S'appuyant sur un rapport de l'Inspection générale de la ville qui dénonce certaines dépenses de Mireille Flam, ex-adjointe de Delanoë aux marchés publics, dans son rôle de présidente de la Sogaris, antenne de la ville de Paris à Rungis, l'hebdomadaire Capital ne se fait-il pas l'instrument d'une politique d'éviction d'une élue carbonisée par ailleurs, pour une affaire bien plus gênante ?
Comme tant d'autres, le rapport en question roupillait dans les bacs de l'Inspection de la ville, service dont il ne faut jamais perdre de vue qu'il n'est pas indépendant du maire. Les sociétés d’économie mixte de la ville de Paris serviraient-elles à assurer un train de vie confortable aux proches de Bertrand Delanoë ? C’est l’impression que laisse un rapport rendu au maire de Paris par son inspection générale en décembre dernier. Titré «audit du train de vie des SEM», ce document confidentiel s’intéresse à la gestion de la Sogaris (Société de la Gare routière de Rungis), un établissement chargé de louer 52 entrepôts situés à Rungis, Roissy, Lyon ou encore Marseille.
Les enquêteurs s’y montrent particulièrement sévères à l’égard de la présidente du conseil de surveillance de la Sogaris, Mireille Flam, une ancienne adjointe au maire de Paris, n’hésitant pas à écrire qu’«il n’existe aucun contrôle de la part du conseil de surveillance»… Ils lui reprochent notamment de ne pas contrôler les dépenses payées par les dirigeants de la Sogaris au moyen de leur carte de crédit professionnelle. Mireille Flam botte en touche : «Le comité d’audit de Sogaris, se défend elle, n’a pas demandé aux dirigeants de lui présenter les pièces justificatives, comme les factures de restaurants».
L’Inspection générale, dans ce rapport, constate que la Sogaris verse à sa présidente 15 245 euros par an pour assister chaque année à quatre réunions du conseil de surveillance. Alors qu’elle n’occupait pas de fonction exécutive, elle disposait aussi d’un véhicule de fonction, qui a coûté 6 523 euros en 2010 à la Sogaris, mais elle l’a rendu à la société en décembre dernier. Elle se servait d’ailleurs très peu de cette Citroën C5 et se faisait rembourser ses courses de taxis dans la capitale.
Loin de nous l'idée de ranimer cette pauvre Flam. Certes, sa situation n'est pas très exemplaire. Cela étant, la rétribution des présidents de Sem est la même pour tous et il n'est pas rare que certains ne soient guère plus présents dans les locaux de leurs sociétés que cette Flam vacillante.
Les inspecteurs de la ville s’interrogent aussi sur des frais de déplacement de Mireille Flam (pour 9 595 euros en 2010), notamment de deux voyages, à Shanghaï et à Buenos Aires. Sa réponse prête à sourire : «Je suis allée voir un bâtiment luxembourgeois particulièrement remarquable sur le plan du développement durable». A Buenos Aires, elle est allée assister au congrès de l’association «Villes et ports» dont la Sogaris est membre.
Mais enfin, ce genre d'équipées touristico-administrative est fréquent à ce type de poste. Pas de quoi éteindre une Flam.
L'hypothèse d'un procès en sorcellerie n'est donc pas à exclure car cette ancienne présidente de la Commission d’appel d’offres de la ville et du département de Paris, nommée en 2001 par Bertrand Delanoë a attribué un marché de traitement des déchets à Derichebourg en 2005, alors que son concurrent Epes était mieux-disant. Au terme d’une enquête pour corruption, Mireille Flam a été mise en garde à vue et en examen pour favoritisme. La ville a été condamnée par le tribunal administratif à verser 1,3 million d’euros de dommages et intérêts à la société lésée et Delanoë entendu par la brigade financière : voir les articles du Delanopolis notamment ICI.
Sans vouloir servir de Saint Bernard aux élus malmenés, on peut penser que ce rapport, qui épingle des fautes vénielles, tombe à pic pour se démarquer de quelqu'un qu'il est bien utile d'accabler sur des dossiers périphériques ...