Anne (Juliette Binoche), une bourgeoise complètement dépassée dans sa vie privée (relation conjugale au point mort, aucune autorité sur ses enfants…) écrit un article sur la nouvelle prostitution étudiante pour un célèbre magazine féminin. Elle rencontre deux jeunes femmes afin de les interroger sur leur manière de percevoir et de ressentir leur choix de devenir “call-girl”. Rapidement, elle va être bouleversée par leurs propos, non pas tellement par rapport à la question de la prostitution ni de questions éthiques, mais plutôt par rapport à la thématique du désir. Ces deux filles vont la pousser à réfléchir sur sa vie (elle est soumise en un sens à son mari) et sur l’évolution de son couple (son mari ne semble vouloir d’elle que lorsqu’elle s’habille elle aussi de façon aguicheuse et satisfait ses désirs en regardant des vidéos pornographiques sur son ordinateur…).
Ce qui m’a gênée dans ce film, c’est que je n’arrive pas bien à percevoir le regard porté sur la prostitution, qui devient banale. L’une des étudiantes préfère d’ailleurs passer quelques heures avec un homme plutôt qu’une soirée à préparer des hamburgers dans un fast-food, car l’argent est plus rapidement gagné, plus “facilement”.
C’est finalement un regard assez sombre qui est porté sur le couple, qui semble, dans ce film, voué à l’incommunicabilité : les hommes louent les services des jeunes filles pour le plaisir mais aussi pour pouvoir parler… tandis que l’une des jeunes filles ment délibérément à son petit ami quant à la provenance de l’argent. En effet, comment expliquer qu’on accepte d’être l”objet” d’un homme pour pouvoir s’acheter des choses superflues ?
J’ai davantage l’impression que le film dresse un constat amer sur la société actuelle plutôt que de prendre clairement position et c’est probablement ce qui m’a décontenancée…
Elles, un drame de Malgorzata Szumowska, disponible en DVD