Pour mémoire, le principe de la solution de Cardlytics est de présenter à l'internaute des bons de réduction, personnalisés en fonction de ses habitudes de consommation (déterminées par les transactions enregistrées sur son compte), directement dans ses relevés d'opérations bancaires. Comme il est désormais d'usage, ces offres sont associées à la carte de paiement de l'utilisateur ("card-linked offer" ou CLO) et sont automatiquement attribuées lors d'un achat qualifié, sans requérir l'impression d'un coupon ou l'usage d'un support spécifique.
Les nouvelles applications mobiles d'Intuit (pour iPhone et Android) proposent donc aux clients des banques utilisatrices de sa plate-forme de retrouver les mêmes possibilités sur smartphone, en y ajoutant quelques particularités. Ainsi, outre l'accès permanent et instantané aux promotions disponibles sur son compte, le mobinaute pourra également rechercher celles qui lui sont offertes à proximité de sa position géographique.
Selon une vaste enquête réalisée par Intuit (qu'il faut néanmoins prendre avec prudence), le marketing dans les relevés de compte a un effet visible sur les comportements des consommateurs. Par exemple, il se connecteraient plus souvent (60% plus fréquemment) sur le site de leur banque et réaliseraient plus de dépenses par carte (11 achats supplémentaires par mois). Ces chiffres auraient donc tendance à confirmer la valeur qualitative de ce type de programme pour les banques, même si celles-ci ne sont pas rémunérées directement (selon le modèle économique de Cardlytics).
Il ne fait aucun doute que la déclinaison mobile du dispositif ne peut que renforcer ces effets positifs, alors que les usages des applications bancaires sur smartphone sont en pleine expansion. De plus, avec cette transition vers le téléphone, il serait envisageable d'accroître la pertinence des promotions proposées, en exploitant plus largement la géolocalisation (de l'utilisateur, peut-être, mais surtout des dépenses enregistrées sur son compte). Si, bien entendu, cela peut être fait sans paraître trop intrusif pour les clients.
Cardlytics (dont je pense qu'il est toujours le partenaire d'Intuit dans son programme marketing, ce qui n'est pas officiellement confirmé) affirme que sa solution touche aujourd'hui 100 millions de personnes aux États-Unis. Les inquiétudes initiales quant aux possibles atteintes à la vie privée et à la protection des données personnelles semblent donc avoir été correctement gérées.
Or, le concept n'a toujours pas traversé l'Atlantique et ne paraît pas convaincre les banques françaises. Cependant, comme je le remarquais lors de la récente remise des prix d'Axa Banque, l'idée fait son chemin parmi les acteurs indépendants, qui y voient naturellement une option idéale pour monétiser leurs services. Et, à défaut de recevoir des réductions dans ses comptes en ligne, le consommateur pourrait tout aussi facilement en profiter dans un outil de PFM, dont l'éditeur en retirerait alors tous les bénéfices en lieu et place de la banque...