Le Sahel est devenu une véritable poudrière : trafic d’armes et de drogue, rebellions armées, repères de groupes terroristes, prises d’otages, réfugiés et mutinerie politique. Le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) est de plus en plus populaires chez les touaregs, également appuyé par le mouvement islamiste des combattants d’Aqmi (Al-Qaida au Maghreb Islamique). En réalité, les raisons de cette revendication touareg ne sont que très peu liées à la chute du Colonel Kadhafi, l’organisation Aqmi ou encore les trafics quelconques. Ces éléments sont en revanches les facteurs nouveaux d’une lutte déjà très ancienne.
Le milieu des années 1970 marqué par d’importantes sécheresses et de souffrances, les peuples touaregs vont se réfugier en Algérie, Lybie, Mauritanie, Burkina Faso et au Niger. Ensuite, la grande rébellion touareg s’intensifie au début des années 1990 avec des actions armées puissantes au Mali. Sous l’égide de l’Algérie, le Pacte National de 1992 est signé en guide de paix. Plus tard en 2006, un nouveau groupe armé, l’Alliance Démocratique du 23 mai 2006 pour le Changement (ADC), lance des attaques terroristes au nord du Mali. Après des nouvelles exactions, l’Algérie intervient de nouveau et conclu ce qui deviendra l’Accord d’Alger, un accord de paix qui reprend les grands principes inappliqués du Pacte National.
Ibrahim Ag Bahanga, vétéran de la rébellion de 1990, va devenir le leader de l’Alliance Touareg du Nord Mali pour le Changement (ATNMC) qu’il créera an 2007. Après deux années de terreur il sera battu et chassé du territoire malien après le démentiellement de son organisation. Réfugié en Lybie sous la protection du Colonel Kadhafi et désabusé par sa défaite il murira un plan d’action dans le but de continuer sa révolution. Ag Bahanga a utilisé son temps en Libye pour concevoir et exécuter un plan stratégique destiné à octroyer au mouvement touareg une capacité militaire supérieure à celle de l’armée malienne.
Beaucoup de ces rebelles réfugiés sont devenus officiers supérieurs de l’armée libyenne. Dès les premiers affrontements remettant en question la dictature de Kadhafi, Ag Bahanga et plusieurs de ses alliés ont convaincu les officiers touaregs qui quitter Benghazi et de rentrer au Mali avec autant d’armes que possible. Les déserteurs touaregs se sont rendus en convoi vers le sud-ouest avec d’importants stocks d’armes et de munitions. Pendant le conflit Ibrahim Ag Bahanga est tué dans un accident de voiture, non loin de sa base de Tin Assalak.
L’alliance entre les combattants touaregs et le régime Kadhafi n’était solide que lorsque leurs intérêts se rencontraient. La lutte s’est poursuivie après la mort d’Ag Bahanga et tous les leaders s’unissent dans un but commun.
Le contexte géopolitique africain montre que l’indépendance du Sud Soudan et de l’Erythrée est un exemple « d’erreurs commises au moment de la décolonisation, réparées depuis, et de preuves que l’idée d’un Azawad indépendant n’était pas un rêve inaccessible » (lire L’article WhoTheFuckAreYou Histoire de brut[es]). Ecrit par Ahmeyede Ag Ilkamassene, un essai révélateur intitulé Azawad, c’est maintenant ou jamais a été publié sur le site Internet Toumast Press. Il y explique des le rang des nations dominantes depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale était en pleine mutation et que les nouveau pays émergents comme le Brésil, la Chine, l’Inde ou la Russie sont plus enclins à l’idée d’une remise en cause de la géographie postcoloniale africaine.
Dans cette zone de fragilité sahélienne, les instances internationales et locales doivent agir au plus vite. Un nouveau conflit armé de cette envergure au cœur d’un processus de transition politique pourrait causer le péril de l’Afrique.
Pour aller plus loin :
Toumast Press – Agence d’information