Vingt ans après le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement qui avaient réuni 173 chefs d’état, les grands dirigeants de ce monde s’apprêtent à se réunir à nouveau, au même endroit, pour dresser le bilan de 20 ans de développement durable et renouveler des engagements destinés à changer les trajectoires de l’humanité…Rassemblement doté de grands enjeux pour certains ou énième conférence sans impact pour d’autres, Rio+20 se déroulera du 20 au 22 juin et déjà, en amont, de nombreuses discussions préliminaires, présentations d’initiatives de collectifs et pistes de réflexion en provenance de tous les horizons, géographiques et thématiques, ont été entamées.
“Il s’agit de créer une feuille de route qui mène au développement humain universel, sans dépasser les limites écologiques de la planète”, pour le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Pour Nicolas Hulot, “C’est l’humanité qui joue son avenir maintenant que nous sommes dos au mur” et pour Maud Fontenoy, porte-parole à l’Unesco pour les Océans, “Il faut inventer le monde de demain de telle sorte que l’homme soit en harmonie avec la nature“. Quant à Bettina Laville, co-fondatrice du Comité 21 et créatrice du mouvement “Vraiment Durable”, “il faut stopper les objectifs et les remplir maintenant !“.
Si la première édition avait contribué à prendre conscience des enjeux en matière de développement durable, pour l’heure, à celle de Rio+20, il sera plutôt question de se mettre tous en marche, pays du nord et du sud, et de passer concrètement à l’action. Du moins, ce sont les attentes et les espoirs émis par les futurs participants, côté français, qui entendent bien également mettre en valeur les expériences et co-constructions déjà réussies, de les faire partager pour insuffler un vent d’optimisme. C’est d’ailleurs ce que propose le Pavillon France Rio+20, plateforme d’échanges et de rencontres, mise en place depuis le 13 juin dernier (que l’on peut suivre ici).
Du 13 au 15 juin devaient se retrouver les négociateurs du texte de la déclaration qui doit être adoptée à l’issue du sommet, pour laquelle il faudra trouver un consensus général. Deux principales thématiques seront au coeur des débats de ce grand rassemblement intergouvernemental, l’économie verte dans un contexte de développement durable et d’éradication de la pauvreté, et la gouvernance internationale du développement durable. Deux nouveaux sujets par rapport à 1992 où l’accent avait été mis sur la lutte mondiale contre les changements climatiques, l’érosion de la biodiversité et la désertification.
Concernant l’économie verte – terme qui fait déjà débat par son caractère, à la fois économique et environnemental, laissant peu de place à la dimension sociale, mais également controversé pour la notion de croissance qu’il évoque dans un contexte de planète aux limites physiques évidentes - la question centrale reposera sur la transition vers un nouveau modèle de croissance basé sur des énergies renouvelables, une gestion raisonnée des ressources, accessible aussi bien aux pays développés qu’aux pays émergents.
En matière de gouvernance, il s’agira d’établir un cadre institutionnel global à la protection de la planète, pour lequel la France réclame la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement (OME), au même titre que l’OIT. Avec notamment le sujet brulant de la protection des océans, en phase de devenir une poubelle géante (pollutions pétrolières, amoncellement de déchets, etc.) et une proie de plus en plus sensible à la pêche industrielle intensive.
Il sera aussi question de trouver et ou de valider de nouveaux instruments de mesure de la croissance de nos pays, avec la proposition d’indicateurs du bien-être, “de la qualité environnementale, de l’efficacité des politiques sociales, ou encore des inégalités”, au delà du PIB, comme l’insinuait notre nouveau Président de la République, lors du lancement de Rio+20 par le Club France à La Villette vendredi dernier. Retrouvez d’ailleurs à ce propos l’engagement de la France pour l’environnement à travers un article sur le site de Youphil.
Autre nouveauté de cette conférence par rapport à sa précédente version, au delà des 193 États membres de l’Organisation des Nations Unies qui seront présents, tous les acteurs de la société civile participeront, collectivités territoriales, entreprises, syndicats, ONG, associations, communauté scientifique et citoyens, soient 50 000 personnes attendues.
En attendant de connaître le dénouement de ce sommet, vous pouvez suivre le fil de l’actualité de Rio+20 sur le site Youphil.