La liberté est constamment attaquée aujourd’hui. Le milieu scolaire et universitaire n’est malheureusement pas étranger à cette situation. Difficile d’être un étudiant libéral ou libertarien en France. D'où le besoin d'une association étudiante défendant la liberté.
Par Alex Korbel.
La liberté est constamment attaquée aujourd’hui. Le milieu scolaire et universitaire n’est malheureusement pas étranger à cette situation. Difficile d’être un étudiant libéral ou libertarien en France.Pourquoi créer une association étudiante défendant la liberté ?
Sur les campus et dans les écoles, l’attachement aux principes de liberté et de responsabilité personnelles, à un État limité et moderne ainsi qu’à une société de coopération volontaire entre tous n’est partagé que par une minorité de personnes.
La majorité soutient plutôt un système politique répressif portant atteinte aux droits des personnes. C’est la raison pour laquelle il faut partager ce message aujourd’hui pour que les droits fondamentaux des personnes soient respectés demain.
Il y a trois raisons primordiales pour créer une association étudiante visant à promouvoir ces idées.
Tout d'abord, l'environnement étudiant est l’endroit idéal pour atteindre les personnes intéressées par les idées de liberté. Au fil du cursus étudiant au lycée et à l’université, les élèves remettent en question leurs idées préconçues. Beaucoup de libéraux actuels le sont devenus au cours de leur vie étudiante. Cet environnement est censé favoriser le libre-examen.
Qui plus est, c'est au cours de cet échange d'idées pendant la vie étudiante que la plupart des gens forgent leurs croyances, qu’ils garderont souvent pour le reste de leur vie. Bref, l’école et l’université est un moment clef de notre développement personnel.
Développer aujourd’hui une présence affirmée des idées de liberté dans cet environnement est essentiel à l’acceptation de celles-ci dans le futur. Même les étudiants qui ne seront pas convaincus seront au moins davantage familiarisés avec celles-ci.
Le point précédent a souligné l’idéal de l'université comme un forum ouvert aux idées et aux débats. Mais la réalité est parfois différente. Souvent les étudiants libéraux sont tentés de sacrifier leurs convictions pour se mouler dans la conformité portée par leurs pairs et leurs professeurs.
Une association étudiante défendant la liberté peut toutefois devenir une source d’inspiration, un soutien logistique et un havre de paix pour les étudiants qui s’y intéressent. Savoir que l’on n’est pas seul à aspirer a une société réellement libre peut faire toute la différence.
Enfin, l’activisme étudiant peut vraiment faire la différence, jusqu’à déteindre sur une génération entière. Découvrir et épauler les étudiants épris de liberté aujourd’hui, c’est former les entrepreneurs, les réformateurs, les intellectuels libéraux et libertariens de demain.
Rappelons-nous qu’avant de suivre le cours de Ludwig von Mises, Friedrich Hayek favorisait plutôt une politique économique interventionniste. L’activisme de Mises a permis à Hayek de devenir celui qu’on ne présente plus. En étant absent des campus aujourd’hui, les libéraux et libertariens se privent des Hayek de demain.
L’approche directe
Que faire ? Deux approches sont possibles en France.
Il est tout d’abord envisageable de créer une association clairement libérale.
Une réunion informelle mensuelle d’étudiants libéraux d’une même ville est assez facilement organisable. Elle ne coute presque rien à organiser et n’est pas chronophage. On se retrouve dans un café, un bar, un restaurant ou dans l’appartement d’un membre pour passer un bon moment. On élargit le nombre de membres par le bouche-à-oreille, la distribution de flyers, la création d’un groupe sur Facebook. On commence à voir des étudiants d’un même campus y participer. Lors de ces réunions, des livres sont échangés, des prospectus décrivant les séminaires d’été de IES-Europe, IHS, FEE, Un Monde Libre, Language of Liberty, ESFL, etc. sont distribués pour inciter à l’engagement.
Un groupe de lecture est aussi possible, prend plus de temps à organiser, mais est sans doute le stade qui suit la réunion informelle. Se réunissant toutes les deux semaines, les étudiants d’un même campus, s’étant trouvés lors de la réunion informelle, discutent d’un thème, d’un article, d’un chapitre d’un livre. L’étude théorique et l’exploration des fondements de la liberté est nécessaire pour bâtir un groupe intellectuellement solide.
La troisième étape est la constitution d’une association étudiante sur un campus. Les règlements universitaires stipulent souvent qu’il faut trois étudiants pour la constituer. Cela nécessite que les trois membres fondateurs potentiels se soient rencontrés lors des réunions informelles ou des groupes de lecture évoqués ci-dessus. Cette association étudiante combine socialisation, étude mais aussi organisation de conférences où un orateur extérieur est invité, de débats avec les autres associations étudiantes, projection de films, création d’une feuille de choux, distribution de flyers, pétitions, happenings, manifestations, constitutions de liste lors des élections étudiantes.
