Gaël Faye, nous vous le présentions ici avec la diffusion du clip de Petit Pays, extrait de l’album Pili pili sur un croissant au beurre qui sortira dans les bacs à la rentrée.
En attendant un EP 5 titres est disponible depuis hier en digital sur toutes les plateformes de téléchargement légal.
Et pour vous faire connaître un peu plus l’artiste et vous donner envie de découvrir l’EP et l’album, je vous propose ci-dessous l’interview de Gaël que j’ai eu le plaisir de rencontrer il y a quelques jours à peine.
Bonjour Gaël,
Pour débuter l’interview et te présenter à nos lecteurs, est-ce que tu peux nous parler un peu de ton style musical, est-ce du rap ou du slam comme on peut le lire parfois ?
C’est du rap. Pour moi, le slam ça n’existe pas en tant que pratique artistique, c’est un cadre. On nous associe, Edgard et moi, souvent au slam car on a fait nos premières armes sur des scènes slam. On écrivait nos textes et on allait les tester a capella sur les scènes pour avoir un retour public rapide. Par contre pour moi on n’apprend pas à slamer mais on apprend à raper. Il y a la technique de flow, la technique, donc voilà, je suis un rappeur.
Comment es-tu arrivé à ce style musical ?
J’ai découvert un peu tout seul. La première fois que je me suis pris une claque de rap, j’étais encore au Burundi et il y avait une émission à la télé qui s’appelait Au-delà du son. Elle passait tous les titres internationaux et les trucs burundais donc ça faisait des mélanges bizarre où il y avait des paysannes qui chantent et d’un coup Thriller de Michael Jackson. Et puis j’ai vu Fight the Power de Public Ennemy et ça m’a vraiment marqué. Et puis quand j’ai commencé à écrire des textes en arrivant en France j’ai voulu sortir de ma chambre et je suis allé dans une maison de quartier près de chez moi et ils ne proposaient que des ateliers de rap. Je ne suis donc pas arrivé au rap par passion mais après j’ai apprécié et je suis vraiment tombé dans le truc.
Tu fais partie, avec ton pote Edgar Sekloka, du groupe Milk Coffee & Sugar. Ca fait longtemps que tu avais l’idée de faire un album solo ?
Oui ça fait longtemps, mon premier texte A-France a été écrit en 2002. Quand j’ai écrit ce texte, je me suis dit « tient, enfin j’arrive à mettre des mots sur un sentiment que j’ai en moi depuis tellement longtemps » donc pourquoi pas décliner ça. Au début je n’étais pas sûr de savoir si ça allait être un album ou un spectacle et puis finalement ça s’est fait sur 15 titres sur les 10 années qui ont suivi. Par petites touches, j’ai essayé de parler des choses qui, moi, m’ont constitué depuis cet exil jusqu’à aujourd’hui. Les grands piliers de ma vie, on va dire.
Est-ce « facile » de se livrer comme ça dans des textes de chansons ?
Non ce n’est pas facile et je me rends compte que c’est même de plus en plus dur. Au début je les écrivais pour moi et un peu pour les gens qui me connaissaient. Et maintenant que l’album est sur le point de sortir et que des gens que je ne connais pas vont m’en parler, je suis en période de gros doute (rires). Je me demande si je ne suis pas aller trop loin dans l’intime, j’attends beaucoup de retour de mes proches pour me rassurer. Après j’avais toujours en tête que je parlais de moi, mais que ce sont des situations qui arrivent à d’autres, donc j’ose espérer que certains pourront s’identifier.
Et puis les titres ne parlent pas que de toi, ce n’est pas un album autobiographique.
Ca parle toujours un peu de moi, mais il y a aussi ce que moi je vois derrière certaines phrases que les gens ne voient pas.
Tu abordes des sujets assez forts, est-ce que tu profites de ton art et de tes chansons pour essayer de faire passer des messages à ton public ?
Oui, je pense. Pour moi, c’est important le message car finalement il y a beaucoup de gens qui se réfugient derrière l’idée de constat. Moi ça me dérange un peu cette idée, car il faut l’analyser ce constat, il faut y mettre sa patte et c’est forcément un message. Ce n’est pas forcément l’asséner comme une vérité mais dire, voilà il y a une situation, et moi à travers le prisme de ma personnalité, de mon vécu et de mon art, voilà comment je l’explique.
Ce que j’aime beaucoup aussi en plus des textes qui sont de vraies petites histoires, c’est la musique. Il y a énormément d’instruments et notamment beaucoup de cuivres, c’est quelque chose que tu aimes ?
Oui, moi j’adore les cuivres. Je suis fan de la musique de la Nouvelle Orléans, c’est un son chaud et on ne l’entend pas beaucoup dans le rap français. Après je comprends aussi car ce n’est pas facile de faire venir une section cuivre en studio, etc… Moi, je voulais vraiment ça et la chance que j’ai, c’est que Guillaume Poncelet (réalisateur de l’album, arrangeur et compositeur NDLR), qui est un très grand pianiste et aussi trompettiste, ait plein de potes qui sont là dedans. Et l’autre instrument que j’adore car j’ai grandi avec, c’est la guitare et il y en a sur quasiment tous les titres.
Cet album est maintenant terminé depuis quelques temps déjà, il ne sort qu’en septembre, dans quel état d’esprit es-tu ?
C’est horrible (rires). Mais j’attends depuis tellement longtemps que je ne suis plus à 1 ou 2 mois près. Mais là, je suis presque soulagé dans le sens où il y a déjà des morceaux qui tournent un peu et que l’EP sort le 18 juin. Les gens commencent à savoir que c’est là, et il y a une attente d’une poignée de gens, ça fait plaisir. Mais je ne suis pas du tout serein, j’attends de savoir comment les gens vont prendre cet album.
Le Mediateaseur remercie une fois de plus Gaël Faye pour sa simplicité et sa grande gentillesse. A noter que pour fêter la sortie hier de l’EP 5 titres, l’artiste sera en concert ce soir à La Maroquinerie avec pas moins de 8 musiciens. Un moment rare, donc à ne pas rater si vous êtes déjà fan ou si vous voulez le devenir.
Et je vous laisse avec le single Je Pars et son clip tout chaud qui vient de faire son apparition.
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