Génération apoétique

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Source : Agoravox


Le constat est simple : la poésie n’a plus aucune place publique.

Mais l’opinion qui croit que cela ne veut rien dire, sait-elle seulement ce que lui fait le langage ?

La génération Y qui se croit plus nouvelle que les autres apprend peu peu que ses souvenirs d’enfance sont aussi nostalgiques et dépassés que l’étaient ceux de ses parents. Elle murît, c’est normal. Mais, alors que sont bien présentes certaines névroses qui ne lui appartiennent pas, comme celle de la seconde guerre mondiale, une autre, toute seule, semble avoir disparu jusqu’en la plus aisée des classes moyennes. Car vraiment, qui peut dire désormais que la poésie fait partie de sa vie ?

L’école ne peut pas résister à la société. Elle espère plus qu’elle ne dit vrai lorsqu’elle affirme façonner la société future. L’école est l’institution qui tente de préserver le présent, elle a pour rôle de le confirmer. Capitalisme ? Fabriquons ce qui le consolide, répond elle. Remarquons au passage que les révolutions ne se forment jamais par ce qu’enseigne l’école mais par ce qu’elle n’enseigne pas. Ainsi pour comprendre ce dont manque l’époque se retourner vers les manques de l’école est très révélateur. Poésie, Philosophie et, encore absente de la civilisation, Inversion. Un cours aussi important qu’un autre et qui sert à savoir dire qu’au fond il n’y a rien, que l’école est une illusion et qu’elle se trompe par essence, etc… En gros un cours pour assumer et penser la nullité de toutes choses imposées.

La poésie est le pendant créatif d’une telle acceptation de la névrose éternelle de l’homme. Y penser c’est faire le lien entre l’indifférence publique envers la poésie et la lutte aussi absurde qu’aliénante des symétries politiques de gauche à droite. L’écho de ce vide résonne de plus en plus dans les arts disons sérieux, pardonnez mon devoir de justesse. Mais personne ne met en avant l’objet même, les mots. Personne ne comble le trou que la poésie bouche pour ne pas que pourisse l’âme humaine jusqu’à redevenir l’instint seul dont l’intelligence ne nous différencie des animaux que par degré. Mais il est vrai que l’époque assure qu’elle est là la qualité humaine, dans la gradation, le chiffrage, la valeur. Plutôt le mieux que le différent. Plutôt l’avoir que l’autre. C’est bête, nous sommes les seuls à savoir ce qu’est l’autre, et c’est toujours la considération de ce savoir là qu’en terme de civilisation on appelle Progrès.

Et oui, Je est un autre, et la poésie en est non seulement l’expression mais la preuve. Ravis de le savoir, n’est-ce-pas ? Mais savoir n’est pas penser, sinon l’Opinion publique ne serait pas si contradictoire. Il n’y a rien qu’un homme de gauche sache de plus qu’un homme de droite. Mais ils ne pensent pas aux mêmes choses. C’est cela l’éducation, ce choix. Parce que l’opinion qu’on a n’a rien de génétique, elle est l’objet même des habitudes de notre pensée. Elle est humaniste à celui pense à l’humain, capitaliste à celui qui pense au capital.

L’opinion poétiste a t-elle disparu ? C’est en tout cas ce que suggère le silence médiatique à son sujet, ou c’est ce que ce silence fait. Certains oubliés de la télé-réalité, ne pensant pas la différenciation entre chose et humain, nous ont fourni la réalité de la disparition publique : le suicide. Ce qui n’est pas massivement diffusé n’existe pas.

Et l’école, porte privilégiée vers la poésie, en plus de fournir à l’époque ses outils de maintien, fait de la langue un savoir asseptisé parce qu’officiel, pour ne pas dire administratif. On peut croire sans folie les cours de langues rennomés “Communication”.

Cependant il y a l’espoir éternel d’une résistance. D’autres que moi voulant s’arrêter sur le mot, douter, pour être sûr. Explorer ce que dévoile une autre forme donnée aux phrases pré-structurées qu’on utilise pour communiquer ce qu’on ne pense d’ailleurs que via ces mêmes phrases. Notre opinion, vraiment ?