Se réveiller une nuit le corps soutenu l'esprit aux aguets
Se réveiller une nuit, donc, je disais. Seule. Pas plus mal, comment j'aurais pu sortir l'ordi?
Pas un bruit, pas une lumière. Le chat baille, je l'entends d'ici.
Se délecter de ce silence. Silence des autres : leurs pollutions sonores, leurs grands et petits gestes, leurs arrières pensées, leurs grimaces, leur lourdeur. Silence de la nature : sa beauté, sa force. Nuit noire, quelque chose m'a réveillée.
Demain, dans quelques heures, tout recommencera, et j'oublierai. Ou plutôt, je ferai semblant d'oublier que la vie n'est pas là bas, mais maintenant, ici, seule dans ce lit, dans le profond de mon ventre, à l'écoute des murmures de mon âme - à moins que ce soit le voisin qui ... non, pas un bruit.
Dans le profond de mon ventre, il y a tous mes désirs.Il y a une peine lasse qui anticipe le manque de ne jamais les satisfaire.
Il manque l'Homme.Celui qui, celui là.
On m'a dit : trop exigeante, trop occupée, sort pas assez, trop gentille, pas assez tolérante, trop pressée, toujours pas casée ?! Le bruit des autres, pour couvrir leur vide intérieur. Mon vide est plein d'un désir qu'ils ne peuvent pas comprendre. Ils me peinent, à me juger, me bousculer, me tirer, me pousser, me salir, me transformer. Mon désir du fond de moi, je ne leur laisserai pas approcher, ils n'en feraient qu'une bouchée, les pavillon-scénic. Les accomplis-frustrés. Les fais-comme-moi, que-je-me-sente-moins-con. Les jalouses-mal mariées.
Celui qui, celui là.
Des amours, j'en ai eu. Des que j'ai cru éternels, dès que je ressens encore éternels. Des hommes dont le souvenir me fait encore rire, frémir, jouir. Des amours, j'en aurai d'autres.
Il manque, celui qui, celui là.
Il ne ressemble à rien, il est ma peau, mon sexe, mon énergie, mon silence.
Il m'a réveillée, cette nuit.