de Nancy Huston
Essai - 300 pages
Editions Actes Sud - mai 2012
A trop vouloir revendiquer un certain féminisme, à trop vouloir instaurer la théorie du genre, à trop vouloir se penser libres et indépendantes de tout, les femmes et la société avec elles en oublient certains fondamentaux de la différence sexuelle entre hommes et femmes. C'est physique, c'est biologique, c'est comme ça : aux femmes la possibilité de la maternité, aux hommes les pulsions et le besoin de diversification. Bien plus qu'on ne le croit nos agissements à nous autre les femmes seraient dictés par notre reflet dans les yeux des hommes. A travers son expérience, celles de connaissances, hommes ou femmes, de personnalités comme Marylin Monroe ou Anaïs Nin, de la représentation des femmes au travers de la photographie, la pornographie, les faits divers, Nancy Houston tente d'argumenter sa réflexion.
....tente seulement mais y parvient-elle ? Pas sûr du tout. Si sa thèse peut être entendue, conçue, qu'effectivement, à clamer l'égalité en tous domaines entre hommes et femmes on dérive vers de grandes difficultés pour ses dernières à s'accomplir en liberté, les exemples donnent parfois à Nancy Huston le droit de conclure par des affirmations qui sont de maladroits raccourcis et qui feraient plutôt tomber sa thèse à l'eau.
Extrait :"Je sais que l'on me comprendra mal, que l'on m'accusera de prôner un "retour à la Nature" et de vouloir cantonner les femmes dans leur rôle de mère. On adore raisonner par oppositions simples et binaires - ou bien... ou bien - et déduire hâtivement que, si quelqu'un ne pense pas ceci, il pense forcément cela. Je ne dis ni que la maternité est admirable ni qu'elle est oppressante, et n'ai nulle envie de joindre ma vois à celles qui s'écharpent sur le thème de l'"instinct maternel" ; comme toute activité humaine, la maternité est complexe, multiple et contradictoire. Je fais simplement remarquer que, comme par hasard, on a éliminé de l'ensemble des imageries de l'Occident moderne l'unique singularité irréductible de la femme par rapport à l'homme. On y a tellement bien réussi qu'on n'est même pas conscient de l'avoir fait."
Bien réfléchi par moments, bien trop radical et catégorique à d'autres, Reflets dans un oeil d'homme possède les qualités d'écriture bien connues de l'auteur mais néanmoins sa lecture peut être compliquée par son fil conducteur pas forcément évident, ses affirmations abruptes parfois peu fondées qui déçoivent. Autant la lecture d'Infrarouge m'avait impressionnée par son équilibre romanesque parfait, autant Reflets dans un oeil d'homme ne me convainc pas. Je n'en garderai pas un souvenir aussi pertinent que celui de la lecture de XY, de l'identité masculine, d'Elisabeth Badinter. _____[merci à Masse Critique de Babélio !]