Il a désormais un nom et une apparence. Le futur bâtiment qui trônera en bord de Garonne sur le site des abattoirs a été dévoilé hier.
Dessinée par l’audacieuse agence d’architecture danoise BIG, cette grande arche en pierre s’appellera « Méca », pour Maison de l’économie créative et de la culture en Aquitaine. Le bâtiment, commandé et financé (à 90%) par le conseil régional, est destiné à réunir en un seul site les agences culturelles de la région : le Frac (fonds régional d’art contemporain, aujourd’hui installé aux Bassins à flot), l’OARA (office artistique de la région Aquitaine, actuellement au Molière près de Saint Christoly) et l’Ecla (Écrit, cinéma, livre, audiovisuel, installé à Bègles). Il s’élèvera tout près de la gare Saint-Jean, dans le périmètre du futur quartier Euratlantique, au pied du pont ferroviaire. Depuis l’annonce de sa création, puis celle du choix de cette agence de Copenhague très en vue, l’impatience était grande de découvrir l’apparence du bâtiment. Le président du Conseil Régional Alain Rousset avait posé les enjeux : créer un « geste architectural fort » (en clair, un bâtiment qui marque les esprits) mais dans la limite d’une enveloppe financière raisonnable (52M€, dont 48M€ payés par la Région, 4M€ par l’État) et surtout dans le respect des besoins techniques de ces trois agences au champ d’action très différent. Hier, c’est donc le patron de BIG lui-même, le jeune et charismatique Bjarke Ingels, qui est venu présenter le projet.
Une arche en pierre
Sur un terrain de 10 000 m2 situé sur le quai de Paludate (côté pont Saint-Jean), la Méca ressemblera à une arche massive, un quadrilatère posé en bord de fleuve et percé en son centre. Sa structure sera en béton mais les façades seront en pierre blonde de Bordeaux, qui a beaucoup séduit les architectes. On y accédera par de longues montées en pente douce, qui mèneront à cette « chambre » centrale, l’ouverture au centre du bâtiment. D’un côté sera installé l’Oara doté d’un théâtre, de l’autre l’Ecla avec ses salles de travail, d’enregistrement ou de projection. Tout le haut du bâtiment abritera le Frac, ses magasins d’entreposage des œuvres et ses salles d’exposition. Une immense terrasse sera ouverte sur un côté du bâtiment, avec une vue imparable sur la ville. En dessous de la dalle, les parties communes : foyer, restaurant etc. La façade en pierre, d’apparence régulière, sera percée d’ouvertures discrètes le jour, comme une trame, mais qui donneront un visage très différent au bâtiment la nuit. Bjarke Ingels imagine la « chambre » centrale ainsi que les abords du bâtiment comme des lieux où pourront être organisés spectacles, projections…
Paludate-Bacalan
La Méca, qui mesurera 28 m à son point le plus haut s’intégrera dans un quartier en profonde mutation. À proximité, « un autre pôle culturel et un établissement d’enseignement supérieur pourraient s’installer » expliquent les services de la Région, soucieux de ne pas trop en dire. L’architecte danois n’a pas ces scrupules (ou n’a pas été mis au courant de la nécessité de garder le secret), puisqu’il a parlé hier soir ouvertement de la venue d’Arc en rêve et de l’école d’architecture. En tout cas, le bâtiment doit devenir un symbole architectural fort du renouveau de Bordeaux, et devenir le pendant sud du futur Centre touristique et culturel du vin qui sera construit aux Bassins à Flot. Comme le dialogue entre deux quartiers historiques de la ville, en pleine transformation. La Méca pourrait ouvrir ses portes fin 2015. • SL
La passerelle dans
le collimateur
Alain Rousset a profité de la présentation de la Méca hier pour dire tout le mal qu’il pense de la passerelle Eiffel, qui ne sera finalement pas démolie. Pour lui c’est un « pont branlant », « une horrible passerelle qui va boucher la vue sur la Méca. Il est hors de question que la Région mette un centime dans cette horreur qui, un jour, va finir par tomber dans la Garonne ».