Patti Smith n’avait pas sorti de disque depuis Trampin’ en 2004 (l’album Twelve de 2007 étant constitué de reprises d’autres artistes), c’est donc avec impatience et curiosité que j’ai abordé son nouvel opus. Or, à ce jour et après plusieurs écoutes, je ne sais toujours pas quoi penser de ce Banga.
Rassurez-vous, le disque n’est pas mauvais, d’ailleurs Patti Smith pourrait-elle faire un disque réellement mauvais ? Mais globalement, on reste un peu sur sa faim, avoir attendu huit ans rend le client exigeant. Il semblerait à la lecture des notes du livret inclus dans le CD que les morceaux de l’album aient été écrits avec Lenny Kaye son guitariste, lors d’une croisière d’une dizaine de jours en Méditerranée. Est-ce le décor propice au farniente qui se ressent à l’écoute de ce Banga, en tout cas il s’en dégage une ambiance émolliente ou, pour le dire un peu méchamment, une sensation de mollesse qui atténue la satisfaction escomptée.
Pour autant, les morceaux pris séparément sont agréables. Maria est dédiée à son amie décédée, l’actrice Maria Schneider (Le dernier Tango à Paris avec Brando), Nine a été écrite pour l’anniversaire de Johnny Depp, This Is The Girl est un hommage à Amy Winehouse et Fuji-san en mémoire des victimes du tremblement de terre au Japon. On le voit, Patti Smith est toujours fidèle en amitié et attentive aux périls de ce monde.
Autour d’elle, son groupe habituel (Lenny Kaye, Jay Dee Daugherty, Tony Shanahan) mais aussi Tom Verlaine pour le solo de guitare sur April Fool et Nine, Jackson Smith son fils, guitariste sur plusieurs morceaux, Johnny Depp guitare et batterie sur Banga et quelques autres musiciens venus prêter main forte. Patti Smith chante très bien, la voix est chaude et bien posée, peut-être même est-elle à un niveau jamais atteint, la sérénité de l’artiste qui maîtrise parfaitement son art.
Le disque se clôt sur une bien belle reprise d’un classique de Neil Young, After The Gold Rush, enrichi de chœurs d’enfants. C’est très beau. Tout le disque est très beau finalement, il n’y manque que ce petit je ne sais quoi qui m’aurait permis de caser le mot « génial » dans cette chronique. En croisière sur son navire, Patti avait certainement dû oublier d’emporter son coffret à épices et c’est ce qui manque ici, un soupçon de poivre, quelques envolées énervées ou, pour en venir enfin à cette astuce foireuse que vous attendez depuis le début de cette chronique, plus de bulles dans son Banga !