Auteur : Eli Esseriam
Éditeur : Nouvel Angle / Matagot
Prix : 14,90 €
Résumé :
"Je vivais déjà l'Apocalypse. La mienne. Deux options s'offraient désormais à moi : user de mon don pour sacrifier ceux que je jugerais utiles à mon apprentissage. Avec indolence, froideur et distance. La seconde : me servir de cette aptitude potentiellement belle pour retaper un peu mon karma délabré et prolonger quelque peu cette succession de déceptions appelée "vie" en tentant de la rendre un minimum valable."
Maximilian Von Abbetz,
Cavalier Noir
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J'ai abandonné l'idée d'écrire cette chronique sans sangloter comme une imbécile. C'est donc la larme à l'oeil et les mains tremblantes que je m'en vais essayer de vous transmettre ma pensée et mes sentiments sur ce troisième tome de Apocalypsis.
"Grand-père Volker a survécu à un triple pontage, une greffe de foie et se prélasse actuellement dans une de ses nombreuses résidences en compagnie d'une de ses nombreuses épouses. Qu'on ne me demande pas quelle résidence, je n'ai aucune mémoire pour la géographie. Qu'on ne me demande pas quelle épouse, je n'ai aucune mémoire pour la pornographie."
Maximilian est un Von Abbetz. Ce nom lui confère un pouvoir incroyable sur tout et tous, et lui accord des privilèges dont vous n'oseriez même pas rêver.
Dans l'enseignement privé et catho, à 17 ans il a déjà eu un nombre extravagant de domestiques (le dernier toutou fidèle en date, Sansas, satisfait à ses exigences)ainsi que de conquêtes sexuelles et est connu par ses condisciples pour organiser les plus grandes fêtes, se terminant souvent en décadence de la chaire.
Luxe, faste, abondance. Tout doit couler à foison, il n'y a aucune limites dans sa vie.
Mais tout posséder n'empêche pas certains ... inconvénients. Ça n'a jamais empêché la cécité de s'emparer de Silke, sa douce soeur pour qui il ferait tout. Ça n'empêche pas son père de jouer de la boucle de ceinture sur ses côtes quand Max se montre insultant. Et surtout, ça ne l'a pas empêché d'être choisis pour être le Cavalier Noir de l'Apocalypse : la Famine.
C'est cela qu'il déclenchera chez quiconque posera les yeux sur lui quand il aura besoin d'attentions, la famine, celle de l'amour, du désir, de l'idolâtrie, prenant l'aspect de ce qui remplit toutes les pensées de la personne lui faisant face.
La question étant, comment utiliser ce don qui est, à n'en pas douter, à double tranchant ?
"Il m'observait attentivement, le regard fébrile et la mine préoccupée. J'avais l'étrange sensation d'être une femme enceinte dilatée à huit auprès de son mari hystérique paniqué à l'idée de voir une tête sanguinolente et sale émerger du jupon de sa douce. Je m'attendais presque à ce qu'il se mette à respirer bruyamment, me psalmodiant des 'Monsieur, allez-y, faites le petit chien !'."
Ho p***** ... Je ne sais même pas par quoi commencer, et j'ai encore du mal à réaliser ce que je viens de lire. J'en suis encore à me demander comment c'est possible, pour un auteur, d'être AUSSI bon en débutant, mais également de s'améliorer toujours plus à chaque tome sorti.
Vu à quel point j'avais aimé les deux premiers volumes, j'étais assez confiante en faisant la connaissance de Maximilian. Mais je ne m'attendais quand même pas à cette sensation brutale et suffocante, qui a étreint mon coeur, ma tête et mon ventre d'une façon si délicieusement douloureuse.
Au début, je dois avouer que Max m'apparaissant très largement antipathique. Quand je l'ai rencontré, au début, je m'imaginais que, si on devait raconter l'adolescence d'un grand méchant de Comics, on pourrait prendre celle de Max en exemple. C'est rare de faire les premiers pas avec un héros de roman et de d'abord se rendre compte que c'est un être suffisant, égoïste, vulgaire, avec un complexe du pouvoir tellement gigantesque à cet âge-là.
Je faisais la moue en lisant, plaisir coupable de voir dépeint devant moi quelqu'un de si détestable.
Et puis, le miracle se produit, petit à petit. Déjà, son humour et son esprit de répartie. Ho bon sang, je n'ai pas réussis à compter les éclats de rire que j'ai laissé échappés durant cette lecture. C'est tout bonnement succulent, un met riche, délicat et précieux que l'auteur offre à nos yeux.
