Les débutantes

Par Mathylde

« (…) Cela représentait à la fois un bonheur et un fardeau pour la femme moderne que de se voir accorder des choix, des choix infinis. »

A  regarder la couverture des Débutantes , pleine de fraîcheur, d’enthousiasme et d’innocence, on a l’impression qu’on s’apprête à lire un livre d’été, comme on savourerait un ours à la guimauve ramolli par le soleil. Pourtant (et heureusement !) on est loin du chamallow écœurant !

L’histoire commence comme un roman « facile ». Quatre jeunes adultes, Bree, Celia, April et Sally se rencontrent à la fac, sur un campus un peu particulier, celui de l’Université féminine de Smith, lieu mythique des Etats-Unis connu pour les engouements féministes de ses étudiantes.

Faute de pouvoir faire des rencontres masculines, une forte amitié se noue entre ces quatre filles. Il y a Bree, la jeune ex-fiancée tiraillée entre son envie de contenter sa famille et son désir pour sa petite amie, Sally, préoccupée par la question de la maternité, Celia, la battante, toujours prête à réconforter celles qui en ont besoin et enfin April, personnage haut en couleurs, incarnation exubérante du féminisme et tête brûlée.

Roman d’apprentissage, de la fin de l’adolescence à l’âge adulte, Les Débutantes, sous des allures légères, s’interroge sur la place de la femme dans la société contemporaine, sur l’importance de la figure de la mère (les morts maternelles réelles ou symboliques sont présentes pour trois des quatre personnages principaux) mais aussi sur la sexualité. En effet, Smith étant une université exclusivement réservées aux femmes, les jeunes étudiantes se rabattent sur d’autres filles, en attendant, ou non d’ailleurs, celui qu’elles épouseront.

La question de l’engagement, au nom d’une cause, ici le féminisme, est également creusée grâce au personnage d’April, dont l’abnégation est quasiment sans bornes et occupe une partie importante du récit.

Bien sûr, c’est le thème de l’amitié, central dans le roman, qui est le plus développé. J. Courtney Sullivan met en lumière la difficulté à accepter le franchissement d’étapes importantes (la question de la maternité ou le mariage) ou le changement chez celles avec qui on a pu partager une certaine insouciance sur les bancs de la fac.

Un roman surprenant, assez grave malgré une apparente simplicité.

J. Courtney Sullivan, Les Débutantes, éditions Rue Fromentin, Mai 2012, 22 euros

Traduction de Frédéric Collay & Anne-Laure Paulmont