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L’Assassin : une parabole politique absurde et subversive

Par Cineblogywood @Cineblogywood
L’Assassin : une parabole politique absurde et subversive
En salles : Après Mauro Bolognini et Pietro Germi, Carlotta remet sur le devant de la scène la filmographie d’un autre cinéaste italien, injustement oublié : Elio Petri. Considéré comme l’homme d’un seul film – Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon - il a également tourné quelques films politiques parmi les plus virulents, sur la démocratie-chrétienne – Todo Modo – ou la lutte des classes – La Classe ouvrière s’en va au paradis, Palme d’Or 1972.
Réquisitoire subversif contre le système policier
Avec L’Assassin, Carlotta exhume le 1er film du cinéaste. Œuvre où se met en place toute la grammaire cinématographique d’Elio Petri. A travers une intrigue qui flirte aussi bien avec l’absurde d’un Kafka qu’avec la parabole d’un Borges – 24 heures de la vie d’un antiquaire romain suspecté par la police du meurtre d’une femme et dont le spectateur ne sait s’il l’a commis ou non – il dresse un réquisitoire contre les abus d’un système policier autoritaire, d’un jeu médiatique complaisant et d’une société conciliante et encline à la dénonciation et la calomnie. A cet état d’incertitude et d’ambiguité dans lequel nous plonge le cinéaste s’ajoute le portrait d’un jet-setter désinvolte et finalement peu aimable, auquel Marcello Mastroianni prête ses traits de latin lover, dans le sillage de La Dolce Vita et La Notte.
Audace plastique et visuelle
Mais c’est mal connaître Elio Petri que de réduire L’Assassin à une parabole politique, subversive et absurde. Car à l’instar d’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, L’Assassin regorge de plans à couper le souffle, témoignant d’une réelle audace plastique et temporelle. Et qui viennent traduire visuellement la vision kafkaïenne et subversive de son auteur. Ainsi de cette villa balnéaire, battue par les vents et les sables, qui rappelle les fulgurances existentielles d’Antonioni ; ou bien de cette visite d’un musée maritime laissé à l’abandon ; ou de cette Rome plongée dans le brouillard hivernal, sublimée par la lumière en demi-teintes que l’on doit à un certain Carlo DiPalma, futur chefop attitré de Woody Allen (Ombres et brouillard, Maris et femmes). Ou bien cet incroyable plan qui fait cohabiter dans le même plan passé – du crime commis - et présent – de la reconstitution de ce même crime.
A quand d’autres rééditions d’Elio Petri ?

Bref, une réédition à voir absolument, qui donne envie de découvrir toute l’œuvre de ce cinéaste dont l’œuvre se situe à mi-chemin entre celle de Francesco Rosi pour sa dénonciation politique et celle d’Antonioni pour son audace formelle et plastique. Et qui témoigne de la richesse d’un cinéma italien, dont j’ai hâte de redécouvrir d’autres pépites : celles d’Elio Petri (en particulier La 10e victime et Un coin tranquille à la campagne), mais aussi celles de Giuliano Montaldo (Un jouet dangereux), Pascale Festa Campanile (Le sexe des anges), Pascuale Squiterri (Lucia et les gouapes, L’affaire Mori).
Travis Bickle

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