Ensuite, on distingue quelques brèches, quelques éléments qui rendent humain le surhomme. Son amour entier et irrévocable pour sa soeur, par exemple, qui le rend beaucoup moins froid et un peu plus sympathique. Et comme pour les autres Cavaliers, son parcours sera semé d'embûches et d'épreuves abominables et cruelles, qui termineront de fissurer la carapace, et qui lui serviront d'apprentissage pour enfin être prêt à endosser son rôle pour l'Apocalypse qui se prépare.
Il est devenu, au fil des chapitres, un grand personnage, magistral, au charisme éblouissant, que j'ai finalement profondément aimé, rêvant d'en faire un ami proche ou un frère.
J'adore changer d'avis pour un personnage, commencer par le détester pour conclure par avoir envie de partager au moins un bout de sa vie. J'ai été comblée au-delà de mes espérances avec Max.
"Il existe un niveau de richesse où l'on ne se fatigue pas pour quelques millions de plus ou de moins. En revanche, il n'existe aucune limite définie quand il s'agit de faire chier ou d'asseoir un autorité contestée. L'ego n'a ni honte, ni scrupules."
Que dire sur la plume d'Eli Esseriam que je n'ai pas déjà mentionné dans le passé ? Je pourrais m'exalter pendant des heures, l'oeil humide et des trémolos dans la voix, sur la qualité absolument étourdissante de celle-ci.
Quand je lis un de ses livres, ce sont les seules instants de lectures qui me donnent envie de mieux maîtriser la langue de Molière, de lui rendre hommage et de savoir jongler avec elle, de sentir sa saveur sous mes doigts ou dans ma bouche.
Il n'y a également qu'avec les Apocalypsis que je prend autant mon temps, que j'essaye de faire traîner le livre un peu plus longtemps, rien que pour le plaisir indicible de rester encore en sa compagnie. Repousser l'attente de la fin encore, toujours, un peu plus à chaque fois, en ayant le coeur brisé en voyant les pages s'amenuiser, mais en trépignant à l'idée d'en goûter la fin.
Il n'y a qu'avec cette série que je relis deux, trois, quatre fois, parfois à m'en user les yeux, quelque passage qui m'a titillé plus qu'un autre, dont la saveur m'a explosé au regard, et je ferme les paupières en souriant, essayant d'en garder les traces, de les graver dans mon esprits, pour qu'elles me suivent encore un moment quand je referme le livre.
Je confesse sans honte qu'il m'est arrivé de verser une larme uniquement parce que la beauté ou la qualité d'un paragraphe, d'une page, d'une ligne, m'a pris au coeur et aux tripes.
C'est une expérience absolument magnifique et indescriptible, dont on n'arrive à saisir tout ce qu'elle comporte qu'en la vivant personnellement.
Eli Esseriam possède un talent rare et précieux, et quand je lis Apocalypsis, je me sens chanceuse de pouvoir profiter de celui-ci, pour mon seul plaisir égoïste.
Elle ose aller là où on n'a pas l'habitude d'être entraînés, elle nous jette au visage des images que nous ne nous attendions pas de voir, il y a une sorte de brutalité dans son écriture, presque une cruauté, n'hésitant pas un seul instant à blesser ses personnages ou ses lecteurs. Mais le tout est entouré d'une sorte d'aura douce et délicate, comme si malgré tout, elle nous tendait la tasse de thé chaud pour nous apaiser un tantinet et nous aider à faire passer la pilule.
Une main de fer dans un gant de velours.
"Mais, quel que soit notre degré de génie, les émotions nous rendent terriblement ordinaires. Personnellement, j'ai peur du vide, de cette sensation de néant absolu qui se love dans un poumon pour alourdir chaque respiration, la rendre pénible, impossible bientôt. Cette angoisse muette indélogeable susurre sans cesse que la vie n'a aucun sens ni intérêt, que l'on ne vient de nulle part, qu'on erre pour finalement marcher droit vers le rien. Parfois, cette crainte sourde se transforme en panique totale. Asphyxiante. Assassine."
C'est une série d'une intensité et d'une qualité presque impossible à envisager, et je ne suis pas sûre que tous les mots du monde suffiraient à la décrire avec subtilité, précision, perfection.
Je ne peux que vous conseiller, encore et encore, sans me lasser, de tenter également ce voyage.
Je peux vous l'assurer, vous n'avez jamais lu une série destinée aux adolescents qui ai cette trempe, cette richesse, cette superbe et enivrante violence, cette crédibilité tout sauf glamour.
Laissez-vous tenter par la préparation de l'Apocalypse, elle n'a jamais été aussi agréable à contempler.
Mille mercis à Nouvel Angle / Matagot pour cet instant de félicité littéraire.
Mes chroniques des tomes 1 : Alice, et 2 : Edo.
Et retrouvez mon interview à laquelle a bien voulu se prêter Eli Esseriam.