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Le Trierweilergate ou « Psy show » en direct-live de l’Elysée (2)

Publié le 16 juin 2012 par Kamizole

S’agissant des critiques de l’UPM et du FN à l’égard non pas tant de Valérie Trierweiler mais de François Hollande - comme s’il en était responsable ! Je commencerais par régler le cas de Jean-François Copé.

Perfide et fort stupide de surcroît selon ce que relate Julie Guesdon sur un article du Lab d’Europe 1 Copé : "Si vous devez vous lâcher, faites-le sur Twitter !" (14 juin 2012). Il donne en effet à ses troupes la consigne de « refuser de commenter. Si vous devez vous lâcher, faites-le sur Twitter ». Depuis mardi et la diffusion du twitt de soutien de Valérie Trierweiler à Olivier Falorni il a clairement invité la droite à ne pas parler de « l’affaire Trierweiler » dans les médias.

Déjà, à lire l’avalanche de prises de positions dans les médias, il semblerait que ses partisans fussent plus que durs de la feuille. Ensuite, j’aimerais qu’il m’expliquât la différence entre un communiqué, une interview et un twitt. Aucune, de mon avis puisque leurs twitts sont repris par les médias qui en font leurs choux gras.

Je n’ai pas le temps de m’en occuper en ce moment mais cela fait déjà un certain temps que cela me démange d’ouvrir un compte Twitter. Et je réserverais un sort particulier à Jean-François Copé - et quelques autres du même tonneau, fussent-ils à gauche - à chaque fois qu’une info qui me paraîtra significative me tombera sous les yeux. Et je ne « lâcherai » pas mes proies, les dents de scottish-terrier bien plantées dans leurs mollets. La plupart des habitués du blog ne penseront sans doute pas que je puisse pratiquer la méchanceté en seulement 140 signes… Mais je sais fort bien résumer quand il est nécessaire et adore les formules à l’emporte-pièce, bien senties. Quant à « me lâcher », sans doute, mais cochon qui s’en dédit : vous n’y trouverez jamais ni vulgarité ni mensonge.

Nonobstant donc la consigne de silence, Julie Guesdon épingle quelques réactions, rapportées par Le Figaro le 13 juin 2012. François Fillon répondant aux journalistes de France bleue Lorraine : « Je trouve cela assez désolant mais je n'ai pas envie de commenter. Je m'interdis de faire ce que les socialistes faisaient avec Nicolas Sarkozy, c'est-à-dire de tout mélanger, la vie privée… Après, c'est au président de la République de mettre de l'ordre chez lui »… Ceci n’est pas un commentaire, of course…

Valérie Pécresse : « Le plus navrant dans cette histoire, c'est qu'à trois jours d'un scrutin qui engage le destin de la France, on n'a pas envie de se demander si François Hollande peut gérer son couple. C'est tout simplement affligeant. On a le sentiment d'une privatisation de la République, d'une absolue confusion des genres ». Mais quelle pôv c ! Je ne vais certainement pas donner raison à Valérie Trierweiler mais Pécresse n’est même pas cap’ de se rendre compte que c’est-ce que nous fit subir Nicolas Sarkozy depuis bien avant 2007.

Henri Guaino aussi stupide qu’à l’accoutumée, tout en affirmant « si les responsables de l’UMP, de la droite ou du centre ne s’en mêlaient pas, ce serait aussi bien » ne peut s’empêcher de commenter. Avec un énorme mensonge à la clef : « Nicolas Sarkozy s’occupait de la politique de la France et son épouse ne s’en occupait pas »… Tiens ! Donc… Et les multiples interviews - même un article écrit de sa blanche main dans Le Monde - et déclarations tous azimuts aux médias, les aurais-je inventées ?

Il ajoute que « si cette affaire n’a rien avoir avec le Fouquet’s de 2007, elle montre les limites de la normalité : Ce n’est pas une fonction normale, on ne peut pas vivre comme tout le monde »… Cette curieuse conclusion réveille un souvenir remontant à 2007 pendant la campagne électorale lorsque l’affaire de l’appartement de Sarkozy à Neuilly fit scandale (acquisition à prix d’ami auprès du promoteur immobilier ayant traité avec la mairie de Neuilly, de même que les travaux et aménagements sans commune mesure avec les tarifs du marché) un conseiller (resté anonyme) du candidat utilisa cette curieuse formule : « Les Français savent bien que Nicolas Sarkozy ne vivent pas comme eux »…

Serait-ce Guaino ? Chapeau ! Pour celui qui mit à l’ordre du jour « la fracture sociale » en 1995 lors de la campagne de Jacques Chirac… quelques centaines de millions d’euros plus tard pour des dépenses somptuaires payées sur les deniers de l’Etat, les Français ont vite et bien compris que Nicolas Sarkozy savait plus se servir que les servir.

