Une hirondelle, ni moche ni belle,
emportant à tire-d’ailes
vers les îles sous le vent
pour leur lune de miel,
sa moitié,
un jeune cadet,
rebelle à l’armée,
vêtu d’un justaucorps couleur du temps,
et d’un gilet en toile d’araignée
au col de dentelle…,
ne dites pas non ça ne se fait pas…
non ça ne ce peut…
car de mes yeux,
je l’ai vu
Un chat persan,
dansant le cha-cha-cha,
avec sa petite amie la souris grise
en fourreau de satin bleu-nuit,
sur le ruban noir du tarmac,
au bord d’un lac couleur argent,
ou des poissons chat
en cadence
font miaou, miaou, miaou…,
ne dites pas non ça ne se fait pas…
non ça ne ce peut…
car de mes yeux,
je l’ai vu
Un ver de terre,
déclamant des vers,
tout en buvant une bière
sur une estrade posé sur le sable fin,
à un auditoire de requins-marteaux
et de dauphins,
qui lui font la ola
dans les houles de mer…,
ne dites pas non ça ne se fait pas…
non ça ne ce peut…
car de mes yeux,
je l’ai vu
Un mille pattes,
prenant son pied avec des fourmis
rouges acrobates,
tout en faisant un pied de nez aux
spectateurs,
des manchots empereur
et cul-de-jatte…,
ne dites pas non ça ne se fait pas…
non ça ne ce peut…
car de mes yeux,
je l’ai vu
Un hérisson,
en pâmoison,
devant son compagnon
le porc-épic fakir,
s’envoyant en l’air
en faisant des bonds sur le paillasson,
pour atteindre le nirvana
et que cesse Maya la grande l’illusion…,
ne dites pas non ça ne se fait pas…
non ça ne ce peut…
car de mes yeux,
je l’ai vu
Cette ritournelle
pour ceux et celles,
conservant précieusement dans un
jardin secret,
l’émerveillement
de leur âme d’enfant,
ne dites pas non ça ne se fait pas…
non ça ne ce peut…
car de mes yeux,
je l’ai vu.
Carmen G. M.
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