Aux temps de Florence et des Médicis, de saint François et du commerce à grandes distances, l’Europe a connu les richesses et l’opulence, en quelque sorte malgré elle : qu’on se souvienne des diatribes de Savonarole contre le luxe et les festons des robes des belles et perverses madones toscanes ! Aujourd’hui, des légions d’économistes équipées d’armadas informatiques prévoient non la prospérité mais la ruine, que les banques privées ou publiques organisent savamment, naturellement à leur profit.
Les solutions étudiées nuit et jour depuis presque cinq longues années font songer immanquablement aux théories systémiques de l’Anti-psychiatrie et à celles de l’Ecole de Palo Alto (Californie) où, souffrant de symptômes sévèrement perturbants de sa communication, un groupe décide de prendre précisément comme remède les causes mêmes de la maladie, en la renforçant du même coup !
Quelle maladie ? Ou plutôt : d’où provenait l’éclatante santé de l’Europe à cet égard ?
Laissant tomber le journal sur mes genoux, je songeais à Holywood, non l’annexe des bureaux de l’enfer installée dans cette vallée de Californie, Hollywood ( avec deux “l” – le diable, pour déchu qu’il soit, reste en effet un ange), mais ce magnifique château de grès rose du XVIIème, Holywood à l’architecture classique et si élégamment meublé par le Duc et la Duchesse de Buccleuch. La richesse, la splendeur, la fécondité de l’Europe, elles m’étaient apparues très simplement dans les temporalités différenciées et imitatives, souvent rivales certes, des nations et des peuples divers du Vieux-Monde. Voilà un château aux canons vitruviens, au fin fond de l’Ecosse, bâti comme une réponse tardive et écossaise à la renaissance des arts commencée en Italie quelques siècles auparavant.
Le jacobinisme sans cesse accentué de Bruxelles, nommé par anti-phrase “fédéralisme”, en niant les peuples et l’histoire, aboutit à notre ruine, comme il est, hélas, de jour en jour plus évident, mais détruira peut-être aussi les ressorts multiséculaires de notre vitalité.