Patrick Ollier - dont nous aurons garde d’oublier qu’il défraya la chronique pendant les vacances de Noël 2010 par un voyage en Tunisie avec Michèle Aliot-Marie, alors que le pays était déjà en ébullition, pour un voyage d’agrément doublé de petites affaires avec le clan Ben Ali - réclame quant à lui rien moins qu’une loi sur le statut de Trierweiler (Flash-info Figaro 13 juin 2012). Vous lisez bien comme moi "le statut de Trierweiler" et non pas celui de conjoint(e) du chef de l'Etat ! Jamais il n’a fait pareille demande s’agissant de Carla Bruni…

« Parce que le législateur doit se mettre au rythme de la société, il faut une loi organique pour définir le statut de Première dame de France (…) et cette perle : Le tweet de Valérie Trierweiler est à l’évidence une faute, car lorsque l'on est conjointe, compagne ou épouse du premier magistrat de France, on ne doit pas avoir de prises de parole s'immisçant dans le débat politique, quelle que soit la forme, à moins d'être soi-même un élu » … Jusqu’à preuve du contraire, Carla Bruni n’aura jamais été autre chose dans la vie publique que « l’élue du coeur » de Nicolas Sarkozy Bruni.

Quant à oser affirmer « Première dame effacée ou Première dame engagée, Mme Trierweiler a des devoirs envers l'État, et les Français exigent d'elle d'être une digne ambassadrice de la France ». Ce qui est parfaitement vrai quand au principe mais Patrick Ollier devrait s’interroger sur la vie réelle - plutôt dissolue - de Carla Bruni telle que la dévoila un article déjà ancien de Marianne !

Même son de cloche chez NKM qui veut clarifier le statut de Trierweiler (Europe 1, le 13 juin 2012). Nouvel élément de langage de l’UMP ? Arguant de « la confusion entourant le statut de Valérie qui a créé la polémique en soutenant le rival dissident de Ségolène Royal aux élections législatives à La Rochelle » (…) le mélange des questions personnelles et des questions politiques, de l'affect et de la politique, n'est jamais une bonne chose ». Oublieuse sans nul doute que le « avec Carla, c’est du sérieux » de Sarkozy avait eu un effet ravageur sur l’opinion comme le rappelle Gérald Andrieu, se demandant ce qu’il en sera pour l’avenir du « Courage à Olivier Falorni » de Valérie Trierweiler…

Selon Nathalie Kosciusko-Morizet, « ce qui pose problème c'est le statut. On ne sait pas si Valérie Trierweiler s'exprime comme compagne du président de la République, s'exprime comme militante socialiste ou s'exprime comme journaliste engagée ». Soit. Mais elle nous prend pour des guiches lorsqu’elle ajoute « Si demain on a la même confusion sur un sujet majeur pour la France, pour l'image de la France dans le monde, il se passe quoi ? Je suis pour le retrait, la plus grande réserve sur ce qui concerne les questions familiales et les conjoints ». Que ne l’a-t-elle dit à Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, hein ?

Passons maintenant aux autres réactions de l’UMP et du FN. Un vrai festival. Trierweiler : la droite ironise sur «Dallas à l'Élysée» (Le Figaro 12 juin 2012). Ils s’en donnent à cœur joie. Je serais même tentée d’écrire « à chœur joie » devant un si bel ensemble

Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes et par ailleurs membre de la très réactionnaire confrérie de la Droite populaire : « Le vaudeville entre à l’Elysée (…) les socialistes ont au moins une vertu, ils nous font beaucoup rire ». A voir la photo de sa sale tronche hilare, j’aurais plutôt envie de la coller sur un punching-ball !

