Une protéine capable de se lier à la cocaïne présente dans le sang pour l'empêcher de passer dans le cerveau, c'est le principe de ce vaccin à dose unique capable de fournir une immunité contre les effets de la cocaïne. Il apporterait une nouvelle stratégie thérapeutique décrite comme révolutionnaire, dans la revue Human Gene Therapy, pour le traitement de la dépendance à la cocaïne. Et pour cause, cette immunothérapie est dite « passive » car elle ne nécessite pas un engagement proactif de l'usager.
Il s'agit d'une approche très novatrice pour traiter le problème de la dépendance sévère à la cocaïne, explique le Pr James M. Wilson, rédacteur en chef, et directeur du programme de thérapie génique, du Département de pathologie de l'Université de Pennsylvanie (Philadelphie).
Ce vaccin basé sur un anticorps anti-cocaïne médiatise l'immunisation passive et inhibe la dépendance à la cocaïne. L'anticorps s'appelle encore « AAVrh.10antiCoc.Mab ». C'est l'aboutissement des recherches de scientifiques du Weill Cornell Medical College et de l'Université Cornell (New York) et du Scripps Research Institute (La Jolla). Les chercheurs ont utilisé un virus « transporteur » pour transférer à la souris un gène qui produit une protéine capable de se lier à la cocaïne présente dans le sang pour l'empêcher de passer dans le cerveau. Cette protéine est un anticorps monoclonal qui séquestre la cocaïne et a rendu les souris vaccinées résistantes aux effets de la drogue. Alors que les souris non vaccinées, après avoir reçu la cocaïne par voie intraveineuse ont présenté une forte hyperactivité, les souris vaccinées n'ont montré aucun effet.
Une immunothérapie « passive » : Cette immunothérapie basée sur AAVrh.10antiCoc.Mab ne vise pas àvraiment « guérir » l'addiction à la cocaïne, précisent les chercheurs, mais va aider le patient toxicomane à ne pas céder à la récidive en diminuant la récompense apportée par la drogue. En bref, le vaccin, réduit l'effet attendu de la cocaïne. Les chercheurs envisagent son utilisation comme un complément à la psychothérapie dont la thérapie cognitivo-comportementale, la réduction des symptômes de sevrage par des produits de substitution.
Sous quels délais ? Il reste l'importante question de la revue prioritaire pour ce vaccin comme pour d'autres vaccins anti-cocaïne. Si AAVrh.10anticoc.Mab génère bien un niveau d'anticorps élevés chez les humains, alors le désir de cocaïne sera réduit et l'utilisateur ne cherchera pas à augmenter sa dose de cocaïne. Il s'agit donc d'une immunothérapie passive c'est-à-dire avec une exigence réduite d'engagement proactif de l'usager. C'est donc un nouvel outil thérapeutique important contre la dépendance à la cocaïne.
Source: Human Gene Therapy 23:451–459 (May 2012) DOI: 10.1089/hum.2011.178 « AAVrh.10-Mediated Expression of an Anti-Cocaine Antibody Mediates Persistent Passive Immunization That Suppresses Cocaine-Induced” (Visuel World Drug Report 2011)
Lire aussi :Dépendance à l'HÉROINE: Succès en laboratoire d'un vaccin thérapeutique –
METAMPHÉTAMINE: Vers un vaccin contre la dépendance -