Le groupe B a rendu son verdict. Alors que les Pays-Bas devaient créer la surprise pour se qualifier, ceux-ci ont montré un visage bien trop séduisant pour espérer rencontrer la République Tchèque en quart. C’est ainsi que la Portugal en a profité pour l’emporter grâce à un Cristiano Ronaldo pleinement retrouvé.
Cédant à la pression populaire et au boudage du concerné, Bart Van Marwijk avait décidé de titulariser le prolifique Klaas-Jan Huntelaar à la pointe de l’attaque au détriment d’un Robin Van Persie obligé d’évoluer en neuf et demi. Ce changement dans la composition de départ ne fut pas le seul puisque Van Bommel est sacrifié pour Van Der Vaart, joueur plus tourné vers l’avant et au profil de relayeur. En défense aussi, John Heitinga laisse sa place à Vlaar. Rien de bien rassurant. Du côté portugais, rien ne change, Helder Postiga est toujours titulaire en pointe faute de mieux et Rui Patricio garde toujours les cages, faute de mieux.
Dès le début du match, on sent que les hollandais ne sont pas venus pour rien et qu’ils vont jouer leur va-tout. En effet, ils rentrent directement dans le vif du sujet, comme Emile Louis avec ses victimes, et les portugais sont bousculés. Mais en bons adeptes du mur, les lusitaniens défendent bas face à des Oranje ultra-offensifs. Les seules chances du Portugal à ce moment-là du match sont de marquer sur un contre. Et c’est ce qui ne va pas se passer puisque qu’après une ou deux situations chaudes dans la surface de Patricio, c’est Rafael Van der Vaart qui va ouvrir le score d’une magnifique frappe enroulée d’en dehors de la surface. Sa copine Sylvie est heureuse, donc nous aussi. Les Pays-Bas sont donc sur la bonne voie et veulent aller chercher cette qualification improbable.
Mais malheureusement pour Dave et ses compatriotes, le Portugal va se réveiller et les occasions vont s’abattre sur le but de Stekelenburg. Cristiano Ronaldo, par deux fois, et Helder Postiga manque l’immanquable. La pression est de plus en plus forte, les néerlandais sont d’un coup beaucoup plus faibles, beaucoup plus vulnérables, sans doute à cause de leur défense passoire constituée d’un puceau, d’un ancien espoir qui n’explosera jamais et de deux camping-car bien lourds. Et les doutes émis sur cette défense vont se confirmer puisque Cristiano Ronaldo, à son aise depuis dix minutes, égalise à la 28ème minute grâce à une passe décisive de Joao Pereira « à montrer dans les écoles de football ». Les pendules sont remises à l’heure, on sent les coéquipiers de De Jong au bord du précipice. Ils ont désormais perdu la foi. Et comme ils n’ont pas les seins refaits d‘Ophélie Winter pour rebondir hors du trou, les hollandais s’enfoncent un peu plus, perdant la bataille du milieu. Le Portugal regagne les vestiaires requinqué et en pleine confiance. Dans la rue, les premiers coups de klaxon, eux, se font entendre. La nuit promet d’être longue.
Mais la reprise des hostilités semble plus équilibrée. La seleccao peut se contenter de ce match nul qui l’envoie en quart de finale, les Pays-Bas qui sont éliminés avec ce score ne poussent pas plus que cela pour une seule bonne raison : ils n’ont pas les armes adéquates. Pas du tout créatifs, sevrés de ballons, les joueurs offensifs de la KNVB ne pèsent plus rien. Ils souffrent en tout cas de la comparaison avec Cristiano Ronaldo et Nani, qui eux, brillent de mille feux. Et à la 60ème minute, Helder Postiga pousse le ballon au fond des filets suite à un beau travail de Ronaldo, encore lui. Malheureusement pour les moustachus, Postiga est sifflé hors-jeu. Cependant, ce n’est que partie remise dans la mesure où Cristiano donnera l’avantage aux siens quatorze minutes plus tard après un contre rondement mené par Nani. Ce but intervient alors que les Pays-Bas ont changé de disposition tactique. En effet, Van Marwijk, voyant bien l’utilité de jouer le tout pour le tout avait fait sortir le latéral Willems pour l’ailier Afellay. Ainsi, les hollandais ne jouaient plus qu’à trois défenseurs. Devant, Afellay avait permis à Van Persie de retrouver la pointe de l’attaque mais rien n’y fit. Les portugais étaient bien trop forts ou les hollandais étaient bien trop faibles. Au choix. La suite et la fin du match sera un jeu de flipper, tantôt noires, tantôt rouges, les occasions ne finiront pas au fond , la faute à une maladresse ambiante. Mais ce n’est pas grave pour tout le monde. Cette petite victoire suffit amplement à des portugais qui infligent à leur adversaire du jour une troisième défaite en autant de match.
D’un côté, les néerlandais quittent la compétition tête basse alors que les lusitaniens peuvent regarder vers l’avenir. Une place en demie-finale leur est déjà pratiquement réservée…
LES NOTES
PAYS-BAS :
Stekelenburg (7) : fusillé à deux reprises par Cristiano Ronaldo, il a tenu la baraque le reste du temps. Sans lui et ses parades, les Pays-Bas en auraient pris 8 et ils seraient éliminés. Quoi, les Pays-Bas sont quand même éliminés ?
