Évidemment, l’air raréfié dans lequel se passe tout cela pourrait nous convenir à merveille. Nous avons tout pour aimer cette pureté enrobée de limites abstraites, cette singularité éthérée tournant autour de la quintessence, cette aptitude à vouloir frayer avec les hauteurs, cette joliesse exosphérique où tout semble tomber de bas en haut. Pourtant, nous ne serons pas vraiment séduits, car si cette musique flotte bien haut, tellement haut, elle en vient à manquer de lumière. C’est le risque à prendre lorsque l’on dépasse la Ligne de Kármán, tout devient d’un vide sans lumière , l’on ne croise pas plus d’oiseaux que d’humains, il n’y a plus de viscosité, plus de frottements, plus de corps … On préférait un corps et une « âme » ensemble et jamais séparés, on préférerait plus de lumière, il y en a dans les rideaux, c’est presque enfin l’été, les oiseaux commencent à rechanter et des flots d’humanité grasse s’échappent par les fenêtres entrouvertes. Il est trop facile de s’oublier humain en étant trop aérien, il n’est pas facile d’être Nick Drake à la place de Nick Drake non plus.
P.-S. Cela dit 10 titres c’est beaucoup moins que les 22 titres du nouveau Sun Kil Moon, c’est pourtant la même chose, aérienne et jolie, mais en moins long.