Les instruments de l'astronomie : une histoire époustouflante
Que de chemin parcouru depuis la lunette de Galilée ! Dans cette page, je vais vous faire découvrir les instruments de l'astronomie moderne, et ceux qui seront construits dans un futur proche ; de la lunette de Galilée à L'EELT, en passant par Hale,le VLA et Hubble... C'est parti !Passé...
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Mais les lunettes ont un inconvénient : les lentilles ne courbent pas la lumière de la même façon selon sa couleur (ou longueur d'onde). c'est un défaut que l'on appelle l'aberration chromatique : l'image est floue, il y a un effet d'arc-en-ciel.
Pour éviter ce défaut, il faut un instrument radicalement différent :
Quel est l'avantage d'un grand télescope (ou d'une grande lunette) sur un petit ? Ce n'est pas le grossissement : si vous grossissez énormément un objet très lointain, vous ne verrez... rien. C'est que les objets astronomiques ont un éclat très faible : rappelons que l'astronomie s'intéresse majoritairement à des objets qui sont invisibles à l'oeil nu ! Non, l'avantage majeur des grands télescopes, c'est qu'ils collectent plus de lumière, bien plus de lumière que l'oeil, et qu'ils permettent donc de voir des objets bien plus lointains ou plus faibles d'éclat : la sensibilité d'un télescope est directement proportionnelles à la surface de son miroir primaire.
C'est pourtant à l'aide d'une lunette que l'astronome allemand Friedrich Bessel mesure pour la première fois, en 1838, la distance d'une étoile (l'étoile 61 Cygni), en mesurant très précisément la différence l'angle sous lequel elle apparaissait à six mois d'intervalle (c'est à dire une fois que la Terre a fait la moitié d'une révolution autour du soleil) : c'est ce que l'on appelle la mesure de parallaxe. Bessel se fichait pas mal de l'image de l'étoile : ce qui l'intéressait, c'était sa position exacte. Et pour ça, une lunette est aussi bonne qu'un télescope (Celle de Bessel mesurait seize centimètre de diamètre). En vingt ans, les mesures de parallaxe de nombreuses étoiles vont être réalisées. Stupeur : Les étoiles sont très loin ! 61 Cygni, par exemple, est à dix années-lumière de nous, ce qui veut dire que la lumière de cette étoile met dix ans pour nous parvenir. Comme la lumière du Soleil met huit minutes pour nous parvenir, et qu'il y a environ 65 000 fois huit minutes dans une année, cela veut dire que 61 Cygni est 650 000 fois plus lointaine que le Soleil ! Et encore, c'est une étoile "proche" : elle fait partie des 10 étoiles les plus proches de nous. Bessel avait eu de la chance, car les mesures de parallaxe des étoiles bien plus lointaines sont quasi-impossibles.
Ainsi en 1899 James Keeler photographie avec un télescope de 91 centimètres de diamètre des centaines de "nébuleuses spirales", dont on ignorait alors la nature. Plus tard, en 1919, avec le Télescope géant de 2,54m du Mont Wilson aux USA, Edwin Hubble découvrira que les nébuleuses spirales sont des galaxies formées de milliards d'étoiles. Il découvrira également, avec ce même télescope, le phénomène d'expansion de l'Univers. Mais pour expliquer cela, il va falloir parler d'une autre révolution : la spectroscopie.
Tout le monde sait qu'un prisme décompose la lumière du soleil en un bel arc-en-ciel, ce que les physiciens appelent un "spectre" Mais en 1814, Fraunhofer observe d'étranges raies sombres dans le spectre du soleil :
Ce sont les théoriciens de l'atome qui comprennent finalement de quoi il s'agit, en 1885 : ces raies sont caractéristiques des atomes qui émettent (ou absorbent) les photons de lumière. Peu à peu, on identifie toutes les raies et on comprend que le Soleil est formé principalement d'hydrogène. Mais il existe certaines raies que l'on ne connais pas : on les attribue alors à un élément inconnu sur Terre, que l'on baptise du nom d'Hélium (du Grec Helios, Soleil). L'Hélium sera finalement trouvé sur Terre (où il est très rare) en 1895. Dés lors, on peut connaître la composition des étoiles ! Les astronomes se mettent fébrilement à "capturer" le spectre de tous les objets célestes et peu à peu, la composition de l'Univers devient connue : Il est composé à presque 80% d'hydrogène, 20% d'Hélium, les autres éléments étant beaucoup moins répandus. Connaissant alors la composition chimique des étoiles, on arrive peu a peu à comprendre leur fonctionnement, ce qui les fait briller : un ensemble de réactions nucléaires qui transforment l'Hydrogène en Hélium, et, dans les plus grosses étoiles, en Bore, Carbone, Oxygène.