Geoffroy Didier « Quelques semaines après l'élection du nouveau président, la République exemplaire cède le pas à la mauvaise chronique people (...) Désormais, c'est “Dallas” à l'Élysée ! ». Le conseiller régional de l’UMP est un peu jeune pour avoir connu « Dallas ». On a du lui souffler la référence dans le trou de l’oreille. Je l’ai vu juste avant l’élection présidentielle dans une émission sur les religions où il était en face de Najat Vallaud-Belkacem. Très suffisant, coupant la parole. Beau gosse mais le sachant ce qui gâte tout. Trop tentant d’invoquer La Fontaine avec « Le renard et le buste » : « Belle tête, dit-il ; mais de cervelle point ».

Roger Karoutchi, sénateur UMP des Hauts-de-Seine qui n’en rate jamais une : « Où sommes-nous? Vaudeville ? Théâtre de boulevard ? Retour de la cour avec intrigues ? Que n'eut-on dit s'il s'était agi d'une première dame de droite qui était intervenue aussi directement dans les élections législatives, contre son président. Drôles de dames ? Non, la série américaine semble largement surclassée par Règlement de comptes à OK Corral. La présidence normale ? Ça promet... »

M’sieur Karoutchi, merci de ne pas nous prendre pour de parfaits cons. Certes, Carla Bruni a fini par déclarer qu’elle n’était plus de gauche avant de se dévouer entièrement à la cause politique de son mari. Continuer de régner à l’Elysée ne lui aurait point déplu. Mais pour ce qui est des intrigues de cour - et des COUAC ! COUAC ! Des démentis à répétition, des petites manœuvres politiciennes, l’Elysée au temps de Sarko valait bien - version celle du roi Pétaud - la cour de Louis XIV décrite par Saint-Simon. On aurait même cru y entendre murmurer « Sire, Marly ? » des courtisans quémandant une invitation dans la résidence royale de week-end (avant la lettre).

N’oubliez pas non plus que le 55 rue du Fg Saint-Honoré bruissa quelques temps d’une rumeur - dont je ne saurais rien dire sur la réalité des faits - sur les infidélités croisées du couple Sarkozy-Bruni. Et qu’à ce sujet furent mis en branle les services secrets afin d’en découvrir l’origine. Ce qui ne valait très certainement pas « La double inconstance » de Marivaux mais plus sûrement une médiocre comédie de Boulevard.

Marine Le Pen ne pouvait être en reste qui réagit sur Twitter : « Mme Trierweiler réglant ses comptes avec l'ex de son compagnon, accessoirement président de la République. Juste pitoyable... Ça promet... ».

Lu par ailleurs (Le Monde) que le twitt de Trierweiler suscite l’embarras à gauche et l’ironie de la droite (12 juin 2006). Je laisserais de côté les réactions des personnalités de gauche, sinon celle de Daniel Cohn-Bendit qu’il aurait donnée au Parisien « Je trouve indécent qu'elle prenne position dans cette affaire » (…) Royal est la mère des quatre enfants de Hollande. Que Valérie Trierweiler ne l'oublie pas, il faut avoir la décence, au moins, de ne pas égratigner celle qui est la mère des enfants de son compagnon ».

Ainsi que celle d’un conseiller de l’Elysée proprement estomaqué : « Je suis complètement scotché. (…) Je m'attendais à des crises gouvernementales, pas conjugales. C'est hallucinant ».

Encore Eric Ciotti, décidément en verve « Dimanche renvoyons les socialistes au théâtre plutôt qu'à l'Assemblée » écrit-il dans des messages successifs sur son compte Twitter. Il n’a rien d’autre à foutre ?

Dominique Bussereau, ancien ministre UMP et opposant de Ségolène Royal en Poitou-Charentes (il soutient Olivier Forlani) : « A ceux qui m'attaquent haineusement et souvent avec de courageux pseudos sur Twitter, une question : vont-ils agir de même avec Valérie Trierweiler ? ». Ils ne risquent pas de lui tresser une couronne de lauriers. Selon un tout récent sondage CSA Affaire du Tweet : Les Français jugent sévèrement Valérie Trierweiler (14 juin 2006) révélé par 20 minutes 48% des personnes interrogées désapprouvent cette initiative et 66% trouvent «injustifié» que la compagne du président de la République prenne des positions publiques dans la vie politique. 55 % des sympathisants socialistes désapprouvant son intervention dans la « bataille de La Rochelle. « Les sondés semblent très attachés à une séparation stricte entre les sphères publique et privée. Finalement, pour les Français, le statut de la compagne semble tout à fait clair », résume Jérôme Sainte-Marie, de l’institut CSA.

