Suite à la seconde guerre mondiale, de nombreux régimes communistes et nationalistes s’imposent en Europe. L’Albanie, alors au sein d’un monde divisé par la guerre froide, voit l’arrivée au pouvoir du dictateur Enver Hoxha. Ardent nationaliste, celui-ci rompt à la mort de Staline les relations avec l’URSS et devient le leadeur d’un état autosuffisant.
En 1996, un film intitulé « Kolonel Bunker » par Kujtim Cashku, retrace la vie de Muro Neto, militaire chargé par Enver Hoxha de défendre le pays de l’invasion par « l’ennemi invisible ». Il est le grand décideur de la bunkerisation de l’Albanie. Vu à travers l’oeil de sa femme, qui assiste impuissante à la montée de la folie paranoïaque de son mari, le film est éloquent quant au contexte historique et à la place de ces « champignons de bétons » dans le paysage albanais.
Un petit Burger ?
Dans cette volonté d’indépendance idéologique et face à la paranoïa constante d’une possible invasion étrangère, l’Albanie voit sortir de terre entre 1950 et 1985 environ 750 000 bunkers, soit un pour quatre habitants. La taille relativement réduite et la simplicité architecturale de ces édicules font depuis lors partie de son patrimoine bâti. Des plus hautes montagnes du pays jusqu’à la côte adriatique, « les champignons de béton » comme on les appelle, témoignent d’un temps révolu où la folie d’un homme dépasse les besoins d’un peuple.
Bunkers dans la campagne albanaise
Il a fallu bien plus d’une décennie pour atténuer dans la mémoire collective le souvenir de la dictature d’Enver Hoxha, il a été facile de faire tomber les statues et de brûler les photographies, mais difficile de décider du sort de ces ubuesques abris. Difficiles à détruire, coûteux à démanteler, ils forcent à la reconversion.
Mushroom hotel room- credit Abitare / Photo postée sur Flickr par Adnan Asllani.
Ils deviennent aujourd’hui des lieux aux entités plurielles. Leur devoir militaire terminé, ils sont aujourd’hui des « coins » pour rendez-vous galants, des maisons pour des milliers de réfugiés, des poulaillers, des kiosques, des bars, des discothèques, des hôtels, des églises… L’objet architectural ingrat se charge de poésie. Les projets fleurissent avec l’ouverture du pays. Transformer ces reliques de souffrances en entités paysagères identitaires ou accepter de privilégier l’abandon à la récupération est sans doute l’enjeu politique suscité par ces constructions insolites.
Étant donné leur nombre, la question de demain est sans doute davantage dans un inventaire pertinent des unités à réutiliser que dans leurs destinations.
Le lien pour la bande annonce : ici
Mots-clés : Albanie, Architecture, bunker, Champignons de Bétons, Enver Hoxha, Histoire, Objet Architectural, URSS
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