Mais les éléments plus lourds que le Fer ne peuvent pas être créés lors du fonctionnement normal des étoiles : les seules réactions nucléaires qui pourraient produire ces éléments absorbent de l'énergie au lieu d'en produire. Sachant que l'univers primitif ne contenait que de l'Hydrogène et de l'hélium, et rien d'autre, d'ou viennent alors ces éléments lourds ? La solution viendra de l'étude théorique des étoiles : les astrophysiciens démontrent que, lorsque elles épuisent leur Hydrogène, les petites étoiles (comme le Soleil) s'éteignent lentement ; mais les plus grosses étoiles, à cause de leur masse monstrueuse dont la pression n'est plus compensée par les radiations émises par leur coeur vieillissant, se contractent soudain : en leur centre, la température monte soudainement (en moins d'une semaine) à plusieurs milliards de degrés, enclenchant les réactions qui produisent du Fer... et qui absorbent l'énergie ! L'étoile s'effondre alors brutalement sur elle même en quelques minutes, et toutes les masses de gaz de l'enveloppe rebondissent sur le coeur de Fer et s'évaporent dans l'espace en une gigantesque explosion ou supernova. C'est au cours de cette explosion que les éléments lourds, comme l'Or et L'Uranium, sont produits. Ainsi l'Or qui existe sur la Terre existe parce que, avant la naissance du Soleil, une étoile proche a explosé et "ensemencé" en éléments lourds les nuages interstellaires environnants qui, plus tard, allaient donner naissance au Soleil et aux planètes. Nous sommes faits de poussières d'étoiles...
Car les étoiles émettent des ondes radio. En 1938, Karl Jansky détecte par hasard une étrange radiation dans le domaine des ondes millimétriques : il comprend qu'elle est émise par le centre de la voie lactée. Dès lors l'ère des Radiotélescope est née. Mais Pour pouvoir observer le ciel en ondes radio, et dresser de véritables cartes de son rayonnement, il faut de très grands instruments : en effet le pouvoir de résolution angulaire d'un radio télescope, comme celui d'un télescope optique, dépend de sa taille : plus l'instrument est grand, plus il pourra voir des détails fins. Mais hélas ce pouvoir de résolution est inversement proportionnel à la longueur d'onde dans laquelle on veut observer : plus celle-ci est grande, moins on voit de détails. Et comme les longueurs d'onde radio sont des milliers de fois plus longues que celles de la lumière, les radiotélescopes sont, des milliers de fois plus myopes que les télescopes visibles... à moins d'être des milliers de fois plus grands ! Celui de Jodrell Bank (ci dessus), Par exemple, qui date de 1955, fait 76 mètres de diamètre !
Les radiotélescopes ont permis de détecter des astres étranges, les pulsar, donc le rayonnement radio est littéralement pulsé plusieurs fois par seconde. Ils sont restés une énigme, jusqu'à ce que l'on comprenne qu'il s'agit en fait du coeur d'une étoile ayant explosé en supernova, un coeur tellement dense qu'il est constitué uniquement de neutrons, comprimés les uns contre les autres. Ce coeur engendre un énorme champ magnétique, qui crée à son tour des ondes radio, et comme il tourne très rapidement sur lui-même, on "entend" littéralement l'étoile à neutron tourner sur elle-même. Certaines tournent à plus de cent tours par seconde !
Pourquoi des instruments si grands ? Pour voir plus de détails, et pour capter plus de lumière. Les très grands télescopes se consacrent en effet essentiellement à l'étude des galaxies lointaines, très faibles. C'est ainsi avec le télescope du Mont Wilson, puis avec celui du Palomar, que Hubble observe un phénomène étrange : plus une galaxie est lointaine, plus son spectre est décalé vers le rouge ! Il interprète, en 1929, ce phénomène en montrant que, plus une galaxie est lointaine, plus elle s'éloigne rapidement de nous, ce qui décale sa lumière vers le rouge par effet doppler, comme la sirène d'une ambulance parait plus grave quand l'ambulance s'éloigne de nous : C'est ce que les astronomes appellent le "red shift". C'est la découverte de l'expansion de l'Univers.
Enfin, on ne peut pas terminer ce tour d'horizon des instruments astronomiques du passé sans dire un mot de la dernière révolution technique qui a permis de littéralement décupler la porté des télescopes : l'invention des capteurs CCD, les mêmes (en plus sensibles !) que ceux qui équipent les appareils photo numériques. Car les télescopes sont, eux aussi, passés au numérique : fini la pellicule ! Alors que cette dernière n'enregistre que 1 à 5% des photons qui lui parviennent, un capteur CCD en enregistre 50 à 80% ! Les capteurs qui équipent les grands télescopes actuels, hypersensibles, sont de minuscules pavés de silicium capables d'une résolution allant jusqu'à un milliard de pixels...
...présent...
Quels sont les instruments que les astronomes utilisent aujourd'hui ? Eh bien on peut les classer en cinq catégories :- les télescopes dédiés à l'étude du Soleil
- les télescopes spatiaux
- les télescopes terrestres optiques
- Les radiotélescopes
- Les interféromètres
Mais les télescopes terrestres sont tous handicapés par l'atmosphère terrestre, qui présente deux inconvénients : elle est opaque à certains rayonnements (comme les rayons ultra-violets et gamma) et, même en air calme, elle est légèrement turbulente, ce qui déforme les images et les rend floues. Pour s'affranchir de ces défauts, le mieux est d'installer les télescopes en orbite.
