Elle ne reviendra jamais. Face à l'extrême violence de la junte militaire birmane et à la demande de milliers d'étudiants et de démocrates, elle, la fille du général Aung San, le libérateur de la Birmanie assassiné en 1948, elle décide de rester à Rangoun. Rester pour défendre son peuple. Rester pour se battre pour la démocratie! Rester pour sauver le pays des griffes d'une dictature avide et sanglante.

En 24 ans, elle connaitra la prison, les menaces de mort, les procès et les assignations à résidence, mais elle ne cédera jamais!

En 1999, Michael, resté à Londres et continuant à la soutenir dans son combat, est atteint d'un cancer de la prostate. Elle veut revenir pour veiller sur ses derniers jours. La junte birmane est d'accord pour la laisser quitter le pays à condition qu'elle ne revienne pas. Elle hésite. Elle ne sait plus. Michael, toujours aussi solidaire de son combat, lui demande de ne pas venir et de rester en Birmanie, pour continuer jusqu'au bout sa lutte pour la libération totale du pays. Et c'est ce qu'elle fait. La mort dans l'âme. Mais c'est ce quelle fait.


Sur la tombe de Michael Et aujourd'hui, 24 ans plus tard, elle est de nouveau là, à Oxford, sur la tombe de Michael.

C'est difficile! On a beau être asiatique et ne pas trop montrer ses émotions, c'est très difficile!

Heureusement, il y a ces milliers, ces dizaines de milliers, ces centaines de milliers de sympathisants dans le monde entier qui lui crient leur soutien et leur amour et qui lui disent qu'ils ne l'abandonneront jamais dans son combat non-violent et exemplaire pour la démocratie!

“Happy birthday, daw Suu, crient-ils, happy birthday!”

Alors elle sourit doucement, elle hoche la tête, forte et fragile à la fois et puis elle dit:

“Merci. Merci à vous toutes et tous. C'est vous, oui, c'est vous qui m'avez donné et me donner encore la force de continuer! ”


Pierre Martial
Ecrivain-journaliste
Président de France Aung San Suu Kyi

Aung San Suu Kyi, site français d'information et de soutien à Aung San Suu Kyi et à la Birmanie / Myanmar