Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.
Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques m'habitent complètement. J'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits toujours nouveaux même si les sons restent les mêmes. Ils atterissent juste à des endroits différents selon la météo mentale et physique.
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de parution.
J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire.
(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, ç'est B.I.B.I., c'est-à-dire: moi.
C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".
Ce que la musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
IS THIS IT? de THE STROKES
2001.
Mon fils a deux ans. Mes insomnies sont de plus en plus récurrentes. L'Amérique est en plein psychose car il y a un mois, Ben Laden a frappé, avec un étonnant succès, New York.
Julian Casablanca (au chant), Nick Valensi (à la guitare), Nikolai Fraiture (à la basse) et Fabrizio Moretti (à la batterie) se connaissent depuis l'école secondaire. Albert Hammond Jr, un ami de Casablanca du temps qu'il étudiait en Suisse, se joint aussi comme second guitariste. Le band est de New York et puise ses inpsirations chez Bob Marley, Velvet Underground ou Jane Adiction. C'est aussi un peu du The Doors croisé avec de la musique classique.
Dès décembre 2000, l'agent du groupe peut faire de la surenchère pour un contrat de disque car le son du band plait à plusieurs maison de disque. C'est RCA qui décroche le contrat. The Strokes, le gros lot.
L'album sera un très gros succès. Un incontournable dans mes oreilles. Issu d'une période intense avec des sons qui dégagent une certaine révolte, une hargne, harmonisée par des guitares fort impressionnantes.
Il y aura deux pochettes, une plus arty, montrant un corps féminin dénudé se touchant le popotin d'une main gantée de cuir noir, puis une plus psychédélique pour l'Amérique du Nord.
La chanson titre ouvre l'album. La chanson a d'abord été composée sans refrain, puis quand Casablanca s'est mis à rajouter "Est-ce bien ça?" aux autres membres du band qui pratiquait la chanson, s'en est devenu le refrain. Et le titre de l'album.
The Modern Age est le tout premier, de trois morceaux, offerts aux maison de disques pour les séduire en décembre 2000. La guitare offre ici un rythme inspiré du reggae.
Soma est une autre belle offrande à deux guitares. Casablanca, de sa voix déchirante, ne doit pas la jouer en fin de spectacle celle-là.
La chanson suivante est une ode au temps qui passe et qui séparera vraisemblablement les amitiés. Le vidéo met en vedette, les membres de Guided By Voices (dont il faisait la première partie à leurs débuts), Slash, Duff McKagan & Matt Sorum de Gun's & Roses et Velvet Revolver et l'animateur de Family Feud, Richard Karn. Le clip est réalisé par Roman Coppola, fils de Françis, frère de Sofia.
Last Nite est le morceau qui m'a fait acheter l'album alors que je découvrais le band dans le bain tourbillon d'un Hôtel de Charlevoix en très charmante compagnie. Une très charmante compagnie qui, justement, me faisait rêver à la nuit précédente. Clip aussi dirigé par Roman Coppola.
Hard to Explain est le tout premier extrait de l'album. La batterie, très 80's, et l'intro de guitare sont tout simplement parfaitement emballantes. Je découvre que le clip offre aussi beaucoup.
When It Started rappelle les Ramones. Splendide hommage à New York et ce qui les as fait naître. Cette chanson remplace en Amérique la chanson New York City Cops qui contient la ligne New York city cops, they are not too smart, qui n'était pas particulièrement bienvenue un mois après les attentats du 11 septembre.
Trying Your Luck est de loin ma préférée, pour ses deux guitares, sa mélancolie, son fatalisme et la chance que j'ai évoquée à quelques reprises en l'écoutant et qui a, à l'occasion, répondu à l'appel.
Take It Or Leave It a failli être le titre de l'album. Il envoit aussi le message clair que: voici le band, voici notre son, que vous aimiez ou non, c'est à prendre ou à laisser.
Pour un peu d'énergie, l'amour de la guitare, pour un peu d'alcool, l'indépendance poilue.
Les "crises cardiaques" allaient nous promettre avec ce tout premier effort de beaux lendemains.