Voici venue l’heure du Jugement Dernier pour Lance Armstrong, Johan Bruyneel et leurs quatre complices médecins et préparateurs physiques.
Il était temps que l’immense imposture de la supériorité insolente du Texan sur le peloton cycliste depuis 1999 soit enfin non pas dénoncée, mais confirmée officiellement. C’est fait grâce à l’Agence antidopage américaine qui reprend à son compte l’enquête pénale, hélas abandonnée devant la justice américaine. Mais l’USADA va plus loin avec des éléments nouveaux concernant les saisons 2009 et 2010. Le septuple vainqueur du Tour de France a ainsi échappé au procès qui menaçait de le faire tomber de son piédestal, et par là même à une condamnation pour parjure, mais il reste sous le coup d’une sanction disciplinaire qui pourrait bien mettre à mal son palmarès et l’ensemble de son « œuvre ».
C’est la grande nouveauté. On a vu, à travers l’affaire Puerto (Valverde) et le cas Contador, que la jurisprudence peut désormais avoir des effets rétroactifs et remonter loin. On attend donc avec impatience désormais la décision de l’USADA qui instruit et sanctionne aux Etats Unis, comme le CONI (Comité national olympique italien) en Italie. Armstrong et ses partenaires ont jusqu’au 22 juin pour répondre aux accusations par écrit, avant d’être fixés sur leur sort. Mais d’appels en pourvois devant une commision d’arbitrage, puis éventuellement le TAS, plusieurs mois vont encore s’écouler avant que ne tombe le verdict définitif.
Jadis, les menaces physiques d’Armstrong en course sur le coureur italien Simeoni, qui avait révélé ses liens avec le sulfureux docteur Ferrari, auraient dû être sévèrement sanctionnées par les commissaires de l’UCI ou la direction du Tour de France. Personne n’a rien fait. Sa notoriété, sa puissance financière, ses appuis politiques (Bush, Chirac, Sarkozy) et la complicité de l’Union cycliste internationale, alors présidée par le Hollandais Hein Verbruggen, lui ont assuré une impunité inadmissible. Désormais le vent a tourné et sa crédibilité s’effrite, celle de Bruyneel aussi qui est souvent compromis dans les affaires qui pourrissent le cyclisme depuis plusieurs années.
Armstrong n’est plus forcément l’idôle des foules, même américaines, comme il l’a été. Trop de supériorité, trop d’arrogance, trop de réussite l’ont rendu suspect. Trop de casseroles, trop de magouilles ont terni son image. Il est simplement regrettable que, parmi ses inconditionnels et le public, beaucoup sortent du bois aujourd’hui et tirent sur l’ambulance alors que leur aveuglement en a fait les témoins passifs d’une carrière frelatée.
Bertrand Duboux