Pour obtenir ce vaisseau, les médecins ont prélevé un segment de neuf centimètres de veine iliaque sur un donneur décédé. Le vaisseau a été débarrassé de toutes ses cellules à l'aide de lavements répétés aux détergents enzymatiques pour ne laisser qu'un tube constitué d'un canevas de protéines. Cette structure a ensuite été ensemencée avec des cellules souches provenant de la moelle osseuse de la fillette.
Deux semaines plus tard, le greffon a été implanté pour réaliser un pontage sur la jeune patiente qui souffrait d'une obstruction de la veine porte qui conduit le sang des organes digestifs vers le foie pour une détoxification.
Pas de traitement immuno-suppresseur
Cette procédure, même si elle est coûteuse et relativement longue à mettre en place, offre l'avantage pour le receveur de ne pas nécessiter de traitement immuno-suppresseur à vie qui accompagne normalement toute allogreffe afin d'éviter le phénomène de rejet du greffon.L'équipe suédoise de l'université de Göteborg qui a réalisé l'intervention, a cependant dû réaliser une seconde greffe sur la même fillette, un an après, en utilisant la même technique en raison d'un rétrécissement du premier greffon.
«La patiente se porte bien depuis et est capable de réaliser des marches de plus en plus longues de deux à trois kilomètres ainsi que des exercices légers de gymnastique», selon un communiqué du Lancet. «De manière notable, elle n'a développé aucun anticorps contre le greffon alors qu'elle ne suit aucun traitement immuno-suppresseur», poursuit le communiqué.
Davantage d'essais cliniques nécessaires
Cette technique a permis d'éviter à la jeune patiente le «traumatisme» d'un prélèvement de veine propre pour réaliser le «bypass», expliquent dans un commentaire deux chercheurs d'University College de Londres, Martin Birchall et George Hamilton.Mais le coût élevé et le temps requis pour préparer les greffons constituent un frein au développement rapide de ce type de traitement. De plus des essais cliniques complets sont encore nécessaires pour valider la piste, selon ces deux chercheurs.
L'annonce vient confirmer l'intérêt thérapeutique des cellules souches. En novembre, une autre équipe suédoise conduite par le Pr Paolo Macchiarini avait annoncé le succès d'une greffe de trachée, cette fois faite d'une matière artificielle mais aussi recouverte de cellules souches du patient greffé.
source : Santé Le Figaro