Willems (5) : dépucelé face à l’Allemagne, les portugais se sont acharnés sur lui. Mauvais relanceur, trop fougueux et trop inconstant offensivement, Willems est pourtant déjà un dur comme le prouve son tacle les deux pieds décollés sur Moutinho. L’entraîneur hollandais a préféré mettre fin au supplice de son joueur en le faisant sortir pour Afellay à la 67ème minute. Malheureusement, le barcelonais ne s’est pas montré à son aise.
Mathijsen (4) : lent et trop souvent dépassé. Comme une 4L sur l’autoroute.
Vlaar (4) : lent et trop souvent dépassé. Comme une Renault 21 chargée à bloc en direction du bled.
Van Der Wiel (3) : le Barça, le Real, Chelsea le désirait il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, il risquerait plutôt de rejoindre l’Apollon Limassol ou Zeljeznicar tant sa prestation fut accablante de nullité. Cristiano Ronaldo a été sans pitié avec le pauvre VDW, le débordant sans cesse.
De Jong (5.5) : privé de Van Bommel à la récupération, De Jong a vite été débordé par cette tâche trop imposante pour un seul joueur.
Sneijder (5) : qu’il est loin le Sneijder de 2010. Perdu et effacé, son génie n’est apparu qu’à de trop rares occurrences. Désormais, il est en vacances. Ses claquettes, son bob et son camping-car l’attende. La semaine prochaine, c’est direction le Camping des Coquelicots à Royan pour lui.
Van Der Vaart (6.5) : un si beau but mérite à lui seul une bonne note. Parce que pour le reste il fut plutôt timoré, disparaissant au fur et à mesure que le match avançait..
Robben (4.5) : si Ribéry connaît un certain renouveau en équipe de France, ce n’est le cas d’Arjen. Comme si sa passe décisive pour Van Der Vaart suffisait, il s’est arrêté de jouer laissant à l’abandon toute son équipe. Durant tout cet Euro, il n’a pas tenu son rôle, celui de super-star hollandaise.
Huntelaar (2) : Porté disparu. Comme Marion et Maddy. Sauf que lui n’est pas mort et il ressortira de sa tanière une fois de retour en club.
Van Persie (3) : obligé de supporter un Huntelaar avec lequel il n’a pas l’habitude de jouer, Van Persie n’a pas joué au poste qu’il aime tant. Celui de numéro 9. Et cela s’est ressenti sur son jeu qui avait perdu toute folie et tout instinct.
PORTUGAL:
Rui Patricio (5) : il doit avoir des mains en plâtre et des pieds en brique. En tout cas, il n’y a que cela qui puisse expliquer ses sorties aériennes mitigées et son jeu au pied défaillant. Il ne peut rien sur le but de Van Der Vaart.
Joao Pereira (7) : sa magnifique passe décisive sur le premier but restera l’un des plus beaux moments de cet Euro et de sa carrière. Autrement, il ne fut presque jamais inquiété par les hollandais.
Pepe (6.5) : rien de nouveau pour ce joueur qui livre la même partition à tous les matchs. Avec lui, il n’y a que très peu de surprises. Car oui, Pepe est l’un des meilleurs défenseurs du monde. Fuck.
Alves (6) : jouer avec le meilleur défenseur du monde facilite forcément la chose mais ça ne fait pas tout. La preuve, regardez Souleymane Diawara, il joue tous les week end avec le deuxième meilleur défenseur du monde mais ce n’est pas pour autant qu’il est irréprochable. Bref, tout ça pour dire qu’Alves est meilleur que Diawara.
Coentrao (6) : bien meilleur dans cet Euro qu’avec le Real, Coentrao a bien combiné avec Cristiano Ronaldo. Mais c’est normal, ils ont le même coiffeur.
Veloso (5.5) : légèrement fautif sur le but hollandais où il met un peu de temps pour aller au pressing, Veloso s’est bien rattrapé par la suite. Il a gagné haut la main son duel à distance avec De Jong.
Raul Meireles (5.5) : des longues courses, des petites courses, des lentes courses, des courses rapides, des courses dans le vide, des courses avec récupération du ballon. Bref, Meireles a fait des courses. Custodio le remplaça à la 72ème minute.
Moutinho (6.5) : comme un pilote de chasse, Moutinho vise juste, voit bien et fait des dégâts. Organisateur du jeu portugais, c’est lui le chef de chantier.
Nani (7) : le mancunien a enterré, déterré, enterré, déterré, enterré, déterré le pauvre Willems. Face à cette adversité bien faible, Nani s’est baladé. Mais il a tellement paru facile qu’il en a oublié de marquer, pourtant les occasions, il les a eu. Paulo Bento fera un changement à forte connotation défensive en le faisant sortir au profit de Rolando à la 87ème minute.
Cristiano Ronaldo (8) : ses deux buts font bien plus de mal aux hollandais qu’un fist d’Edward aux mains d’argent. Profitant des nombreuses erreurs défensives, se servant des caviars de son équipe et grâce à ses énormes qualités personnelles, il a coulé le navire hollandais à lui tout seul. 12 tirs, 86% de passes réussies, ses stats sont impressionnantes. Enfin.
Postiga (3) : véritable fantôme, on se demande tous s’il va bientôt tomber amoureux de Wendy. La suite au prochain épisode. Logiquement, il céda sa place à Nelson Oliveira à la 64ème minute. La volonté de celui-ci ne sera cependant pas suffisante pour lui permettre de marquer.