A part pour les personnes connues le pseudo est plutôt de règle sur les blogs et les réseaux sociaux. Pas forcément pour attaquer haineusement sans être reconnu. Encore faudrait-il d’ailleurs s’entendre sur la notion de haine. Même si j’ai la dent dure, je n’utilise un pseudo pour injurier personne mais afin que mon adresse courriel ne soit accessible qu’aux personnes que j’agrée. L’on peut d’ailleurs me contacter à partir du blog et comme par ailleurs je réponds très souvent aux commentaires par courriel (sauf ceux qui son haineux) ma véritable identité est connue par un certain nombre de mes lecteur/trices.

Encore Geoffroy Didier « Sur fond de règlement de compte personnel (...) au bout d'un mois, la présidence de François Hollande tourne déjà au vinaigre »… Ce qui doit certes le faire bander mais c'est largement outrancier.

Pour sa part, Christian Jacob y voit "une forme d'indé-cence" (Europe 1, le 13 juin 2012). Le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale arbitre des élégances ? Voilà qui ne manque pas de sel, lui qui s’est déchaîné à moult reprises contre les socialistes en général, les candidats aux primaires socialistes (dont surtout Dominique Strauss-Kahn avec un très fort relent d’antisémitisme) et ensuite François Hollande. Invité le mercredi 13 juin 2012 de l’émission « Expliquez vous » diffusée en partenariat avec -Télé, il a affirmé « Pour François Hollande qui avait tenté d'incarner ce qu'il avait défini lui-même comme la présidence normale, c'est l'explosion en plein vol. C'est quand même une certaine forme d'indécence. Il y a quelque chose de choquant, qui est reçu comme tel par les Français ».

Je ne comprends nullement ses arguties constitutionnelles quand il affirme « qu’il y a aussi un problème d'autorité politique. S'il y a par hasard, une majorité de gauche et que Ségolène Royal devient présidente de l'Assemblée nationale, il y aura un problème institutionnel, puisqu'elle devient 4e personnage de l'Etat ». Cela ne semble pas devoir être le cas mais il s’agit encore une fois à n’en point douter d’une autre version de leur gimmick du moment : ne pas donner tous les pouvoirs à la gauche car sauf leurs enfants il n’existe plus aucun lien entre Ségolène Royal et François Hollande… Je ne vois donc pas où se situerait le problème sur le plan juridique mais bien plutôt les gros sabots du paysan mal dégrossi qui ne semble guère féru en droit constitutionnel. Encore Marivaux : "Le paysan parvenu"

Il ajoute « Et puis, c'est quand même la première fois qu'on voit un Premier ministre porter un jugement de valeur sur le comportement de la compagne du président de la République. On n'avait jamais vu ça ». Sans doute mais François Fillon n’aurait jamais osé ! Ce n’est pas pour rien que ses collègues ministres l’avaient surnommé « Courage Fillon » en 2003...

La raison essentielle de l’intervention de Jean-Marc Ayrault me paraît être que François Hollande ne doit ni ne souhaite - en fait il refuse - intervenir sur ce sujet s’il ne veut pas donner à cet épisode lamentable un caractère encore plus privé voire intime. Signe des temps : Nicolas Sarkozy squeezait son premier ministre pour « communiquer » à sa place sur les décisions - grandes ou petites. François Hollande préfère garder de la hauteur. Il n’intervient que sur les questions internationales - traditionnellement « domaine réservé » du président de la République même si cela ne figure pas dans la Constitution - et sur les sujets régaliens, militaires jusqu’à présent. Remarquez au passage qu’il a convié Nicolas Sarkozy pour l’hommage rendu aux soldats victimes d’un attentat en Afghanistan.

Il est donc tout à fait normal - s’agissant d’un problème à la limite de l’institutionnel - que Jean-Marc Ayrault, second personnage de l’Etat et responsable de l’action politique du gouvernement, fixât des limites à la communication de Valérie Trierweiler qui doit garder "un rôle discret" (Europe 1, le 13 juin 2012) chacun devant être « à sa place ».

Espérons qu’il sera entendu par l’intéressée… Ce n’est pas pour rien qu’elle avouait encore récemment que François me fait totalement confiance sauf sur mes tweets !" (Le Lab, Europe 1, le 24 avr. 2012. Sa com’ ne doit pas devenir une arme de destruction massive.


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