Les Jeunes LibDem, le mouvement de jeunesse lié au Parti Liberal Démocrate et l’Université d’Automne en économie autrichienne organisée par l’IEM, 24hgold et le groupe ESC Troyes sont les deux institutions existantes s’adressant prioritairement aux étudiants en France.
De nombreux think tanks et associations non-étudiantes défendant la liberté existent en France (IEM, IREF, iFRAP, IFP, ALEPS, Turgot, Coppet, Fondapol, etc.). Or, l'activisme libéral étudiant a rarement été lié à ces organisations. La jeunesse (opinions en évolution) et la formation des étudiants (environnement intellectuel) les rendent sensibles aux analyses des think tanks libéraux français. Les think tanks, eux, ont besoin de distribuer leurs publications et de convaincre les nouvelles générations. Les étudiants pourraient être une cible pour eux. Les think tanks pourraient échanger avec les étudiants, leur donner des livres, des analyses en format papier, proposer des speakers et des conférences sur les campus, organiser des concours de rédaction sur des thèmes libéraux avec récompenses à la clef, etc.
L’approche indirecte
Mais il est aussi possible de créer une association étudiante qui ne s’affiche pas comme libérale ou libertarienne mais qui défend certains principes-clef de liberté.
Cette approche indirecte permet à l’étudiant libéral qui la choisit, de se battre pour ses idées, tout en profitant de l’expérience, des contacts, du savoir-faire d’un réseau large et expérimenté. Cela évite aussi de se mettre à dos ses professeurs et de perdre ses amis. Cela permet surtout d’identifier parmi les étudiants intéressés par cette association indirecte ceux qui qui peuvent être potentiellement libéraux, de leur prêter des livres, de leur conseiller la fréquentation de groupes de discussion et de leur recommander des séminaires d’été.
Liberty in North Korea (LiNK, une association venant en aide aux réfugiés de Corée du Nord et dénonçant le cauchemar que ceux qui n’ont pas fui vivent encore) propose aux étudiants de créer un chapitre dans leur lycée ou sur leur campus. Il n’en existe pour l’instant aucun en Europe. Des organisations similaires (comme Free Belarus Now!) existent pour la Biélorussie, la dernière dictature d’Europe. Il y a là une énorme opportunité pour les libéraux de prendre les devants.
Students in Free Entreprise (SIFE) est une association mondiale où entreprises et étudiants coopèrent pour montrer comment l’entreprenariat permet d’éradiquer la pauvreté. L’animation de chapitre de SIFE sur le campus d’une université en gestion ou dans une école de commerce est la raison d’être de l’association.
L’association Ashoka est comparable, mettant plus l’accent sur l’entreprenariat social, ce qui serait plus adapté dans d’autres types d’université.
Amnesty International (militant pour le respect de la déclaration universelle des droits de l’homme, pour la libération des prisonniers d’opinion, l’abolition de la torture et le respect des droits civils, économiques et politiques) propose aux étudiants de créer une Antenne Jeunes dans leur lycée ou sur leur campus.
L’association Act on a dream de l’université d’Harvard sensibilise à la déportation d’étudiants étrangers en situation irrégulière. L’immigration est un excellent moyen d’aborder de très nombreux domaines ou les libéraux ont la solution aux problèmes posés par l’État planificateur et sécuritaire. Pourquoi ne pas ouvrir une association similaire sur votre campus ?
Et maintenant ?
J’ai identifié plus de 10 jeunes étudiants libéraux et libertariens, disséminés partout en France et tentés par l’activisme. Je propose d’organiser en août 2012 un séminaire de formation intensive destiné à ceux qui seraient motivés pour créer en septembre prochain un groupe étudiant défendant la liberté de manière directe ou indirecte dans leur ville ou sur leur campus. La formation, en petit comité, sur deux jours, sera assurée par des étudiants expérimentés français et européens (ESFL, LVSV, etc.) qui ont surmonté les difficultés et réussi sur leur campus.
Si vous pensez qu’il faut s’organiser pour bâtir une société plus libre ; si vous pensez que les actions ponctuelles sont positives mais qu’elles ne permettent pas de déployer notre message sur le long terme ; si vous croyez que la diffusion d’une conscience libérale passe par un patient travail d’organisation ; si vous êtes étudiant et que vous voulez promouvoir vos idées, je vous invite à me contacter en m’envoyant un email à alexkorbel at gmail point com.
C’est souvent devant l’obstacle que l’on se révèle. Donnons le meilleur de nous-mêmes à défendre la meilleure des idées.