Mais Hubble n'est pas le seul télescope spatial existant : Il en existe en fait 88! (voir cette page sur wikipedia) : 12 pour l'étude du ciel en rayons gamma, 36 pour les rayons X, 15 pour les ultra-violets, 11 en lumière visible (dont Hubble), 12 en infrarouge, 4 en ondes radio.
Et pourtant, les télescopes terrestres ne sont pas restés à la traîne : Même si, peu après son lancement, Hubble était le télescope le plus précis du monde, il ne l'est plus aujourd'hui ! Les ingénieurs on en effet trouvé le moyen de réduire très fortement le "flou" dû à la turbulence de l'atmosphère : à l'aide d'un laser pointé vers le ciel, on mesure plusieurs dizaines de fois par seconde la déformation due à cette turbulence, et on la corrige en déformant les miroirs (sans les briser! )à l'aide de vérins ultra rapides et ultra précis ! C'est ce que l'on appelle l'optique adaptive. Une technique née dans les années 1990 et qui nécessite des calculs très complexes faits par de puissants ordinateurs, et des miroirs spéciaux, déformables. Grâce à l'optique adaptive, les grands télescopes terrestres sont aujourd'hui plus précis que Hubble ! Ils s'y sont tous mis : les plus grands observatoires sont aujourd'hui équipés d'optiques adaptives.
Parmi eux, il faut citer les deux plus grands observatoires du monde :
Le VLT (very large telescope), installé par l'Europe au Chili dans le désert d'Atacama à 2635 mètres d'altitude, est un ensemble de 4 grands telescopes de 8,20 m de diamètre, et de 4 télescopes "auxiliaires" de 1,8 mètres, montés sur rails et déplaçables.
Les observatoires du Mauna Kea (à Hawaï), sont un ensemble unique de téléscopes construits par différentes nations, perchés à 4200 m d'altitude !
Faire plus grand semble impossible... et pourtant.... Une technique nouvelle promet de multiplier par cent la résolution des télescopes : c'est l'interférométrie.
Pourquoi alors ne pas essayer de faire de même dans le domaine optique ? C'est l'idée folle d'un français, Antoine Labeyrie, qui conçut et réalisa le premier interféromètre optique dans les années 1980. C'est que l'entreprise est ardue : les éléments optiques, distants de plusieurs mètres, doivent être positionnés avec une précision de l'ordre de la longueur d'onde de la lumière, soit un millième de millimètre ! C'est donc beaucoup plus difficile à faire qu'avec des ondes radio. Pourtant, le petit français réussit. Et dans le monde entier, les astronomes se mirent à rêver : Et si, on pouvait "coupler" entre eux les grands télescopes de Mauna Kea ou du VLT pour en faire des interféromètres, dont la résolution serait centuplée ?
Ce rêve est en passe de devenir réalité. Déjà les deux télescopes Keck sont couplés. De même pour les quatre "petits" télescopes du VLT, que les astronomes sont en train de relier à l'un des grands 8m, pour réaliser à terme le VLTI (very large telescope with interferometer), qui "contiendra" les 4 grands et les 4 petits.
... et avenir
Encore mieux : le projet Ohana vise à connecter entre eux optiquement tous les télescopes du Mauna Kea à Hawaï. On obtiendrait une surface équivalente de 290 m2 de miroir, et surtout un "miroir virtuel" de 800 m ! On pourrait voir le pied d'Amstrong sur la Lune !L'objectif de toute cela ? Il est double : d'une part, obtenir enfin des images de la surface des étoiles autres que le soleil, pour savoir comment elles fonctionnement exactement, quel est leur âge et leur dynamique. Ensuite, arriver à photographier des planètes extrasolaires. En effet, même si l'on en a détecté plus de 700 aujourd'hui, on ne sait pas à quoi elles ressemblent : arriver à les photographier relève d'une mission quasi impossible : il faudrait des interféromètres de plus de 100 Km ! Mais ce n'est pas impossible. Seulement, les crédits dont disposent les astronomes sont limités, et le temps d'observation des grands observatoires est déjà réservé pour les dix prochaines années ! Et il y a très peu de place pour l'interférométrie la-dedans. Pour "récupérer" ce précieux temps d'observation, une seule solution : construire de nouveaux instruments, très spécialisés, les donner en pâture aux astronomes classiques, et récupérer ainsi du temps d'observation pour l'interférométrie au VLT et à Hawaï.
Deux projets sortent de l'ordinaire : Le JWST et l'E-ELT.
Il s'agit d'un télescope infrarouge, dont la mission principale est de "remonter jusqu'au big bang", ou tout du moins jusqu'à l'âge de la formation des premières étoiles. Une autre mission sera l'étude des exoplanètes.
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