Tous ceux qui l’on vécu vous le diront : être cambriolé est une expérience atroce et on a l’impression de s’être fait voler, en plus des objets utiles ou aimés, son intimité, sa vie privée.
C’est encore pire pour les époux Ransome puisqu’en rentrant de l’opéra ce soir-là, ils se retrouvent devant un appartement vide. Oui vide, totalement. Il ne reste rien de leurs objets, de leurs meubles, de leur vie. Tout a disparu. La hifi chérie de monsieur comme ses chaussettes. Les bijoux de madame et toutes ses tenues. Même la moquette et les rideaux. Et le papier toilette…
Ce couple empêtré dans ses conventions snobes de petits bourgeois va réagir différemment. Madame, effondrée au départ, ce que l’on comprend, va finir par surmonter cette épreuve et même y trouver du bon. Cela la force à sortir de chez elle, à faire reculer les stupides barrières qu’elle a elle-même érigées autour d’elle, selon les lois non écrites du savoir-vivre et du savoir-être de son monde factice aux œillères. Elle va oser entrer chez l’épicier pakistanais du coin, et même acheter des meubles d’occasion… Le grand vide autour d’eux lui fait prendre conscience du vide qui régnait en maître dans sa vie alors qu’elle avait tout du point de vue matériel. Elle semble émerger d’un long sommeil et découvrir la vie et se rend compte que leur mode de vie n’était pas si extraordinaire que ça, et surtout qu’elle s’ennuyait. Et qu’elle n’a rien à dire à son mari, avec qui elle ne partage rien depuis bien longtemps.
Monsieur Ransome de son coté rêve au futur matériel hifi ultra sophistiqué qu’il va pouvoir s’offrir avec la prime de l’assurance. Mais ne change pas un iota à sa façon de voir les choses, même s’il vit maintenant dans un appartement vide de tout. Il voudrait que son épouse rachète tout le nécessaire afin de reprendre tranquillement le cours de sa vie, déjà bien bousculé par cet évènement.
L’écart se creuse dans ce couple, qui cohabite sans rien partager vraiment et est englué dans ses habitudes. Jusqu’au jour où les époux Ransome retrouvent leurs meubles dans un entrepôt…
Une petite histoire bien sympathique, satire des couples petits bourgeois englués dans leurs idées bornées et rétrogrades et leurs conventions ridicules. Un roman amusant, avec un humour british tout en délicatesse, mais qui m’a moins plu que La reine des lectrices. J’aurais aimé un peu plus de mordant, de méchanceté, une critique un peu plus appuyée de ces époux Ransome. Voilà donc une lecture détendante et agréable, mais je suis un peu restée sur ma faim…
Un roman lu également par Amanda, Cachou, Restling, Enna, Lystig, Sandrine, Saxaoul, Voyelle et consonne, Mango, Lou...